Publié le 20 Dec 2017 - 22:07
PRIX DU CHEF DE L’ETAT POUR LES ARTS ET LES LETTRES

Les dames à l’honneur

 

Hier, les artistes ont été célébrés, à l’occasion de la cérémonie de remise du Grand Prix du chef de l’Etat pour les Arts et les Lettres. Sur les cinq lauréats distingués, trois sont des femmes.

 

‘’Le succès, ce n’est pas la somme d’argent que vous gagnez, c’est la différence que vous faites dans la vie des gens’’, disait l’ancienne première dame des Usa Michelle Obama. Qui mieux que les artistes pour s’approprier cette assertion, eux qui disent souvent qu’au Sénégal, l’art ne nourrit pas son homme. Eux qui éduquent et conscientisent, comme l’a rappelé hier l’artiste et ancien directeur des Arts Alioune Badiane, mais qui n’ont pas, pour la plupart, des comptes en banque pleins à craquer. Ils ont été célébrés par la République, hier, au Grand-Théâtre où se tenait la cérémonie de remise du Grand Prix du chef de l’Etat pour les Arts et les Lettres.

Pour le dernier cité, deux dames ont reçu les palmes. Ainsi, le nouveau Grand Prix du chef de l’Etat pour les Lettres est Rahmatou Seck Samb choisie grâce à son ouvrage mis en librairie par Abis Editions, ‘’Fergo, tu traceras ta route’’. Et le Prix d’encouragement est allé à Andrée Marie Diagne Bonané pour son livre ‘’La fileuse d’amour’’, édité par L’Harmattan Sénégal. Le président de ce jury, Alioune Badara Diané, a trouvé des ressemblances dans la manière d’écrire de ces deux illustres dames. Elles maitrisent les stratégies de discours et les techniques de narration, et savent comment bien rendre les choses sans verser dans la facilité, ni dans un style pompeux.

3Elles savent, toutes les deux, comment faire aimer leurs personnages à leurs lecteurs. Pour Mme Samb, par exemple, ‘’entre l’alpha et l’oméga, elle fonde un univers linguistique charmant et poétique…’’, a souligné M. Diané. L’ouvrage, qui a valu à Andrée Marie Diagne son prix, contrairement à celui de Rahmatou Samb, n’est pas un roman, mais un recueil de nouvelles. Pour le Pr. Diané, ‘’le recueil est une leçon d’écriture. Le premier devoir de l’écrivain envers la société est de bien recueillir. Car la beauté sauvera le monde…’’.

L’autre dame sacrée hier au Grand-Théâtre est la jeune et non moins talentueuse guitariste et chanteuse Maréma Fall. Elle s’est adjugé le Prix d’encouragement de la catégorie Arts. ‘’Fruit d’un métissage culturel extraordinaire, Maréma Fall est un arbre magnifique sur les branches duquel tend l’esprit de la diversité des sonorités musicales sénégalaises et africaines. Le registre qu’elle a fait éclore a été l’osmose d’un apprentissage patient et de la formation opiniâtre’’, a dit sur un ton fier le président du jury Arts Jean-Pierre Leurs. Propos que confirme Baaba Maal qui se dit rassuré en voyant des chanteurs comme Maréma. ‘’Talent indéniable plus que prometteur’’, l’auteure de ‘’Femme d’affaire’’ ne fait presque qu’accumuler les distinctions depuis 2014, l’année au cours de laquelle elle a remporté le Prix Découvertes Rfi. Elle a, par la suite, reçu le Prix du jury du Salon international de la musique africaine (Sima).

Pour la catégorie Arts dont le jury était présidé par le metteur en scène Jean-Pierre Leurs, par ailleurs ancien Grand Prix du chef de l’Etat pour les Arts, le choix a été porté sur deux éminents hommes de culture, de véritables ambassadeurs du Sénégal. Sur toutes les scènes imaginables et les plus grands festivals, Baaba Maal a représenté le Sénégal. Il est un ‘’artiste accompli’’, comme l’a dit Jean-Pierre Leurs. Car, a écrit le Pr. Ibrahima Wane, ‘’chanteur, instrumentiste et danseur de talent, il est sous les feux des projecteurs depuis 40 ans’’. Sa carrière est riche d’une cinquantaine de productions grâce auxquelles il a sublimé le chant et la culture pulaar, avec d’abord ‘’Yelitaare Futa’’ (Ndlr : la renaissance du Fouta), ensuite avec Dande Lenol (la voix du Fouta). Son ascension, au plan international, a sans nul doute commencé avec la signature d’un contrat à Island Records dirigée alors par Chris Blackwell, ancien producteur de feu Bob Marley.

En outre, le premier Etalon d’or de Yennenga du Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) en documentaire, on le doit à Ousmane William Mbaye. ‘’Il est un documentariste hors pair, un portraitiste de la mémoire’’, a déclaré M. Leurs citant la brillante journaliste et présidente de l’Association sénégalaise des critiques de cinéma (Ascc) Fatou Kiné Sène. En sus de cela, il faudrait dire que ‘’Willy’’, comme l’appellent ses amis, est l’un des réalisateurs sénégalais les plus prolifiques.

Ainsi, Baaba Maal et Ousmane William Mbaye sont, depuis hier, consacrés Grand Prix du chef de l’Etat pour les Arts. Chacun des lauréats a eu droit à un trophée et de l’argent. Les trois grands prix devaient recevoir chacun une enveloppe de dix millions avant que le président Macky Sall, venu présider la cérémonie, ne décide d’augmenter cette allocation. ‘’J’instruis le ministre de la Culture à doubler la mise du Grand Prix avec une application pour la présente édition. Je vous accompagnerai pour cela’’, a-t-il promis.

Ainsi, Baaba Maal, Ousmane William Mbaye et Rahmatou Seck Samb recevront, chacun, 20 millions de francs Cfa, tandis que Mme Diagne et Maréma Fall, qui devaient percevoir initialement chacune 2 millions, en encaisseront désormais 4. Cette hausse renforcera le prestige de cette distinction. 

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