Publié le 7 Jul 2023 - 20:11
TAXONOMIE VERTE

La laborieuse quête d’une finance verte

 

L'Afrique du Sud et le Sénégal sont les deux seuls pays en Afrique à avoir mis en place une taxonomie verte. Celle-ci vise à s’assurer que leurs investissements ont un impact environnemental significatif, en particulier pour les investissements basés sur la dette.

 

Au cours de la dernière décennie, renseigne le secrétaire général du ministère de l’Environnement, la finance verte et, par extension, la finance durable sont devenues au Sénégal un enjeu important dans la mobilisation des ressources pour la transition écologique par les autorités étatiques.

Or, déclare Amadou Lamine Guissé, la finance traditionnelle dirige l’épargne vers les projets les plus rentables, sans prendre en compte suffisamment les aspects environnementaux. Ainsi, ajoute-t-il, la finance verte apporte des solutions financières et offre de réelles opportunités de financement au secteur de l’environnement et à la promotion du développement durable.

Hier, lors d'un atelier d’information sur la taxonomie verte, Amadou Lamine Guissé a fait remarquer que le potentiel de croissance économique future et le développement lui-même sont mis en péril, en raison de la dégradation de l’environnement et du changement climatique. C’est pourquoi, souligne le secrétaire général du ministère de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique, il urge, compte tenu de la complexité croissante et de la multiplicité des crises écologiques, à rendre les flux financiers beaucoup plus verts dans une logique de justice climatique.

Conscient de cet état fait, ajoute-t-il, le Sénégal a entrepris plusieurs initiatives allant dans le sens de promouvoir une finance beaucoup plus verte et durable. "Au cours de la dernière décennie, la finance verte et, par extension, la finance durable sont devenues un enjeu important dans la mobilisation des ressources pour la transition écologique. Il s’avère nécessaire pour la mise en confiance des investisseurs et l’assise de la transparence en matière d’activité verte (durable au plan environnemental) d’établir une taxonomie. Pour les investisseurs, la taxonomie aidera à s’assurer que leurs investissements ont un impact environnemental significatif, en particulier pour les investissements basés sur la dette. Pour les porteurs de projet et les entreprises, elle permettra de savoir si leurs activités entrent en conformité avec les objectifs et engagements de l’État du Sénégal, particulièrement dans la contribution déterminée au niveau national (CDN)", renseigne M. Guissé.

En définissant clairement quelles activités économiques sont considérées comme durables sur le plan environnemental, selon lui, la taxonomie verte lutte contre l’écoblanchiment ou ‘’greenwashing’’ et facilitera la compréhension de l’impact d’une entreprise ou d’un projet sur l’environnement.

Au niveau du continent noir, l’Afrique du Sud est le seul pays à mettre en place une taxonomie verte. En se lançant dans ce projet de taxonomie verte, le Sénégal, selon lui, réaffirme sa volonté d’être un pionnier et une place forte de la finance verte en Afrique de l’Ouest. La taxonomie ou taxinomie est une branche des sciences naturelles qui a pour objet l'étude de la diversité du monde vivant.

Cette taxonomie vient s’ajouter à d’autres actes posés par le Sénégal pour arriver à une finance beaucoup plus verte, beaucoup plus durable. Il y a eu, entre autres, l’adhésion à la Plateforme internationale sur la finance durable, un forum multilatéral pour les autorités publiques en charge du développement de politiques et d’initiatives de finance durable, la définition d’un cadre de référence pour les émissions d’obligations vertes, la formulation de réformes phares en matière de financements verts dans le cadre de la structuration du PSE vert. Et tout récemment, à l'occasion du Sommet pour un nouveau pacte financier, dont l'objectif est de construire un nouveau consensus pour un système financier international plus solidaire, le Sénégal et le groupe des partenaires internationaux, composé de l'Allemagne, de la France, de l'Union européenne, du Royaume-Uni et du Canada ont lancé un partenariat pour une transition énergétique juste (JETP). 

CHEIKH THIAM

 

Section: