Publié le 12 Apr 2019 - 01:59
JUGE POUR TERRORISME

Imam Dianko acquitté, après six ans de détention préventive 

 

L’imam Boubacar Dianko a recouvré la liberté, hier, après six ans de détention préventive. La chambre criminelle spéciale du tribunal de grande instance (Tgi) de Dakar l’a acquitté des crimes de terrorisme dont il était accusé.

 

Blanc comme neige et libre comme l’air. L’imam Boubacar Dianko l’est, depuis hier, alors que le parquet avait demandé qu’il soit condamné aux travaux forcés à la perpétuité. Il était en prison depuis février 2013, car soupçonné d’avoir des connexions avec le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) à Gao, en particulier avec son leader Hamada Ould Mohamed El Kheiri. Mais, après avoir statué, les juges ont estimé ‘’qu’il y a de sérieux doutes quant à son affiliation à ce mouvement terroriste né d’une scission d’Al Qaida au Maghreb islamique, fin 2011’’. Par conséquent, l’association de malfaiteurs en relation avec des réseaux terroristes n’est pas établie ainsi que les autres préventions d’acte de terrorisme et d’atteinte à la sûreté de l’Etat. D’où l’acquittement de l’accusé. A l’annonce de sa libération, l’imam s’est jeté dans les bras de son avocat Me Ahmed Sall pour l’embrasser.  

Né en 1970 à Missirah, imam Boubacar Dianko est l’une des premières personnes à avoir été arrêtées pour terrorisme. Maître coranique domicilié à Pikine, il a été appréhendé en février 2013, après que son numéro de téléphone a été communiqué à la Division du contre-espionnage de la Direction de la surveillance des territoires (Dst) par les services secrets maliens. Ces derniers confiaient aux autorités sénégalaises que Boubacar Dianko était en contact permanent avec l’émir du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) à Gao, Hamada Ould Mohamed El Kheirim, et un agent recruteur dudit mouvement né d’une scission d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) fin 2011.

Selon les renseignements fournis, le suspect avait quitté le Sénégal dans la nuit du 3 au 4 janvier 2013, pour se rendre à l’étranger, après avoir reçu la somme de 200 000 F envoyée depuis le Mali. Muni de ces informations, les agents du Service régional des renseignements généraux de Tambacounda ont, le 8 janvier 2013, arrêté Dianko dans une localité située à Kédougou, en compagnie de son neveu et élève Serigne Ahmadou Bamba Dianko. Au moment de son arrestation, le mis en cause était porteur d’un port Usb et d’un Cd dans lequel il y avait une vidéo d’un combattant armé d’un fusil de guerre qui dirigeait l’entraînement de jeunes combattants mineurs. Cette vidéo de propagande et d’enrôlement a été prise à partir de son téléphone portable. Lorsqu’il a été interrogé, Boubacar Dianko avait contesté son séjour à Gao, avant de le reconnaître en confiant avoir séjourné aux côtés de l’émir qui serait son ancien maître coranique. Il soutenait que ce dernier lui proposait de rejoindre les rangs de leur mouvement pour faire le jihad, mais il avait refusé.

Lors de sa comparution le 27 mars dernier, l’accusé a plaidé non coupable. ‘’Je n’ai jamais pensé au jihad. Cela ne m’a jamais effleuré l’esprit. J’étais parti au Mali participer à un concours de récital de Coran auquel mon neveu devait participer‘’, s’était défendu l’imam Dianko. Il avait confié avoir connu le djihadiste en 2003, en Mauritanie. Il y avait amené ses élèves poursuivre leurs études coraniques, mais il ignorait qu’il était du Mujao.

La parquetière avait estimé que même si l’accusé conteste les faits, il est affilié aux djihadistes du Mujao car, dans son répertoire téléphonique, figurent des individus proches du Mujao. Qu’il a reçu des sommes d’argent via Western Union pour financer son voyage.

La défense avait plaidé l’acquittement non sans dénoncer la longue détention préventive subie par leur client arrêté, à leur avis, sur la base de ‘’simples suppositions’’. La chambre criminelle spéciale de Dakar l’a suivie.

REACTION

ME MALICK FALL, AVOCAT D’IMAM DIANKO

‘’Nous comptons saisir la Commission d'indemnisation’’

‘’Ma réaction est une réaction de soulagement, de gaieté, parce que c'est une excellente décision que nous venons de recevoir. On s'y attendait quand même, parce que la légèreté des charges par rapport à la gravité de la sanction qui était demandée par le parquet, ne nous paraissait pas juste. Par conséquent, la décision d'aujourd'hui (hier) ne nous surprend pas et nous sommes vraiment très satisfaits.

Nous comptons saisir la Commission d'indemnisation logée auprès de la Cour suprême. Car notre client a fait six ans de détention préventive avant d'être acquitté. C'est la deuxième étape de cette affaire. Il est inadmissible, aujourd'hui, qu'on puisse retenir une personne dans les liens de la prévention pendant six ans, demander à l'audience, lors de son jugement, la condamnation à perpétuité et que cette personne-là soit acquittée sur des bases claires. Parce qu'en fait, l'accusation ne reposait sur absolument rien. Et je pense qu'en y regardant de plus près, on se rend compte qu'il a été victime de légèreté. Pour cela, je pense qu'il doit être indemnisé et il faut que justice lui soit rendue pour les années de privation de liberté dont il a été victime.’’ 

FATOU SY

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