Publié le 22 May 2021 - 02:13
INITIATIVE ‘’SUNU TALENTS’’ DU GOETHE INSTITUT

Pour lever les entraves de la création artistique dans les régions

 

Dans le but de mettre en lumière les talents artistiques des jeunes issus des régions du Sénégal, en collaboration avec la coopération allemande/GIZ, le centre culturel allemand Goethe Institut a initié le projet ‘’Sunu talents’’. Baaba Maal est le parrain de cette édition.

 

Les régions du Sénégal foisonnent de jeunes talents qui ne bénéficient pas de la même visibilité que les artistes de la capitale. C’est ce qu’a constaté l’institut culturel allemand Goethe Institut Sénégal. Considérant que les artistes des villes de l’intérieur ne demandent qu’à exposer leur travail sur la scène nationale et internationale, en collaboration avec la coopération allemande/GIZ à travers son programme ‘’Réussir au Sénégal’’, il a décidé de lancer le projet ‘’Sunu talents’’.

L’objectif, c’est de mettre en avant le potentiel des artistes des régions et de leur fournir un accompagnement professionnel. La musique, la danse et le théâtre sont tous pris en compte par cette initiative qui vise à mettre en lumière les talents artistiques des jeunes créateurs issus des régions du Sénégal.

La directrice des Arts, Khoudia Diagne, a magnifié ce projet qui est important, à ses yeux.  ‘’Par sa solide pertinence et l’articulation lucide de ses cursus, l’équipe du projet ‘Voix de la terre’ porte, à travers l’initiative ‘Sunu talents’, sans aucune doute le plus utile pour combler les écarts causés par l’offre culturelle insuffisante dans la plupart des régions du pays’’.

Ainsi, elle s’est réjouie de cette convergence d’actions des initiateurs qui permettront, selon elle, ‘’de lever les contraintes les plus importantes entravant la diffusion culturelle et la réalisation de créations artistiques dans les régions’’.

Parrain de ‘’Sunu talents’’ et juré dans la catégorie Musique, Baaba Maal, qui dit porté avec honneur ce rôle, fait savoir que son adhésion au projet ‘’Sunu talents’’ est ‘’une manière de représenter avec fierté la riche diversité culturelle du Sénégal et sa jeunesse’’. Il est d’avis que le Sénégal regorge de jeunes talents artistiques non exploités. Il a parlé de ses débuts pour illustrer ses propos, lui qui est originaire de la région de Matam. ‘’Quand j’ai commencé à faire de la musique, ça n’a pas été facile. Peut-être que j'ai eu de la chance, mais il y a beaucoup de talents qui ont abandonné à cause des difficultés et ils n’avaient personne à qui s’adresser’’, a-t-il relaté.

Il s’exprimait hier en marge du lancement des résidences ‘’Sunu talents’’ au centre culturel de Thiès. ‘’Guem sa bopp moy guem sa talent ! (Croire en soi, c’est croire en son talent !). Les talents sont partout au Sénégal, la scène musicale ne se limite pas qu’à Dakar. Grâce à ‘Sunu talents’, des artistes pourront être repérés par des producteurs et développer des collaborations’’, renchérit l’artiste compositeur et producteur Bril Fight 4.

Juré dans la catégorie Théâtre, le Pr. Massamba Guèye considère, pour sa part, que ‘’Sunu talents’’ est ‘’un espace vital à la liberté de création, une opportunité de booster les arts vivants’’. Pour lui, ce projet contribue à l’émergence d’une industrie culturelle de qualité. ‘’Participer au projet ‘Sunu talents’, c’est s’élever ensemble. C’est créer un espace de partage pour que les jeunes artistes de demain se sentent soutenus et encouragés pour que les initiatives artistiques, si nécessaires à l’heure d’aujourd’hui, puissent continuer d’éclore et que les voix des diverses régions du Sénégal soient entendues’’, a soutenu Khoudia Touré, juré dans la catégorie Danse. Germaine Acogny trouve, elle, que ce projet est un ‘’rayon de soleil pour les artistes dans ce ciel morose de la Covid-19’’.

300 candidats, 50 projets, 21 compagnies et artistes…

Suite à la diffusion d’un appel à participation, des jeunes talents issus des régions de Thiès, Saint-Louis, Matam, Tambacounda, Ziguinchor, Diourbel, Sédhiou, Louga, Fatick, Kédougou et Kaolack ont reçu une bourse de création pour produire des  vidéos, afin de démontrer leur créativité.

