Publié le 16 Aug 2012 - 16:55
YARAKH-INONDATIONS-TÉMOIGNAGE-FATOU DIOM SAUVE SA FAMILLE

‘’Quand j’ai senti le mur bouger...‘’

Yarakh dans les décombres du mur

 

 

Qui disait que l’intuition est très développée chez les femmes ? En tout cas, ce n’est pas Babacar, le mari de Fatou Diom qui dira le contraire. Lui, qui doit son souffle actuel, ainsi que ceux de ses trois enfants au réflexe vital de son épouse. En effet, Fatou Diom a sauvé sa famille de justesse de ce mur fou qui a fait bien des victimes dans le ghetto. Personne n’a été blessé dans cette famille, pas la moindre égratignure n’est présente sur leurs corps. Pourtant, leur chambre en baraque a été bien écrasée par ce mur qui est l’une des quatre parties du local. Comment cela a pu se passer ? Fatou Diom revient sur cette nuit qui a failli se jouer de sa vie : ‘’Quand j’ai senti le mur bouger, j’ai réveillé mon mari et nous nous sommes sauvés. J’ai mis sur mon dos mon bébé et nos deux autres filles ont été portées par leur papa’’. La voix posée, la gestuelle concrète témoignant d’un sang froid qui ne fait nullement défaut chez cette dame, Fatou Diom poursuit : ‘’Nous avons pu sortir nos bagages et je criais pour alerter les autres. Certains s’étaient déjà levés’’. Le reste, elle ne se l’explique pas ; très vite, tout s’est emballé. Le mur est tombé de toute sa masse sur ces baraques, dépourvus de tout pour contenir un tel adversaire. Elle raconte le plus affreux :’’On entendait crier des hommes et des femmes sous les décombres, ils appelaient au secours, c’était terrible, vous ne pouvez pas imaginer’’ ! De l’avis de cette dame, le bilan en perte de vies humaines aurait pu être plus lourd, si les gens du quartier n’avaient pas très tôt accouru pour sauver ceux qui étaient sous les pierres. Cet élan de solidarité a sauvé plusieurs personnes car, près de 15 chambres en baraque ont été atteintes. Debout au milieu de ses enfants, Fatou Diom, qui dit avoir passé plus de 5 années dans cette maison, confie avoir toujours du mal à s’endormir quand il pleut : ‘’J’ai du mal à trouver le sommeil, surtout dans ces chambres en baraque trop fragiles’’. Cette fois-ci, c’était la bonne, il ne fallait surtout pas fermer l’œil. De quoi accrocher ce sourire radieux sur le visage de ses filles.

 

A. NDIAYE

 

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