Publié le 17 Jul 2025 - 00:58
ASSAINISSEMENT

Six pays africains cherchent une solution commune

 

L’assainissement reste l’un des défis structurels majeurs du continent africain. Face à ce constat, les Directions nationales en charge de l’assainissement du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Sénégal ont décidé de mutualiser leurs efforts en créant une Plateforme régionale d’échanges sur l’assainissement. Une  première rencontre ouverte ce lundi  à  Saly marque le démarrage d’un processus structurant. Les États membres se sont accordés sur la nécessité de définir, dans les mois à venir, une vision partagée, des priorités d’actions concrètes et une feuille de route pour les 12 prochains mois.

 

Les pays de la sous-région ouest-africaine sont confrontés aux mêmes défis en matière d’assainissement, notamment en termes d’accès sécurisé et de pratiques de défécation à l’air libre. Selon le rapport 2022 du Conseil des ministres africains de l’eau (AMCOW), près de 800 millions d’Africains ne disposent toujours pas de services d’assainissement gérés en toute sécurité, et 18 % de la population continuent de pratiquer la défécation à l’air libre. Une réalité qui affecte profondément la santé publique, l’éducation, l’égalité des genres, l’environnement et la dignité humaine.

Pour résorber le gap en la matière, ils ont réaffirmé, dans le cadre des objectifs pour le développement durable en particulier l’Odd  6, leur ambition de garantir l’accès universel à des services d’eau, d’hygiène et d’assainissement, d’ici à 2030 y compris pour les personnes les plus vulnérables. Depuis lors, ils ont multiplié les initiatives, renforcé leur volonté politique en faveur du sous –secteur et mis en œuvre des politiques d’accès avec certes des résultats mitigés mais pleins d’enseignements.

C’est  dans cette dynamique qu’il faut placer cette démarche solidaire de partage d’expériences à travers la plateforme que le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Sénégal comptent en place et qui a été au cœur des discussions tripartites Côte -d’Ivoire, Sénégal et Burkina le 19 février à Kampala, en Ouganda,  en marge du 22ème congrès de l’association africaine de l’eau et  de l’assainissement.  

 Pour un  accès universel à des services d’assainissement sûrs et équitables à l’horizon 2030 …

«  L’initiative portant mise en place de cette plateforme de partage est  salutaire à plus d’un titre. C’est pourquoi, nous devons lui accorder une attention toute particulière eu égard aux défis qu’elle peut  aider à relever. J’en appelle donc à l’engagement de tous pour réussir ce pari de coopération technique interafricaine qui est porteur d’espoir et  de progrès pour un assainissement durable  au profit de nos communautés », a lancé Omar Séne, Directeur de l’assainissement au Ministère de l’eau et  de l’assainissement, dans son discours de bienvenue.

Pour sa part, Baboucar Moundor Ngom, Secrétaire général du ministère sénégalais de l’Hydraulique et de l’Assainissement, estime que  cette plateforme matérialise la volonté commune des États à mettre en œuvre des partenariats dynamiques dans un contexte où les questions liées à l’assainissement demeurent parmi les plus pressantes. « Elle se veut un cadre de benchmarking, de collaboration et d’échanges techniques pour inspirer les réformes, mutualiser les efforts et construire des stratégies communes », explique M. Ngom.

Les représentants des pays membres ont unanimement reconnu les défis similaires auxquels leurs États font face : faible accès à l’assainissement de base, déficit en hygiène, manque de financements adaptés, pressions démographiques et vulnérabilité des populations. « Nous sommes tous confrontés aux mêmes problèmes. Nous voulons améliorer le cadre de vie de nos populations sans laisser personne de côté. Nous sommes tous des pays inscrits pour les ODD à l'horizon 2030, nous sommes en 2025, mais force est de reconnaître que nous sommes loin de l'atteinte de ces ODD », a fait valoir Hélène Bragori Yokoli, responsable programme Assainissement de la Côte d’Ivoire.

La plateforme permettra de partager de bonnes pratiques et innovations (projets structurants, financements innovants, politiques inclusives); la co-construction de stratégies régionales ; l’élaboration de positions communes dans les forums africains et internationaux ; de porter le plaidoyer pour des initiatives régionales de financement et de mise en œuvre de projets intégrés.

Cette première rencontre ouverte ce lundi à Saly marque le démarrage d’un processus structurant. Les États membres se sont accordés sur la nécessité de définir, dans les mois à venir, une vision partagée, des priorités d’actions concrètes et une feuille de route pour les 12 prochains mois.

 

Pape Mbar Faye

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