Publié le 7 Mar 2023 - 22:05
PRÉSIDENTIELLE 2024

Hadjibou Soumaré, un come-back tonitruant !

 

Réputé très discret, à la limite trop timide, l’ancien Premier ministre sait aussi attirer les lumières, faire le spectacle dans un espace public sénégalais friand de ragots et de scandales. Souvent absent des questions brulantes de l’actualité, celui qui se taille un destin présidentiel reparait à la veille de chaque élection, depuis la Présidentielle de 2019 ; de laquelle il avait été recalé par le parrainage et s’était résigné à soutenir Idrissa Seck, pour sortir Macky Sall du palais.

 

C’est comme dans la légende de Birima. Le roi du Cayor qui, dit-on, ne faisait de déclaration qu’une fois par an. À l’instar du souverain, l’ancien Premier ministre, lui, n’apparait au public sénégalais qu’à la veille d’une élection présidentielle. Ou presque. Cette fois, sa sortie a été fracassante, mais n’a pas produit les effets escomptés. Dans une tribune, il accuse le président de la République d’avoir offert au leader de l’extrême droite française, Marine Le Pen, la rondelette somme de 12 millions d’euros, soit 7,9 milliards F CFA. Seulement, la forme très peu courageuse de sa lettre est de nature à jeter le discrédit plus sur sa belle réputation que sur celle du président de la République.

Appréciez la teneur : ‘’Monsieur le Président de la République, l’actualité politique  nationale et internationale sénégalaise de ces dernières semaines, avec les sous-entendus et ‘’note’’ revêtue  de votre nom et  sceau parait-il dont certains ont eu écho, m’amènent,  en tant que citoyen, à vous poser quatre questions, relativement à votre serment du 2 avril 2019….’’ De jure, poursuit l’ancien président de la Commission de l’UEMOA, ‘’par votre charge de président de la République, vous êtes donc protecteur des intérêts de notre pays, de ses citoyens, particulièrement ceux de la jeunesse. Vos réponses d’autorité, qui ne sauraient être remises en cause, car vérités absolues, seraient de nature à rassurer le peuple sénégalais. Elles seraient aussi de nature à renforcer la fierté de tous les Africains pour qui vous venez d’assumer en leur nom la charge de président en exercice de l’Union africaine, défenseur de leur unité et de leurs valeurs’’.

Voilà donc un homme qui croit avoir vu son voleur, mais qui ose lui demander si c’est lui qui lui a volé ou non son bien et qui s’engage à se fier à la réponse que le supposé voleur va lui donner. Comme l’écolier qui surprend le grand gaillard de la classe en train de fouiller son sac et qui, constatant que son Bic n’est plus à la place où il l’avait mis, va lui demander si c’est lui qui l’a pris ou non.

Alors que le peuple sénégalais semble plus attendre de lui les réponses face à cette accusation gravissime, lui s’en remet plutôt à la parole du président de la République. À la place de ce dernier, c’est le porte-parole du gouvernement qui porte la réplique. ‘’Le gouvernement rejette et condamne fermement de telles insinuations, lâches et sans fondement, qui témoignent manifestement d’une volonté maléfique de jeter le discrédit sur la personne du président de la République, porter atteinte à l’Institution qu’il incarne et nuire aux relations entre le Sénégal et une puissance étrangère’’.

Et si l’on en croit le communiqué, malgré la prudence empruntée par l’ancien Premier ministre, le gouvernement se réserve le droit de donner toute suite appropriée à ce qu’il considère comme des ‘’insinuations fallacieuses, malveillantes et indignes de quelqu’un qui a occupé de hautes fonctions étatiques’’.

Une sortie qui fait suite à l’incendie déclaré dans sa résidence à Sendou

En tout cas, cette vraie-fausse polémique a le mérite de tirer l’ancien Premier ministre du trou dans lequel il se trouvait depuis la fin de la dernière élection présidentielle. Quelques jours auparavant, des sources avaient saisi ‘’EnQuête’’ pour faire part d’un grave incendie qui aurait tout ravagé dans sa grande et belle résidence sise dans la zone résidentielle et touristique de Sendou, située dans le département de Rufisque.

Malgré ce malheur, Hadjibou trouve donc la force de s’inviter avec fracas dans le débat public national, lui qui a souvent opté pour une posture plus ou moins discrète. Tout cela est-il savamment orchestré pour donner à sa rentrée politique agitée un certain cachet ? Certains sont tentés de le croire.

Réputé homme discret, à la limite un peu trop timide, Hadjibou ne cesse de surprendre quand il intervient dans le débat public. En 2018, pour lancer sa candidature à l’élection présidentielle de 2019, il choisit d’aller au Grand Théâtre, dans une cérémonie riche en couleur. Flanqué de ses lieutenants, dont l’ancienne maire de Rufisque-Est Ngoné Ndoye, le maire de Sagata Gueth El Hadj Amar Lo Gaydel et d’autres personnalités que l’on ne présente plus en politique, le leader du Mouvement démocratie et République justifiait sa candidature à la candidature en ces termes : ‘’Je me suis longtemps tenu des querelles partisanes, des lourdeurs idéologiques et des débats stériles. Mon engagement a toujours été de servir l’État ; au service duquel je me suis mis après avoir eu le privilège de faire mes humanités dans l’école publique sénégalaise. Toute ma carrière, mon crédo a été de servir la Nation, avec dévouement, loyauté et discrétion.’’

Malheureusement pour lui, son rêve a été stoppé net par le Conseil constitutionnel. C’était d’ailleurs l’une des rares fois que les Sénégalais ont vu l’ancien Premier ministre sortir de ses gonds, s’emportant lors d’une manifestation de l’opposition. Il fulminait : ‘’S’il (Macky Sall) pense nous faire peur, il a tout faux. Nous ne sommes pas des hors-la-loi. Nous avons le droit d’exiger la tenue d’une élection libre, ainsi qu’un fichier fiable. Mais qu’il se prépare. Je vais le chasser du palais, de gré ou de force. C’est moi qui vous le dis.’’ 

Hadjibou Soumaré d’ajouter : ‘’Je l’ai dit et je le répète : un incompétent ne peut pas diriger un pays. (…) Aucun membre de l’opposition n’est contre le parrainage. Ce que nous dénonçons par contre, c’est que Macky Sall s’en serve pour choisir qui il veut en face de lui le 24 février prochain.’’

Avec sa dernière sortie, beaucoup ont pensé à du rebelote, à une volonté de marquer les esprits à la veille d’une future déclaration de candidature.

Ancien directeur général des Finances, ministre du Budget, ancien Premier ministre, Hadjibou Soumaré a toujours été caractérisé par sa discrétion, décrit comme un pur technocrate. Ce qui avait d’ailleurs été décisif en 2007, lors du choix de Wade sur sa personne pour remplacer Macky Sall à la primature. Il était loin d’avoir un rêve présidentiel.

Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.

Inspecteur du trésor, Hadjibou Soumaré a débuté sa carrière comme percepteur, avant de gravir tous les échelons pour se retrouver directeur général des Finances, le 1er août 2000. Il a la présomption de connaitre les finances de l’État comme les recoins de sa résidence de Sendou.

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