Publié le 24 Feb 2023 - 15:20
SAINT-LOUIS : EXPLOITATION DU GAZ ET PÊCHE ARTISANALE

Les pêcheurs artisanaux tirent la sonnette d'alarme 

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Les pêcheurs de la langue de Barbarie craignent pour l'avenir de leur métier. Depuis le début de l'installation de la plateforme gazière à Saint-Louis, il leur est interdit d'exercer à Diatara, la zone la plus poissonneuse de la côte de Ndar. Une mesure que l'Association des jeunes pêcheurs artisanaux fustige avec la dernière énergie.

 

L'exploitation prochaine du gaz à Saint-Louis inquiète les pêcheurs de la langue de Barbarie. Il leur est interdit de pêcher à 500 m  à la ronde des plateformes gazières en cours d'installation.

Hier,  face à la presse, l'Association des jeunes pêcheurs artisanaux de Saint-Louis a élevé la voix pour dénoncer avec la dernière énergie cette mesure. Pour le porte-parole du jour des jeunes pêcheurs de la langue de Barbarie, l'avenir de leur métier  est compromis. "Si des solutions rapides et durables ne sont pas trouvées, cette interdiction inopportune et non concertée avec les véritables acteurs de la pêche va signer l'arrêt définitif de mort de la pêche artisanale à Saint-Louis.  Déjà,  nous le constatons et  le vivons durement  dans toutes les familles  de la langue de Barbarie",  a râlé  Pape Mbaye.

 Pour lui, si l'État consent les  efforts  nécessaires, la pêche artisanale et l'exploitation du gaz peuvent bien cohabiter. "Ce qui est réalisé dans des pays africains producteurs de pétrole et gaz peut bien  se faire chez nous. Il suffit de s'investir sérieusement. Au Gabon et en Angola, par exemple, il est créé des récifs à moins de 500 m des plateformes pour faire cohabiter la pêche artisanale et l'exploitation des ressources naturelles. Donc, pourquoi pas réaliser cette alternative pour sauver des milliers d'emplois !", a-t-il  déclaré. 

L'attitude de la marine nationale dénoncée

Mais en attendant la réalisation de tels ouvrages, les pêcheurs guet-ndariens demandent aux autorités et à l'exploitant de les laisser pêcher à une distance assez raisonnable. "Mieux, nous invitons nos autorités  à négocier avec  la République sœur de Mauritanie  la création d'une zone tampon de pêche entre les deux pays.  Parce que s’ils peuvent  se partager les ressources naturelles sans  aucun problème, trouver une zone tampon de pêche  ne doit pas être une difficulté majeure entre le Sénégal et la Mauritanie. Nous sommes des chefs de famille ; nous ne pouvons pas rester toujours à  quai sans aller chercher de quoi nourrir nos familles.  Il faut que l'État pense à  nous pêcheurs dans leurs prises de décision’’, a signalé  Oumar Boune Khatab Dièye, Coordonnateur du CLPA de Saint-Louis.

L'Association des jeunes  pêcheurs artisanaux de Saint-Louis a également profité  de son face à face avec la presse pour fustiger  les exactions subies par un des leurs dimanche dernier en haute mer. Ils ont pointé un doigt accusateur sur la marine nationale qui a volontairement heurté une pirogue guet-ndarienne sous prétexte qu'elle exerçait dans une zone interdite. "Même si c'était vrai, le rôle de la marine nationale est de nous protéger  au lieu de nous massacrer intentionnellement. C'est pourquoi,  en tant  que structure responsable, sans aucune forme de violence, nous exigeons que la victime qui a perdu tout son matériel de pêche  soit indemnisée à la hauteur du préjudice subi et sans délai", a insisté  Oumar Boune Khatab Dièye.

Pour rappel, dimanche dernier, une pirogue, qui avait à son bord un père de famille et ses deux enfants, a été brisée en deux morceaux par la marine sénégalaise à  Diatara, aux alentours  de la plateforme  gazière de Saint-Louis.

D'ailleurs,  pour manifester leur mécontentement, des populations de la Langue de Barbarie avaient  barré et paralysé la circulation du   pont Masseck Ndiaye pendant  des heures.

IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS

 

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