A cet effet, c’est sur la base de ces productions que le jury, composé de professionnels de la musique, de la danse et du théâtre, a choisi les projets qui bénéficient d’une résidence de création artistique, selon la coordonnatrice du projet Camille Lhommea.

En effet, les jeunes ont massivement répondu à l’appel à candidature. Parce qu’il y a eu 300 candidats qui ont eu à postuler, avant que 50 projets soient sélectionnés. ‘’On souhaite qu’ils puissent avoir des vidéos de qualité. On a volontairement demandé aux candidats de poster des vidéos sur leur chaîne YouTube et sur leur réseau. Aujourd’hui, quand on est artiste et qu’on veut se dévoiler sur la scène internationale, on passe par des schémas relativement logiques pour postuler, participer à des festivals. Le premier élément qu’on demande, c’est une vidéo live pour la musique ou de performance de bonne qualité pour le théâtre et la danse. Ces vidéos-là sont très complexes à réaliser, parce qu’il faut tout un dispositif’’, a-t-elle expliqué.

Dans le cadre de résidences de création organisées en partenariat avec les centres culturels régionaux, les artistes sont encadrés de manière personnalisée par des coaches afin de pousser leur pratique artistique encore plus loin.

Selon les initiateurs, cette collaboration avec les centres culturels régionaux est essentielle pour ce projet. En effet, ‘’ces centres, disent-ils, contribuent à faire vibrer la culture et vivre l’art dans les régions’’.

Ça commencé à Thiès avec les comédiens. Hier, en pleine séance de formation, le coach Ibrahima Mbaye Sopé et son collègue montraient aux apprenants la manière dont un comédien doit se déplacer sur la scène ; la façon dont il doit communiquer et comment réussir à incarner un personnage.  Parlant de l’importance de la formation, il estime que ‘’l’on ne peut prétendre être comédien sans pour autant avoir quelques rudiments. C’est le minimum’’.

 L’engagement personnel de Baaba Maal 

Selon le directeur du Goethe Institut, Philip Kuppers, ‘’tout au long du projet, les jeunes talents venus des régions sont accompagnés à travers un dispositif de formations, dans le but de se professionnaliser. Ils vont, par exemple, acquérir des notions dans des domaines tels que la technique sonore, la régie spectacle ou encore le droit d’auteur’’.

Il poursuit : ‘’Grâce à la stratégie de communication digitale incluant le site web et les réseaux sociaux, les participants peuvent acquérir plus de notoriété afin de faire rayonner leurs talents.’’

De plus, il compte poursuivre l’accompagnement même après cette étape. Le Goethe Institut assure aussi que le travail continue avec les 29 candidats qui ne sont pas dans les résidences, (éliminés des 50 porteurs de projet). L’institut compte surtout les accompagner pour leur donner des clés qui leur permettront de savoir comment bénéficier de leur visibilité digitale.

Baaba Maal annonce qu’il fera plus que ce qui est attendu. Artiste réputé pour son engagement dans les régions, notamment à travers l’organisation du festival ‘’Les Blues du Fleuve’’, un événement intégrateur dans le nord du pays, mais aussi à travers la fondation Naan K qui accompagne les femmes et les jeunes dans des activités de développement local, Baaba Maal prend l’engagement personnel d’ouvrir les portes à ces jeunes talents des régions. ‘’Il n’est pas exclu que je puisse prendre certains d’entre eux pour qu’ils fassent mon premier plateau ou de les introduire dans certains festivals.  Je pourrais également les présenter à certaines personnalités qui sont dans la même discipline et qui sont à la recherche de nouveaux talents. Ça, c’est un engagement personnel’’, dit-il.

 Avant d’indiquer que cela devrait interpeller les acteurs de la culture pour qu’ils essayent  d’articuler la danse, le théâtre et la musique.  ‘’Il faut voir dans quelle mesure on pourrait mettre en place au Sénégal des manifestations dans lesquelles les trois sous-secteurs que sont la danse, le théâtre et la musique pourront se rencontrer pour sortir des produits qui pourraient intéresser le grand public’’, a-t-il suggéré.

BABACAR SY SEYE

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