Un creuset pluridisciplinaire pour l’élite culturelle
‘’La villa Saint-Louis Ndar’’ est le nouvel espace dédié aux artistes de tous genres. Ses concepteurs veulent qu’il soit un creuset pluridisciplinaire de recherche et de création pour des projets culturels, intellectuels et artistiques. Il a été inauguré samedi dernier à Saint-Louis.
Lors de sa visite au Sénégal en février 2018, le président de la France, Emmanuel Macron, avait annoncé la création d’un espace dédié aux artistes et qui serait baptisé la ‘’Villa Saint-Louis Ndar’’ (Vsln). Dix-sept mois après cette annonce, ce joyau a été inauguré, ce samedi. Il est conçu pour être un incubateur de projets culturels, intellectuels et artistiques. Il peut accueillir simultanément 3 résidents venus d’Afrique, de la France ou d’ailleurs.
Ceux qui souhaitent y résider doivent soumettre des projets qui seront sélectionnés par un jury de professionnels. Ces derniers devront présenter un ancrage territorial et répondre à une exigence d’interaction avec l’environnement de la villa.
De l’avis de Bruno Studer, député français et président de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée nationale française, qui parlait au nom du président Macron, la villa servira aussi à faire travailler ensemble des artistes africains, français ou européens.
A l’en croire, le choix de la vieille ville, pour abriter la première installation de cette villa en Afrique, n’est pas fortuit. En effet, a-t-il indiqué, Saint-Louis est choisie, parce qu’un joyau de cette dimension a l’ambition de renforcer l’échange avec le territoire où il s’installe. Et cette partie du continent africain, selon lui, offre une richesse exceptionnelle, tant au niveau de sa nature que de sa culture. La Vsln multipliera les partenariats avec les institutions, les universitaires et les centres de recherche. ‘’Elle fera la démonstration que la rencontre entre les cultures venant d’horizons divers est féconde et se répand dans l’espace immédiat et au-delà des frontières. Et cette circulation des savoirs, comme nous en avons l’expérience, crée des emplois pour des nombreux jeunes désireux de prendre part à la construction de la société nouvelle.
C’est donc un laboratoire d’idées et d’émergence que nous fêtons, une villa au sens où on l’entend à Rome, Madrid, Kyoto... un lieu de la création contemporaine qui fait d’ores et déjà partie d’un réseau monde’’, a informé M. Studer.
‘’Nous avons plus que jamais besoin de votre mobilisation’’
Le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, considère que la Vsln est le résultat de l’engagement et de la volonté du Sénégal et de la France d’œuvrer ensemble pour la sauvegarde, la conservation et la valorisation de l’île de Saint-Louis, site classé patrimoine mondial de l’Unesco.
De l’avis d’Abdoulaye Diop, l’érection d’une telle structure permettra d’améliorer qualitativement l’environnement créatif et socio-économique des créateurs sénégalais, porter les artistes du pays et leurs productions à l’international, mais aussi, en retour, de bénéficier de l’ouverture à d’autres pays, d’autres histoires et façons d’être et de penser.
‘’Les efforts multiformes que vous avez consentis à travers ces initiatives, chers partenaires français, ne seront jamais vains, mais ils sont indispensables et porteurs de sens de vie pour les populations ainsi que pour les créateurs eux-mêmes. Tout ce que nous sommes en train de vivre ici, une ville historique, de métissage et de grande diversité culturelle, est un beau présage pour les préparatifs de la saison Afrique 2020 et qui sera, sans doute, un évènement dans les champs culturel et communicationnel’’, a dit M. Diop.
Selon le ministre, la culture doit prendre sa place qui est la sienne dans la société, sur les terroirs sénégalais et les différents espaces de vie.
‘’Vous devrez, chers acteurs culturels, prendre la responsabilité qui est la vôtre et refuser le monde de l’égoïsme, de la consommation passive qui se dessine de plus en plus clairement. Nous avons plus que jamais besoin de votre mobilisation pour incarner et défendre l’ouverture, dans un monde enclin à des difficultés de divers ordres. Le Sénégal partage, comme la France, de nombreuses convictions et milite pour la promotion de la diversité culturelle et la préservation du patriotisme’’, a affirmé M. Diop.
L’ambassadeur de la France au Sénégal, Christophe Bigot, quant à lui, a appelé les Saint-Louisiens à s’approprier du projet, car la villa a été construite pour eux et non uniquement pour les artistes. Il les invite ainsi avec les artistes, le monde scolaire et les universitaires à créer des moments d’échanges. Les grands artistes vont aussi porter les plus jeunes. Il sera également attendu des artistes et chercheurs une démarche de médiation en direction des populations locales.
La saison culturelle africaine organisée en France en 2020
L’inauguration de la Villa Saint-Louis Ndar a été l’occasion, pour M. Bigot, de revenir sur l’organisation de la saison culturelle africaine prévue en 2020 en France. Il a rappelé que l’organisation de cet important évènement est confiée à Ngoné Fall. Elle est la commissaire générale de cette saison Afrique 2020. Architecte, commissaire d’expositions, intellectuelle et cofondatrice d’une plateforme dans les nouveaux médias et les arts visuels, Mme Fall aura pour objectif de donner une image différente, nouvelle, moderne de la diversité des cultures africaines aux Français. La ville de Saint-Louis a été associée à la conception de ce projet.
M. Bigot a également profité de la tribune offerte pour parler d’un projet intitulé ‘’La cité du cinéma’’ qui sera lancé incessamment pour que la post-production puisse être faite ici à Dakar. Elle va combiner à la fois l’économie et la culture. Enfin, le lancement du campus franco-sénégalais ce mardi par la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Frédérique Vidal. Dès le mois de septembre, poursuit-il, il va permettre de proposer 15 nouvelles formations aux jeunes Sénégalais.
‘’Des universités et écoles françaises vont venir ici au Sénégal pour apporter le meilleur de nos formations pour être plus près des familles sénégalaises et entreprises. Aujourd’hui, on ne peut plus se permettre d’avoir des formations qui ne rempliraient pas les critères des entreprises. Donc, faire en sorte de former des jeunes qui pourront être utiles pour développer l’économie sénégalaise’’, a expliqué l’ambassadeur.
CHEIKH THIAM (ENVOYE SPECIAL A SAINT-LOUIS)