Publié le 20 Oct 2017 - 11:44
LITTERATURE – ‘’LA REVOLTE DES INFORTUNES’’

Entre les braises d’une révolution et le feu de l’amour

 

Le nouvel ouvrage d’Ameth Guissé est disponible en librairie, depuis quelques semaines. Le lauréat 2016 du prix Cheikh Hamidou Kâne de la littérature avec les éditions L’Harmatan Sénégal, a mis sur le marché ‘’La révolte des infortunés’’. Il est un roman de 144 pages narrant la révolte du peuple de ‘’Monpayis’’ et l’amour entre deux personnages iconoclastes.

 

‘’Partir à la rencontre d’Ameth Guissé, c’est se réveiller à ‘’Une mort magnifique’’, rendre grâce aux ‘’Femmes dévouées, femmes aimantes’’, se lier d’amitié au ‘’42, rue Augustin Moreau’’. Autant de livres qui, à travers les notions d’amitié, d’égalité, de justice, de plaisir et surtout d’amour décrivent ‘’l’éthique à la Ameth’’, qui trouve toute sa cohérence dans ‘’La révolte des infortunés ’’, écrit l’économiste et poète Cheikh Oumar Dia dans la postface du dernier roman d’Ameth Guissé. Il n’a que trop raison, M. Dia. ‘’La révolte des infortunés’’, titre du roman en question édité par L’Harmatan Sénégal, magnifie les relations amicales. Ici, elles sont incarnées par les liens qui unissent Imam Dave, religieux assez particulier, à Saly, une belle de nuit, ainsi que Sakhéwar, Madické et Jean Fara qui semblent être les ‘’têtes pensantes’’ du mouvement avant-gardiste. Ayant des allures de Y en a marre, il est né de manière assez inattendue. On y compte des rappeurs, des religieux, des ‘’tacherons’’, etc.

Tous se sont unis, ici, pour exiger la distribution équitable de l’électricité dans leur pays dénommé Monpayis. Cette égalité qu’évoque l’auteur de la postface semble chère à l’auteur. Il est convaincu et le démontre dans ses écrits que la fourniture d’électricité peut se faire correctement, si les dirigeants se souciaient de traiter les peuples à égale dignité. Mais ce sont ceux-là qui utilisent des matériels électroménagers qui consomment beaucoup d’énergie qui en reçoivent quotidiennement et sans coupure, alors que le bas peuple, pour qui cette électricité est un moyen de travail, en est privé. La révolte de ces infortunés démontre que tout ici n’est que question de volonté politique et non pas de manque d’infrastructures, comme on le faisait croire aux Monpayisois. Laquelle révolte poussera les autorités à être ‘’justes’’. Cette justice à laquelle tient l’auteur.

Seulement, ce n’est jamais facile de se battre contre un Etat. Les gouvernants sont souvent forts pour casser les mouvements contestataires. Souvent, ils passent par les religieux pour étouffer la colère des peuples ou s’attaquer au leader du mouvement pour anéantir le groupe. Dans ‘’La révolte des infortunés’’, c’est Jean Fara qui est la ‘’victime’’. Le jour de la révolution, c’est lui qui est désigné porte-parole des révoltés. Comprenant qu’après l’électricité, Jean Fara et ses amis pourraient exiger d’autres choses, ce dernier est kidnappé. Après une enquête, les autorités ont découvert que le leader des ‘’avant-gardistes’’ est affilié à un mouvement dénommé ‘’Réveil’’ et qui regroupe des expatriés du continent. Ils ne veulent qu’une chose : que les choses changent dans leurs différents pays. Ils ne sont pas intéressés par des postes, mais veulent un changement tout de même. La double nationalité du bonhomme l’aidera. D’une prison lointaine après de multiples tortures, il est renvoyé à Navarre, sa deuxième nation.

Le personnage de Jean Fara interpelle plus d’un. Il est issu d’une famille aisée, n’a presque pas d’attache à Monpayis, fin intellectuel, il a tout et n’est, si cela se trouve, même pas concerné par les coupures d’électricité. Malgré tout, il est aux premiers rangs, lors des protestations. Et si ce n’était que cela. Ce garçon de ‘’bonne famille’’ est éperdument amoureux de Saly, la prostituée. Un amour qui rythmera le récit d’Ameth Guissé. Un amour très musical, comme le reste du livre, d’ailleurs. En sus du piano qui berce le lecteur à divers moments, les paroles de Daara Ji Family étayent quelques propos de l’auteur. Ce qui donne une dimension particulière à ce roman écrit avec beaucoup de poésie et de romance. Sinon que viendrait faire ici cette lettre de Jean Fara à Saly, après son kidnapping ? Au XXIe siècle, qui écrit encore des lettres ? Il faut être un romantique comme Ameth Guissé pour, ne serait-ce, que le penser. Heureusement qu’il n’a pas pensé que Jean Fara pourrait envoyer une lettre parfumée, comme les héros de Barbara Cartland.

Enfin, ‘’cette œuvre est un manifeste. Cette œuvre est un roman d’amour. Cette œuvre est un hymne à l’amitié’’, comme le décrit Cheikh Oumar Dia.   

BIGUE BOB

 

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