La BM apporte environ 165 milliards de F CFA de plus au Sénégal

La Banque mondiale (BM) a accordé, à nouveau, environ 165 milliards de francs CFA au Sénégal pour deux projets. Une enveloppe qui s’ajoute aux 60 milliards alloués à l’Etat la semaine dernière. Les trois accords de financement ont été signés hier, entre le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, et le directeur des Opération de la BM à Dakar, Nathan Belete.
Au total, ce sont trois accords de financement de 375 millions de dollars, soit plus de 225 milliards de F CFA qui ont été signés hier, entre le ministre des Finances et du Budget et le directeur des Opérations de la Banque mondiale au Sénégal. Ce qui porte le montant de l’appui budgétaire de l’institution à 715 millions de dollars durant cette année fiscale, soit plus de 416,4 milliards de francs CFA.
D’après Abdoulaye Daouda Diallo, ces enveloppes vont servir à financer trois projets. Il s’agit du Projet pour la promotion de la gestion intégrée et de l’économie des déchets solides au Sénégal (Promoged), du Programme de compétitivité de l'agriculture et de l'élevage au Sénégal et d’appui budgétaire pour couvrir le financement des mesures anticrise. ‘’Le Conseil d’administration de la Banque mondiale a approuvé, mardi dernier, un financement de l'Association internationale de développement (Ida) d’un montant de 100 millions de dollars, environ 60 milliards de F CFA, réparti également en don et en crédit, pour appuyer le gouvernement du Sénégal à mieux juguler l'impact social et économique de la pandémie de la Covid-19. Ce financement est un appui à nos ressources budgétaires pour couvrir le financement des mesures anticrise’’, rappelle le ministre.
L’autre accord paraphé hier, entre les deux parties, est relatif à un crédit de l’Ida du groupe de la BM d’un montant de 125 millions de dollars, environ 75 milliards de F CFA. Il vise à accompagner les ‘’efforts entrepris’’ par le Sénégal pour renforcer et améliorer les systèmes et les services de gestion des déchets ménagers à Dakar et dans d’autres municipalités. Le projet, dont le coût total s’élève à plus 171,79 milliards de francs CFA, sera cofinancé par l’Agence française de développement (AFD) et l’Agence espagnole pour la coopération internationale au développement (AECID). Ceci avec des financements complémentaires, notamment du gouvernement sénégalais et du secteur privé. ‘’Le Projet pour la promotion de la gestion intégrée et de l’économie des déchets solides au Sénégal (Promoged) est aligné sur un nouveau cadre de partenariat-pays entre la Banque mondiale et le Sénégal pour les années budgétaires 2020 à 2024. Il permettra d’accroître l'accès aux services de collecte et de traitement des déchets dans les zones qui en sont dépourvues’’, explique le ministre.
Au fait, Abdoulaye Daouda Diallo relève que le projet viendra, par ailleurs, soutenir l’initiative mondiale de lutte contre la pollution marine en améliorant le ramassage, le transport et le recyclage. Et aussi l'élimination des déchets dans plusieurs villes côtières, notamment Dakar, Saint-Louis et Mbour, ainsi que dans des centres urbains situés le long des principaux fleuves du pays, dont Ziguinchor. ‘’Le troisième accord de financement d’un montant de 90 milliards de F CFA concerne le programme de compétitivité de l’agriculture et de l’élevage axé sur les résultats. L'objectif de développement du projet est d'améliorer la productivité et l'accès au marché des chaînes de valeur des produits de base prioritaires et du bétail dans le bassin arachidier étendu et les zones agro-pastorales’’, renchérit-il.
Le ministre a indiqué que ce programme vient en appui aux activités et réformes inscrites dans deux programmes nationaux que sont le Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture (Pracas) et le Plan national de développement de l’élevage pour promouvoir une croissance durable, résiliente et inclusive.
‘’Le déficit de financement initial de l’ordre de 2,5 % du PIB sera comblé’’
Le Sénégal étant frappé dans ses fondements économiques par cette crise dont l’effet le plus prévisible sera, selon le directeur des Opérations de la BM, ‘’l’infléchissement important’’ de sa trajectoire de croissance qui va se situer à ‘’environ 1 % en 2020’’. ‘’En effet, la crise Covid-19 a des répercussions économiques, fiscales et sociales importantes pour le Sénégal, ouvrant un déficit budgétaire de 6,1 % du produit intérieur brut en 2020. En plus, un déficit de financement initial de l’ordre de 2,5 % du PIB sera comblé grâce à un soutien et des dons concessionnels supplémentaires. Evidemment, si on ajoute une baisse drastique des envois financiers de la très dynamique diaspora sénégalaise dans le monde et la perte de revenus du travail, la consommation privée va nécessairement diminuer et en même temps la pauvreté, elle, va augmenter’’, soutient Nathan Belete.
Monsieur Belete informe que ces financements seront décaissés en une seule tranche et dans les prochains jours. Il estime que les populations vulnérables devraient être les principaux bénéficiaires de l’accord de financement du Programme de compétitivité de l’agriculture et l’élevage. ‘’En effet, le Sénégal est un pays a vocation agro-pastorale avec un fort potentiel de développement. Pour parvenir à une augmentation soutenue de la production et de la productivité agricole, il faudra que les producteurs puissent disposer d'un éventail de technologies et de connaissances nouvelles et intégratives qui facilitent de meilleures connexions entre l'agriculture et d'autres secteurs de l'économie, et qui lient de manière efficace la technologie à une productivité agricole accrue’’, dit-il.
Pour le patron de la BM au Sénégal, qui parle de déchets à Dakar ‘’ne peut occulter’’ la question cruciale de la décharge de Mbebeuss qui ne cesse de s’agrandir. Passant ainsi de 14 hectares en 1978 à plus de 114 hectares et où les déchets sont actuellement éliminés sans ‘’aucune forme’’ de traitement. ‘’Cette décharge, située dans une zone urbaine fortement peuplée, est une source de pollution de l'eau, de l'air et du sol. En plus, le site accueille quelque 1 880 recycleurs informels, dont 571 femmes qui travaillent ou vivent dans la décharge elle-même. Cette zone complexe va bénéficier d’investissements importants dans le cadre du projet, mais ces investissements ne seront réalisés que sur la base d’un consensus avec tous les acteurs intervenant sur le site, y compris les populations riveraines, les recycleurs et les organisations de femmes, de jeunes, les autorités coutumières, religieuses, etc.’’, conclut-il.
MARIAMA DIEME