Publié le 2 Feb 2019 - 01:38
SEDHIOU- VOL DE BETAIL

Les éleveurs veulent prendre les armes

 

La tension est vive à la frontière entre le Sénégal et la Guinée-Bissau où des bandes de voleurs bien organisées et armées écument les troupeaux. Dans la commune de Niagha, région de Sédhiou, les éleveurs veulent prendre les armes pour protéger leurs biens. Ils accusent l’Etat sénégalais de laisser faire et les autorités bissau-guinéennes d’être de connivence avec ces bandes.

 

La région de Sédhiou, en particulier la commune de Niagha, est très vulnérable au vol de bétail. Au cours de ces deux dernières années, 201 bœufs et 102 petits ruminants ont été volés, sous le regard impuissant de leurs propriétaires. Les voleurs sévissent le long de la frontière avec la Guinée-Bissau. Dans la nuit du samedi 19 au dimanche 20 janvier, ils ont fait irruption au village de Wessakho Niakho pour s’en prendre au troupeau de Mama Samba Diamanka, chef du village et ancien président de la Communauté rurale de Niagha. Ils ont réussi à disparaître avec 4 bœufs, malgré les recherches des jeunes du village.

‘’Nous avons suivi les traces des bottes jusqu’en Guinée-Bissau. Mais nous n’avons pu retrouver aucune bête dans ces villages environnants’’, explique la victime. Le président du Conseil communal de la jeunesse de la commune de Niagha, Yoba Mballo, d’avouer leur dénuement et leur désarroi face à un phénomène qui hante leur sommeil. ‘’Des poursuites et des recherches sont toujours menées, mais les propriétaires des vaches volées sont exposés sans cesse à des attaques et des fusillades de la part des voleurs armés jusqu’aux dents’’, explique-t-il. Il ajoute : ‘’Certains éleveurs arrivent à identifier leurs vaches volées dans le territoire bissau-guinéen. Par contre, ils rencontrent toutes les difficultés du monde pour les récupérer.’’

Yoba Mballo renseigne qu’il arrive qu’on demande aux éleveurs de verser des sommes exorbitantes pour rentrer en possession de leurs bœufs retrouvés. S’il leur arrive de verser de l’argent, ‘’alors, ils perdent non seulement leurs vaches, mais également la somme donnée. C’est pourquoi nous interpelons les autorités sénégalaises à prendre à bras le corps cette problématique pour nous accompagner à lutter farouchement contre le vol de bétail. Mais également aider les éleveurs dans la recherche de leurs vaches volées et conduites en Guinée-Bissau’’.

Un réseau composé de Sénégalais et de Bissau-Guinéens

L’édile de ladite localité, Yoro Mballo, d’emboucher la même trompette : ‘’Nous sommes très remontés contre ces malfrats qui continuent de piller notre bétail sans être inquiétés. Au lieu de travailler et de gagner leur vie à la sueur de leur front, ils préfèrent faire du vol de bétail leur sport favori’’. Selon le maire, ces malfrats ont mis en place un réseau bien organisé le long de la frontière. Ainsi, les voleurs installés au Sénégal volent et conduisent le bétail à la frontière où leurs acolytes de la Guinée-Bissau prennent le relais pour entrer avec les bœufs sur le territoire voisin.

Devant l’ampleur du phénomène, les propriétaires des troupeaux de ladite localité envisagent de déposer des demandes de port d’armes auprès des autorités compétentes. ‘’La pluie n’est plus au rendez-vous, ces dernières années. La production agricole est en baisse. Conséquences : manger à sa faim, soigner les membres de nos familles, acheter leurs habits, les soigner sont devenus un véritable casse-tête pour nous cultivateurs. C’est pourquoi, aujourd’hui, notre seul espoir repose sur le bétail. Et si ce bétail est également volé, qu’allons-nous devenir ?’’, s’interroge Amadou Baldé, habitant le village de Sinthiang Téning.

Djiby Seydi d’ajouter : ‘’Chacun se protégera et protégera son troupeau. Parce que nous n’allons pas permettre aux voleurs venir nous piller et repartir sans être inquiétés. Désormais, nous trouverons des solutions, quitte à ce que le sang soit versé. L’Etat sera responsable de ce qui arrivera un jour. Car, il est bel et bien au courant de tout ce qui se passe dans son pays, grâce aux renseignements généraux et les hommes de tenue. Donc, nous aurons nos armes pour nous défendre contre nos ennemis. Nous savons où les trouver.’’

Les autorités compétentes invitées à trouver une solution

Pour éviter l’irréparable entre le Sénégal et la Guinée-Bissau, le maire de la commune de Niagha, Yoro Mballo, invite les autorités compétentes des deux pays à trouver une solution à ce fléau. En termes clairs, ce phénomène risque de déclencher un conflit entre les populations de la commune de Niagha et celles de la Guinée-Bissau. ‘’Nous ne pouvons plus accepter que les voleurs bien armés viennent prendre nos bétails et retourner en Guinée-Bissau et que les victimes ne puissent pas les poursuivre, ni réclamer leurs bœufs une fois retrouvés’’. L’édile est d’autant plus outré que l’Etat bissau-guinéen leur demande d’aller auprès des autorités compétentes pour payer une amende afin de pouvoir récupérer leurs bétails volés. ‘’C’est regrettable !’’, fulmine Yoro Mballo.

Fort de ce constat, le premier magistrat de la ville de Niagha demande aux autorités du Sénégal et de la Guinée-Bissau d’organiser un dialogue transfrontalier pour sensibiliser les populations des deux pays. ‘’Car trop, c’est trop. Nous sommes dos au mur. Et, désormais, nous n’allons pas accepter que des personnes malintentionnées viennent piller nos bétails’’, avertit-il.

EMMANUEL BOUBA YANGA

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