Débouté par la Cedeao, Karim Wade se tourne vers l’Onu
Karim Wade n’a pas obtenu gain de cause devant la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest. Le fils de l’ex-Président Wade avait saisi la juridiction communautaire, suite au rejet de sa candidature par le Conseil constitutionnel. La Cour l’a débouté de toutes ses demandes, car jugées non fondées. Le candidat investi du Parti démocratique sénégalais (Pds) lors de la Présidentielle du 24 février 2019 avait demandé à la Cour d’ordonner à l’Etat du Sénégal de rétablir son nom sur les listes électorales et de lui délivrer une carte d’électeur. Il voulait également être éligible et que la Cedeao dise que le code électoral du Sénégal, tel que modifié en son article L57, est une violation du droit de libre participation aux élections.
Cependant Karim Wade ne veut pas s’avouer vaincu et, selon ses avocats, ‘’il est déterminé à lutter contre l’arbitraire et l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques.’’ A cet effet, il a saisi ‘’immédiatement’’ le Comité des droits de l’homme des Nations Unies ‘’pour faire rétablir son droit fondamental de participer librement à la direction des affaires publiques de son pays’’. Le choix de l’Onu s’explique, d’après les conseils, par le fait que le Comité des droits de l’homme des Nations Unies avait jugé que la condamnation prononcée par la Crei contre Karim Wade avait violé le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui s’impose au Sénégal.
‘’Notre décision de poursuivre la bataille juridique n’est pas en elle-même, une attaque à l’endroit de la prestigieuse Cour de justice de la Cedeao’’, justifie Me Ciré Clédor Ly. Mais, poursuit-il, ‘’elle permettra à l’organe chargé par les Nations unies de veiller, de surveiller et de contrôler l’application du pacte, de clarifier et de dire : s’il est équitable et juste, de priver une personne d’un droit et d’un devoir aussi sacré que celui de choisir celui qui doit présider aux destinées d’une nation (…)’’
‘’La Cour n’a pas statué avant le premier tour de l’élection’’
Toujours est-il que le collectif des avocats de Karim est en rogne contre cette décision. ‘’Cet arrêt est en contradiction flagrante avec les décisions de justice internationale qui ont déjà condamné les atteintes portées aux droits fondamentaux de Karim Wade par l’État du Sénégal’’, dénonce-t-il dans le communiqué. Il fustige aussi le fait qu’elle soit rendue après la Présidentielle. ‘’Bien qu’ayant été saisie dès le mois de novembre 2018 par une procédure d’urgence, la Cour n’a pas statué avant le premier tour de l’élection, ce qui prive de tout objet l’arrêt qu’elle vient de rendre’’, se désolent les avocats.
A contrario, les conseils de l’Etat se réjouissent de l’arrêt. ‘’Cette décision, tout comme celle qui a été rendue le 21 février 2019 par la même juridiction dans l’affaire Etat du Sénégal contre Khalifa Ababacar Sall, constituent d’excellentes décisions qui consacrent la victoire du droit sur les accusations sans fondement contre la Justice sénégalaise‘’, saluent-ils. Ils ajoutent qu’à ce titre, ‘’de telles décisions sont à saluer et témoignent de l’Etat de droit de notre pays.’’