Explosion de couleurs au Monument de la Renaissance
Le Monument de la Renaissance africaine reçoit une exposition de tapisserie des Manufactures des arts décoratifs de Thiès, depuis vendredi dernier. Elle prendra fin au début du mois de décembre. EnQuête y a fait un tour.
‘’L’art de la tapisserie consiste à ‘’reproduire’’, par le tissage, un projet esthétique visuel que représente une maquette de l’artiste peintre de dimensions variables. Un projet peut être enrichi grâce aux propriétés physiques spécifiques de matières qui peuvent être diverses’’. Le visiteur de l’exposition de quelques tapisseries présentées par les manufactures des arts décoratifs de Thiès (MSAD) ne peut pas manquer cette définition qui occupe un grand kakémono suspendu au mur du Monument de la Renaissance. Elle est visible. Une belle série. Le visiteur a droit à des créations de différentes ‘’écoles’’ de cette institution pensée par Senghor, à l’aube des indépendances africaines.
Ainsi, les cimaises de la salle d’exposition du Monument de la Renaissance reçoivent des œuvres du grand maître Papa Ibra Tall, de Kalidou Kassé, de Tamsir Guèye, de Saliou Diouf, de Mamadou Gaye etc. Les tapisseries proposées sont aussi variées que la liste d’artistes, même si elles valsent toutes entre l’abstrait et le figuratif et partagent presque toutes l’utilisation de couleurs vives. Fidèle à ses couleurs terre et ses personnages filiformes, Kalidou Kassé, qui propose ici ‘’Jombajo’’, danse entre l’orange et le marron qui sont auréolés d’un jaune assez discret. Il est visible sur les perles de la mariée et le talisman du marié. A côté, trône le ‘’Couple royal’’ de Papa Ibra Tall. Une peinture qui date de 1965 et qui respire le style ‘’senghorien’’.
Les motifs bien travaillés ressemblent à un plumage et sont assez impressionnants, même si les couleurs utilisées sont assez ternes. Elles contrastent tout de même bien avec les couleurs vives utilisées par Khalifa Guèye qui laissent imaginer une certaine chaleur de l’histoire qu’il raconte. ‘’Sur la place du village’’ est une représentation de l’ambiance qui prévaut dans les patelins après le déjeuner. Ce doit être de l’époque royale. Les musiciens y sont présents et assurent l’animation du milieu, avec leurs visages radieux qui ressemblent bien à celui de la ‘’Princesse solaire’’ de Saliou Diouf. Son regard est plus précis que celui de ‘’La Potière’’ de Tamsir Guèye. Différentes formes sont visibles dans cette tapisserie dont des instruments musicaux. L’œuvre paraît assez complexe et semble avoir été conçue difficilement.
La nature a sa part de représentativité dans cette exposition, avec une tapisserie de Mamadou Gaye ‘’Les oiseaux bleus’’. Quatre moineaux y sont superbement dessinés sur un bleu aveuglant et rafraîchissant en même temps. Une sensation qu’accentue la verdure que propose Seny Diop dans ‘’La forêt’’. Ces tableaux aèrent l’espace et donnent une certaine allure à l’exposition en général qui regroupe ‘’Etude d’artiste’’ comme la création de Souley Keita. Un rythme tout de même que casse l’austérité que dégage ‘’A ma mort’’ de Badara Camara. Entre un bleu et un gris, cet artiste propose des scènes assez glaçantes qu’aggrave ‘’God of Iron’’ de James Adedayo. Avec ses trois têtes, ce dieu en fer fait peur.
Par ailleurs, il n’y a pas que des tapisseries faites en laine pure qui sont exposées ici. Il y a des accessoires en batik dont des sacs à main, des chaussures etc. Il y a des habits également pour homme et femme qui y sont en vente. La céramique n’est pas en reste avec de jolies poteries qui rappellent le relief de Thiès, cette région où est logée l’institution, les Manufactures des arts décoratifs de Thiès.
BIGUE BOB