Le monde sportif s’indigne

Trop, c’est trop ! C’est le cri de ras-le-bol que semble pousser le monde sportif, à la suite de la publication du communiqué du nouveau ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, pour rappeler le maintien de l’interdiction des rassemblements dans certains lieux dont les ‘’terrains de sport’’. Après neuf mois d’inactivité, les acteurs du sport sénégalais veulent reprendre leurs activités au même titre que certains secteurs qui occasionnent des regroupements de personnes.
Voilà neuf mois que les activités sportives ont arrêté, du fait de la pandémie de Covid-19. Une lueur d’espoir s’était rallumée depuis quelque temps, avec la baisse des cas positifs. Mais la propagation du virus a repris. Et dans le souci de limiter cette nouvelle vague de contamination, le nouveau ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, a sorti un communiqué, avant-hier, rappelant les mesures restrictives prévues par les arrêtés n°024066 et n°024068 du 5 octobre 2020 dont l’interdiction des rassemblements dans les ‘’terrains de sport’’.
Mais cette piqûre de rappel n’est pas bien reçue chez les sportifs. Le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF) a été le premier à réagir, pour fustiger cette décision qui, à son avis, signerait ‘’un arrêt de mort du sport sénégalais’’.
Selon Augustin Senghor, ‘’un an ou plus sans pratiquer du sport dans un pays, cela devient inquiétant’’. Le patron de l’instance dirigeante du ballon rond sénégalais est catégorique : ‘’Nous devons jouer, parce que les élèves vont à l'école, les étudiants à l'université, les croyants à l'église et à la mosquée, les cérémonies familiales, religieuses et populaires ont repris de plus belle, et j'en passe. Nous devons jouer, parce que c'est bon pour la santé publique et pour notre jeunesse.’’ Pour le candidat à la présidence de la Confédération africaine de football (Caf), les compétitions doivent reprendre parce que, dit-il, ailleurs où la pandémie a plus sévi, des dispositions sont prises pour permettre au sportif de pratiquer leur passion. ‘’Pourquoi pas nous ?’’, s’est-il interrogé.
Pour lui, le monde sportif en a beaucoup fait déjà, en étant ‘’très réceptif, discipliné et constructif’’. ‘’Mais jusqu'à quand devrons-nous continuer à exposer des frais et dépenser nos maigres moyens en tant que clubs, fédérations ou autres groupements sportifs ou d'acteurs sans pouvoir jouer ?’’. C’est d’ailleurs le problème soulevé par le président du Saint-Louis basket club. ‘’Vous savez, un joueur coûte très cher, surtout quand c’est un joueur confirmé qui vient de l’étranger. L’espoir était revenu de démarrer bientôt. Les sponsors ont répondu présent. Malheureusement, la nouvelle circulaire est venue remettre tout cela en cause’’, a regretté Baba Tandian.
Pour sa part, le président de la Fédération sénégalaise de taekwondo invite le ministre de l’Intérieur à ‘’revoir’’ sa copie, car les terrains de sport ‘’ne sont pas le lieu de propagation du virus’’. ‘’Il faut laisser les gens pratiquer leur sport. Cela n’a rien à voir avec la propagation du virus. Au contraire, c’est là où aussi on peut éduquer nos enfants, continuer la sensibilisation, parce que les sportifs sont les premiers acteurs dans la lutte contre la Covid-19’’, a plaidé Balla Dièye. Celui-ci estime qu’il n’est pas possible de continuer à interdire la pratique du sport au moment où les sportifs d’élite préparent les Jeux olympiques de Tokyo-2020. ‘’Les gens pratiquent l’éducation physique ; c’est pour la santé des enfants. Dans les casernes, on pratique le sport tous les jours. Pour être opérationnels, les policiers pratiquent la natation, la course, les arts martiaux ou sports de combat. Est-ce qu’ils vont arrêter ? Non ! Là, on vient nous demander d’arrêter le sport’’, s’indigne-t-il.
Selon Augustin Senghor, le moment est venu de ‘’poser le débat’’ avec les autorités, pour ‘’trouver la meilleure solution’’. ‘’Faire du sport à huis clos et dans le respect des mesures barrières est bien possible’’, est-il convaincu. ‘’Ce que nous voulons, a revendiqué Baba Tandian, c’est de permettre aux clubs, comme ce qui se fait à l’étranger, de jouer, soit à huis clos, soit avec un nombre restreint de supporters. Ce qui fait que nous pourrons au moins respecter les engagements pris avec nos sponsors’’.
LOUIS GEORGES DIATTA