24 Bissau-Guinéens réclament plus de 10 millions à un Français
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Un ressortissant français a été attrait, hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, pour escroquerie au visa. Le prévenu, Jean-Marie Thomas Serbone, accusé d’avoir grugé 24 personnes à hauteur de 10 millions de francs Cfa, encourt une peine de 6 mois ainsi que le paiement de dommages et intérêts d’un montant de 20,8 millions.
Pauline Luwa et ses 23 compatriotes bissau-guinéens rêvaient tous d’émigrer entre l’Europe et l’Asie. Lorsque ces commerçants et étudiants, candidats à l’émigration, ont fait la connaissance de Jean-Marie Thomas Serbone, ils ont pensé que c’était une aubaine pour eux. Mais ils ont fini par déchanter. Car leur convoyeur est plutôt un chômeur qui cherchait à battre monnaie. Il résulte des déclarations de Pauline Luwa, représentante des parties civiles, que le ressortissant français s’était engagé à convoyer certains d'entre eux en Corée, en Belgique et en Italie, moyennant des sommes variant entre 1 000 et 2 000 dollars.
Ainsi, les candidats avaient versé à leur convoyeur la somme 10 000 dollars. Un autre montant de 8 000 dollars a été remis à son père. En contrepartie, ils ont reçu des documents censés leur faciliter l’obtention du visa. Il s’agit d’invitations de travail, d’attestations de billets et celles de permis de travail au nom de la société African Diamond.
Seulement, il s’est trouvé que tous ces documents sont faux, surtout que la société est en faillite. Mieux, ou pis, ceux qui pensaient avoir déjà leur quitus d’entrée en Corée ont déchanté.
Il résulte des débats d’audience que le prévenu a scanné un visa de la Corée à partir d’Internet. Il a ensuite effacé le nom du propriétaire pour inscrire celui de ses clients. C’est après avoir fait l’objet de refus que les victimes présumées ont découvert toute la supercherie.
Le prévenu accuse son père
Devant les juges du flagrant délit, J.-M. Th. Serbone s’est défaussé sur son père qui, accuse-t-il, ‘’lui a demandé de délivrer aux victimes des documents de l’entreprise. A l’en croire, son papa l’a sollicité, parce qu’il n’a pas de connaissance en informatique. Toutefois, confesse le prévenu, ‘’je reconnais avoir fait les attestations de billets, les permis de travail et les invitations’’. Il s’empresse d’ajouter n’avoir pas reçu d'argent de la part de quelqu’un.
Ses dénégations n’ont pas convaincu l'avocat de la partie civile. Me Nohine Mbodj estime que les faits sont avérés et réclame la somme globale de 20 millions 800 mille au titre de dommages et intérêts.
Le parquet est également convaincu de l’existence d’une escroquerie. Il en veut pour preuve les aveux du prévenu qui a reconnu, à l'enquête, avoir dressé des contrats de vente et des ordres de mission. ‘’Il a aussi déposé des dossiers pour des voyages en Belgique. Les victimes avaient des papiers pour partir travailler dans la société de son père qui est en Europe. Or, l’entreprise est en Guinée’’, a relevé le maître des poursuites. Il a également laissé entendre que le faux et usage de faux est établi. Pour la répression, il a requis 6 mois ferme.
Me Moïse Ndionne a demandé que son client soit libéré, parce que le tribunal est incompétent, du fait que l'escroquerie présumée s'est déroulée en Guinée. Un argumentaire contraire à celui du ministère public qui juge que les juridictions sénégalaises sont bel et bien compétentes, puisque ‘’les manœuvres et les dépôts ont été effectués à Dakar’’. S’agissant des faits, l’avocat a accusé l’une des victimes d’avoir donné deux versions, en déclarant que la Belgique a une ambassade en Guinée. Le conseil a souligné que le contrat avec la société African Diamond n'est pas un faux. Mieux, il estime que son client est plutôt victime, car l’incarcération lui a causé un préjudice et qu’il n’y a pas de preuve.
Le délibéré sera rendu demain.
FATOU SY