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La probable reprise des cours le 4 mai prochain suscite bien des inquiétudes. ‘’Comment peut-on prétendre poursuivre des activités pédagogiques en cette période de vacances forcées où la majeure partie des étudiants habite parfois dans des contrées pauvres et reculées, dépourvues d’électricité, avec la persistante problématique de la fracture numérique ?’’, se demandent les patriotes.
Ils s’interrogent également sur ‘’comment tous ces enseignants et étudiants confrontés au manque d’outils informatiques adéquats et n’ayant subi aucune formation pour l’utilisation des plateformes en ligne pourront-ils s’adapter à cette nouvelle situation à laquelle ils ne sont pas préparés ? Les préalables ne devaient-ils pas être installés à la base (primaire, moyen et secondaire) pour un glissement naturellement moins préoccupant en de pareilles circonstances ? Pourquoi avoir attendu seulement que la pandémie de Covid-19 nous tombe sur la tête pour recommander des plateformes déjà fonctionnelles ?’’.
En effet, ils pensent que l’utilisation de ces dernières ‘’par anticipation aurait pu familiariser les acteurs de l’éducation à cette technologie et leur ferait gagner beaucoup plus de temps’’. Seulement, se demandent-ils, ‘’qu’en serait-il des travaux pratiques qui nécessitent la manipulation d’objets dans les domaines de sciences et de la formation professionnelle ? Au cas où la pandémie continuerait à gagner du terrain, quels procédés d’évaluation préconiser pour les apprenants ? Que dire des apprenants qui seraient bien partis pour être les victimes de leur inadaptation ?’’.
...Dans sa note, la Commission enseignement supérieur et formation professionnelle (CESFP) du Moncap appelle les autorités étatiques à éclairer les parents, enseignants, étudiants et partenaires en prenant des dispositions concrètement applicables, adossées à un échéancier, quelle que soit la situation qui se présentera au lendemain de la date butoir. De son point de vue, ‘’l’agitation ponctuelle et tout bricolage entretenu pour la poursuite des cours en forçant la porte du numérique sans les prérequis, ne seraient que du test sur des sujets (apprenants et enseignants) qu’il ne faut surtout pas sacrifier d’avance’’.
En effet, le mouvement soutient que ces mesures doivent s’inscrire dans la durée et elles impliquent la généralisation de l’enseignement à distance, la mise à disposition d’infrastructures technologiques fiables, la facilitation de l’accès des apprenants aux outils informatiques, à l’Internet et à l’électricité, la préparation des acteurs principaux à la base (depuis l’élémentaire) à l’usage du numérique.
Prenant pour exemples les projets ‘’Un étudiant, un ordinateur’’ qui n’a touché qu’une partie infime des étudiants depuis 2013, le fonctionnement de l’Université virtuelle du Sénégal, le projet ‘’Smart Sénégal E-learning’’ entre la Chine et le Sénégal, qui devait équiper les universités dans ce cadre depuis 2018, faisant face à des lenteurs, le mouvement estime que le Sénégal n’est pas prêt pour ce bond numérique. L’Etat semble avoir entendu leur appel, puisque la rentrée du 4 mai est reportée au 2 juin prochain.