Publié le 4 Mar 2019 - 15:29
MALGRE SON RALLIEMENT AU CAMP PRESIDENTIEL

Aïssata Tall Sall maintient ses ambitions

 

Législatives anticipées, troisième mandat impossible pour Macky Sall, candidature en 2024... Aïssata Tall Sall a certes rejoint le camp présidentiel, mais sa liberté sur ces questions montre que le compagnonnage avec Bby ne devrait pas être un long fleuve tranquille.  

 

Son ralliement à la coalition de partis au pouvoir, Benno Bokk Yaakaar (Bby), avait littéralement provoqué le courroux d’une grande partie de l’opinion, l’accusant d’avoir délaissée et affaiblie une opposition au profit d’un président sortant déjà bien assis. Aïssata Tall Sall, qui est du côté des vainqueurs du scrutin depuis dimanche 24 février 2019, a opéré un ‘‘shift’’, en se posant comme une ‘‘opposante’’ à l’intérieur de la majorité et en pointant le curseur sur des thèmes chers à l’opposition. La leader du mouvement Osez l’avenir était manifestement dans la logique de récupération de sympathie perdue, hier, dans le studio de la Rfm pour l’émission hebdomadaire ‘‘Grand Jury’’.

Le premier argument qui pourrait y contribuer - et pourrait lui valoir de fortes inimitiés dans son désormais nouveau camp, est incontestablement l’organisation anticipée de législatives qui seraient accouplées aux prochaines élections locales prévues en décembre 2019. La mairesse de Podor n’a pas évoqué l’impopularité de cette 13e législature, mais plutôt un problème de rationalisation. ‘‘J’ai le souci qu’on ajuste le calendrier électoral. Depuis 5 ans, on est sur un rythme soutenu de campagnes. Et on ne va jamais s’en sortir. J’ai bien envie qu’on remette tous les compteurs à zéro. Et que, tous les 5 ans, on fasse des élections générales’’, s’est-elle déclarée favorable. ‘‘Avec ce procédé, nous sommes sûrs d’attendre 5 ans pour pouvoir tenir des élections. Ce qui permettra de reposer les Sénégalais et les hommes politiques, tout en rationalisant le calendrier électoral’’.

Un espacement des scrutins qui n’a pas été le seul argument de l’édile pour affirmer son ancrage sur ses principes, malgré sa transhumance. L’esquisse de débat sur une troisième candidature de Macky Sall a été l’occasion, pour elle, également, de prendre le contrepied de ceux qui agitent cette éventualité. Pour Me Sall, c’est tellement évident que Macky II est le dernier mandat du président de l’Apr qu’elle le défend avec fermeté. ‘‘Je me demande quand les Sénégalais vont s’arrêter de poser des débats nocifs (…) Ce mandat de 5 ans est le dernier pour Macky Sall. La Constitution est claire. Je ne vois pas pourquoi les Sénégalais agitent ce débat, sauf à poser de faux problèmes’’, s’est-elle presque offusquée.

Dernier point d’un compagnonnage qui ne s’annonce pas facile : le fauteuil présidentiel qui est toujours dans la ligne de mire de l’édile de Podor. L’ancienne porte-parole des verts, exclue des rangs du Parti socialiste en décembre 2017, n’a pas encore renoncé à cette ambition pour laquelle le test des parrainages l’a laissée sur le carreau. ‘‘Je vais me présenter à la Présidentielle de 2024. Je n’abandonnerai pas mon combat. Si je suis dans les conditions de me présenter, je le ferai. Je le fais pour trois raisons : d'abord, personnellement. Ensuite, je pense que les femmes doivent assumer une responsabilité présidentielle, car les femmes participent à l'équilibre de la société. Et je pense que les femmes le feront mieux’’, s’est-elle défendue au micro de Babacar Fall.  

Me Tall Sall réitère ses justifications

Moquée sur les réseaux sociaux et sévèrement critiquée par la classe politique à l’annonce de son soutien à la coalition Bby, la leader d’Osez l’avenir s’est expliquée une énième fois sur les tribulations de sa migration politique, en évoquant la cohérence. ‘‘Je suis d’accord pour écouter tout le monde et surtout d'accord pour écouter ceux qui ne sont pas d'accord avec moi. La cohérence m’interpelle. Ceux qui ont invectivé, c’est de l'intolérance. Je n'ai jamais été pour la ‘tabula rasa’. Le fait de soutenir Macky Sall n'avait rien de contradictoire. Une fois que le Conseil constitutionnel m’a recalée, a recalé Khalifa Sall, il me restait à choisir un candidat parmi les 5. Je ne suis dans aucune incohérence. Vous pensez que je n'étais pas consciente qu’en allant soutenir le président Macky Sall, je n'allais pas essuyer des critiques ? J’en étais consciente (...) On n’a pas quitté le Parti socialiste. Le parti nous a exclus. Ce qui nous oppose, c'est qu'ils disent que le parti n’a pas de candidat. Nous avons été candidat jusqu’au bout’’, a dit Mme Sall qui assure que les termes de son accord avec Macky Sall, c’est le Sénégal.

‘‘Que les gens le croient, c’est ça. Qu'ils ne le croient pas, je suis désolée pour eux !’’.

OUSMANE LAYE DIOP (AVEC RFM)

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