Un trio et 3 raisons, au moins, de tout casser
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Alors que leur association doit encore démontrer sa complémentarité et son efficacité, Antoine Griezmann, Kylian Mbappé et Karim Benzema porteront les ambitions des Bleus lors du Final Four de la Ligue des Nations. Au-delà de l'évidente ambition collective, chacun d'entre eux à une excellente raison de briller en ce mois d'octobre.
MBG, GBM, BGM, MGB : on a beau le tourner dans tous les sens, il est aussi difficile de trouver un acronyme au trio offensif des Bleus que son mode d'emploi sur le terrain. Depuis que Didier Deschamps a rappelé Karim Benzema en mai dernier, impossible de mettre la main sur un match plein des trois de devant. Un coup, ce fut Benzema qui prit feu (Portugal, Suisse). Un coup, ce fut son association avec Griezmann qui épata (Finlande). Mais jamais les trois au même moment et l'échec de l'Euro est avant tout celui de leur association.
Pourtant, rien ne va changer et, pour remporter la Ligue des Nations, la meilleure arme de l'équipe de France reste cette attaque que le monde entier est censé nous envier. Le salut des Bleus de Deschamps passera par elle et le sélectionneur a un an, jusqu'au Qatar, pour la mettre à l'endroit. Ce mois d'octobre doit évidemment l'y aider. Et à ce dessein collectif se mêlent des trajectoires individuelles. Si un match référence ôterait un bon paquet de pression à ces trois-là et éloignerait l'idée, qu'au fond, ils ne sont peut-être pas faits pour s'entendre, chacun d'entre eux a une très bonne raison de réussir son Final Four.
KYLIAN MBAPPÉ, UNE 50E POUR DISSIPER LES DOUTES
Il est la cible, celui sur lequel se concentrent les critiques. D'abord, les chiffres, indignes de son statut et de ses ambitions. Kylian Mbappé n'a inscrit qu'un seul et unique but en équipe de France depuis un an (et onze matches). Depuis l'automne dernier, même s'il s'est parfois démené sur le front de l'attaque comme à l'Euro où il est impliqué sur cinq des sept buts de sa sélection, il trimballe son spleen et/ou sa maladresse. Le plus fort symbole reste son tir au but raté fatal contre la Suisse à Bucarest. Jeudi à Turin, et à 22 ans seulement, il fêtera sa 50e sélection. Or, depuis la Coupe du monde, il a bien du mal à prendre le pouvoir qu'on lui destine depuis le sacre moscovite.
Plus embêtant pour lui, Benzema et Griezmann ont enfin trouvé leur bonheur quand il était absent, face à la Finlande (2-0). Un match qui diffuse l'idée que les Bleus pourraient être meilleurs sans lui. Lui-même à avouer dans les colonnes de L'Equipe qu'il avait assez mal vécu l'échec de l'Euro et ses conséquences : "Le message que j'ai reçu, c'est que mon ego nous faisait perdre, que je voulais prendre trop de place et que sans moi, donc, on aurait peut-être gagné."
Ce n'est évidemment pas l'avis de son sélectionneur ("je préfère avoir Kylian dans mon équipe car je sais que l'équipe de France sera plus forte avec lui", a déclaré Deschamps dans Le Parisien), qui continue de construire l'équipe autour de lui, ni de ses coéquipiers. "C'est un énorme joueur, tout le monde l'aime en équipe de France, il est très respecté, confiait Lucas Hernandez cette semaine à Clairefontaine. C'est un joueur unique. L'équipe de France a besoin de lui." Le choc face à la Belgique arrive à point nommé. Parce qu'il ravive les souvenirs d'une compétition qui l'a vu naître aux yeux du monde et parce qu'il lui propose une opposition et un moment importants pour renaître en sélection. Et clore, pour un temps, les débats.
KARIM BENZEMA, DERNIÈRE CHANCE POUR LE BALLON D'OR
Les débats, lui, Karim Benzema les a éteints depuis l'été à la faveur d'un Euro réussi. A l'image d'une saison aboutie, le Madrilène est revenu en équipe de France avec autant de discrétion que d'efficacité. Sa présence dans le groupe n'est plus un sujet. Le double rendez-vous italien n'en reste pas moins capital dans sa saison et son issue pourrait bien faire basculer son destin. Aujourd'hui, le Madrilène ne fait pas figure de favori au Ballon d'Or. Robert Lewandowski et Lionel Messi semblent avoir une petite longueur d'avance. Que manque-t-il à Benzema, troisième meilleur buteur européen en 2021, cette année ? Un titre.
Ni le Real ni la France ne lui ont permis d'élargir son palmarès. Il lui reste une dernière chance : la Ligue des Nations. Si elle n'a pas le prestige d'une victoire en Liga, en Ligue des champions, à l'Euro ou à la Copa America, elle a très vite trouvé sa place. Remporter ce trophée face à un plateau aussi prestigieux et alors que la pré-liste pour le Ballon d'Or, dont il fera partie, sera dévoilée vendredi, sera un atout de poids alors qu'il est le Bleu qui présente le plus d'arguments pour la victoire finale. Le juré doit voter dans les semaines qui viennent et on sait qu'historiquement, ce mois d'octobre peut être décisif dans l'obtention du Ballon d'Or. Si les Bleus écrasent le Final Four avec un Benzema étincelant, Messi et Lewandowski pourront trembler.
Benzema va-t-il remporter le Ballon d'Or ? "C'est un candidat crédible mais il ne peut pas gagner"Benzema va-t-il remporter le Ballon d'Or ? "C'est un candidat crédible mais il ne peut pas gagner"
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ANTOINE GRIEZMANN, LES BLEUS ET L'ÉTERNELLE BOUÉE DE SAUVETAGE
Il a changé de club mais rien ne change pour le moment. Antoine Griezmann cherche toujours la confiance en Liga où il est désormais remplaçant à l'Atlético Madrid. Son retour dans le club qui l'a révélé au très haut niveau et sous les ordres d'un Diego Simeone qu'il vénère ne s'accompagne pas de la réussite à laquelle on pouvait s'attendre. A Barcelone comme à Madrid, le champion du monde doute (un but en dix matches). Et à chaque rassemblement, les mêmes interrogations escortent son retour à Clairefontaine.
Après un Euro raté qui mettait en danger son statut en sélection, Griezmann a réussi sa rentrée, son match étincelant face à la Finlande (doublé, 2-0), autant que sa relation fluide avec Benzema ce soir-là, lui ont offert un sursis. Mais il sait que sa situation précaire en club l'expose et que chaque mauvaise performance en équipe de France mettra à mal sa position chez les Bleus. Didier Deschamps devrait encore le mettre dans la position qu'il préfère (en soutien de deux attaquants) mais Griezmann, tant qu'il ne donne pas satisfaction en club, a de moins en moins droit à l'erreur. Depuis deux ans, la France est sa seule et unique bouée de sauvetage. Ces affiches du mois d'octobre doivent encore lui permettre de se tenir hors de l'eau.