Publié le 22 Mar 2022 - 17:56
OUVERTURE DU PROCÈS DU MASSACRE DE BOFFA BAYOTTES

La vérité et/ou des coupables enfin, quatre ans après ?

 

Sauf report de toute dernière minute, c’est aujourd’hui que va s’ouvrir, au tribunal de grande instance (TGI) de Ziguinchor, le procès sur le massacre de Boffa Bayottes qui a fait 14 morts et 07 blessés parmi des bucherons partis chercher du bois. Un événement tragique qui a révélé à la face du monde ces convoitises et ces tensions nées de l’exploitation des ressources naturelles en Casamance. Au sortir d’une audition de René Capain Bassène, son avocat, Me Ciré Clédor Ly, avait déploré le fait que la justice, au lieu de chercher la vérité dans cette affaire, travaille plutôt à trouver des coupables.

 
Au décompte final, ils seront 16 accusés à se présenter à l’ouverture, ce lundi, à l’audience de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Ziguinchor, à l’occasion de l’ouverture du procès de la tragédie qui a lieu le 6 janvier 2018 dans la forêt de Boffa Bayottes.
 
En effet, sur les 25 détenus, 10 ont bénéficié d’un non-lieu et deux autres d’une liberté provisoire, et devraient se présenter à l’ouverture du procès. A date, ils sont donc treize à être maintenus dans les liens de la détention pour association de malfaiteurs, participation à un mouvement insurrectionnel, assassinat, tentative d’assassinat, séquestration ayant entrainé la mort, vol en réunion avec usage d’armes et de violence.  Ils sont aussi poursuivis pour détention illégale d’armes de la 1re catégorie, complicité d’assassinat, complicité de tentative d’assassinat et complicité de séquestration ayant entrainé la mort, complicité de vol en réunion avec usage d’armes.
 
Cité dans cette affaire, les mêmes charges pèsent sur le chef de guerre César Atoute Badiate, le chef du Front Sud du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC). Des sources dignes de foi informent qu’un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui. Il fera, donc, partie des inculpés. Il sera jugé par contumace, au cas très probable où il ne se présente pas au procès qui va durer deux semaines.  
 
Parmi les prévenus, figure aussi le journaliste René Capain Bassène en charge, à l’époque, du volet communication à l’Agence nationale pour la relance des activités socio-économiques en Casamance (Anrac), considéré comme le ‘’cerveau’’ de ce massacre. Le journaliste est aussi accusé de ‘’sortie irrégulière de correspondances’’.
 
L’agent de La Poste Omar Ampoy Bodian, par ailleurs chargé de mission au sein du mouvement rebelle, fait partie de cette liste d’accusés qui se présenteront, ce lundi, à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Ziguinchor.
 
Pour la partie civile, ils sont 17 à se constituer et 37 autres témoins défileront à la barre.
 
Une tragédie qui rappelle les années sombres de la crise en Casamance…
 
 Mis à part César Atoute Badiate, les 15 inculpés ont tous été arrêtés au lendemain de la tragédie qui a fait 14 morts et 07 blessés, le 6 janvier 2018, dans la forêt de Boffa Bayottes. Ce jour-là, des bucherons qui s’y étaient rendus à la recherche de bois, ont été pris à partie par des hommes armés. Trois autres sont parvenus à s’en tirer indemnes.
 
Dès l’annonce de la nouvelle, la Légion de gendarmerie Sud a pris toutes les dispositions pour se déployer dans la zone de l’incident, en même temps que les sapeurs-pompiers. Immédiatement, une enquête a été ouverte pour comprendre les causes de cette tragédie. Des premières auditions des témoins et constatations sur les décédés, il en est ressorti que les victimes sont tombées dans une embuscade tendue aux premières heures de la matinée du 6 janvier 2018. Elles ont été regroupées, couchées par terre et sauvagement exécutées. L’identification des victimes par les gendarmes a permis d’établir le bilan cité supra. Tous les blessés en mesure d’être entendus ont été auditionnés, de même que les parents des victimes décédées.
 
Vu la gravité et la sensibilité des faits, le Haut-Commandement de la gendarmerie nationale avait déployé la Section de recherches de Dakar pour appuyer les enquêteurs de la Légion Sud. Un médecin légiste avait été requis à l’hôpital Le Dantec de Dakar pour procéder à l’autopsie des corps. ‘’Le résultat a permis de déterminer formellement les causes de la mort, les conditions dans lesquelles les victimes ont été exécutées, le calibre et le type d’arme utilisés. Les investigations menées ont permis l’interpellation de 22 personnes, toutes de nationalité sénégalaise’’, avait indiqué le lieutenant-colonel Issa Diack, chargé, à l’époque, de la Section de recherches de la gendarmerie nationale, lors d’un point de presse tenu le 25 janvier 2018.
 
L’opération d’interpellation a été menée sous la houlette de la Légion de gendarmerie Sud, par la Section de recherches appuyée par le Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) et la Légion de gendarmerie d’intervention (LGI) déployés à Ziguinchor. Ce massacre a également motivé le déclenchement d’une ‘’opération militaire particulière pour rechercher, traquer et neutraliser les criminels qui ont eu à commettre cet acte odieux’’, avait expliqué le chef d’Etat-major général des armées (Cemga), le général Cheikh Guèye. ‘’Les premières auditions réalisées et les données techniques recueillies ont donné une tournure décisive à l’enquête’’, avait souligné le procureur de la République de Ziguinchor.  
 
Il disait que l’attaque a été planifiée et exécutée par une personne dont il a préféré taire le nom. Il faisait allusion au journaliste René Capain Bassène. Le procureur s’exprimait lors de ce point de presse conjointement organisé avec le lieutenant-colonel Issa Diack, alors Chef de la Section de recherches de la gendarmerie nationale.  Issa Diack relevait que la synthèse des informations recueillies par ses hommes a vite mené vers des pistes qui convergent toutes vers des habitants du village de Toubacouta et vers un cantonnement d’une faction rebelle.
 
‘’L’enquête a permis d’identifier et de garder à vue celui qui aurait planifié toute l’opération et 15 autres personnes supposées avoir pris une part active dans les faits’’, avait ajouté M. Sylla, le procureur de la République. Avant d’annoncer l’ouverture d’une information judiciaire et la saisine du dossier par un juge d’instruction, sur la base de plusieurs chefs d’inculpation. 
 
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)
 
Las d’attendre, les détenus avaient mené des mouvements de grève de la faim pour exiger l’ouverture d’un procès ‘’juste’’ et ‘’équitable’’. Mieux vaut tard que jamais. Ce procès tant attendu va, enfin, s’ouvrir ce lundi.
 
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

 

 

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