Les gros chantiers du gouvernement
Le gouvernement a fait face à la presse hier pour aborder deux questions prégnantes : l'émigration irrégulière avec son lot de morts ces derniers jours et les dispositions prises pour la lutte contre les Inondations.
Dans le cadre des rencontres gouvernement-presse, le ministre Porte-parole du Gouvernement, son collègue de l'Eau et de l'Assainissement et le ministre auprès du ministre de l’Eau et de l’Assainissement, chargé de la Prévention et de la Gestion des inondations ont fait face à la presse hier pour se prononcer sur l'actualité nationale et sur les dispositions prises par le Gouvernement pour lutter contre les inondations.
Lors des échanges, le ministre de l'Eau et l'Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, a rappelé que la prévention de la gestion des inondations repose sur deux aspects. Le premier concerne les travaux structurants qui sont effectués par le gouvernement dans certaines zones pour faire face aux inondations. Le second, dit-il, permet la réaction quand il y a inondation dans une zone qui peut être due à deux facteurs : soit la zone n'a pas encore d'ouvrage d'assainissement d'eaux pluviales ou soit, la quantité de pluie dépasse la dimension des ouvrages et il y a inondations. "Mais en ce moment-là, c'est la brigade nationale des sapeurs-pompiers et les dispositifs de pompage que nous avons qui interviennent", informe Serigne Mbaye Thiam.
Il ajoute que des mesures préparatoires ont été prises du côté du Gouvernement, avec la réunion du Comité national de gestion des inondations et le conseil interministériel sur la préparation des inondations.
Toujours dans la lutte contre les inondations, le ministre auprès du ministre de l'Eau et de l’Assainissement en charge de la gestion des inondations, Issakha Diop a souligné que la "Campagne Wadial nawett", qui repose sur trois axes, a été mis en place. Ces axes sont l'approche communautaire, c'est-à-dire l'implication des communautés à travers les campagnes de communication, de sensibilisation pour pousser les populations à s'impliquer davantage dans la prévention des inondations et l'entretien des ouvrages. Le deuxième axe, dit-il, c'est l'accompagnement des collectivités territoriales vers la mise en place d'un plan de contingence ou de sauvegarde.
Le troisième et dernier axe, c'est l'approche de l'évaluation qui a permis de faire le tour du pays. "Cet axe consiste à visiter une localité où l’Etat est en train d’intervenir à travers d'édification d'ouvrages afin d'en mesurer l'état d'avancement et de parer aux éventuelles difficultés et avant tout envisager des solutions conservatoires", fait savoir Issakha Diop.
"Cette campagne lancée le 17 janvier 2023, indique-t-il, nous a permis de visiter plus de 150 sites répartis dans plus de 90 communes à l'échelle du territoire. Aujourd'hui plusieurs ouvrages ont été réalisés, notamment dans la banlieue grâce au programme mis en œuvre par l'Etat du Sénégal". Selon les explications du ministre, des mesures anticipatrices sont en train d’être déroulées. C'est le cas, par exemple dans la zone de captage où la capacité de pompage a été augmentée pour éviter la situation vécue l'année dernière.
Lac rose
Cette année, indique-t-il, il y a un dispositif qui a été mis en place sous la coordination du Gouverneur de la région de Dakar où 7 sites ont été identifiés et qui vont abriter des bassins et des travaux pour diminuer considérablement le volume d'eau qui converge vers le lac rose et qui a causé beaucoup de difficultés l'année dernière. "Cette année, nous espérons avec le démarrage des travaux qui ne pourront terminer d'ici l'hivernage, les problèmes du centre de santé Philippe Maguilen Senghor seront atténués. De même, nous espérons aussi avec les travaux engagés par la Lonase, il y aura beaucoup d'amélioration des inondations dans la région de Fatick. Au niveau de Keur Massar, à la date du 24 juillet, 54 cites de pompage répertoriés sont pris en charge par la BNSP, les 42 ont été traités et libérés, donc 4 sont en cours de traitement et 6 en attente. Globalement, c'est la situation au niveau national", informe le ministre auprès du ministre de l'Eau et de l’Assainissement en charge de la gestion des inondations.
Touba a un programme spécial de 23 milliards pour lutter contre les inondations mais qui ne couvre pas tout le territoire de la ville sainte. Avec les travaux entamés dans cette ville, le ministre dit penser qu'il n'y aura pas de problème cette année. "D'ici le grand Magal de Touba, on va prendre des dispositions nécessaires et on espère pouvoir gérer la situation. Car une grande partie de Touba sera traversée par ces travaux, mais on ne pourra pas dire qu'il n'y aura pas d'inondations ou il n'y aura pas zone à risque, mais toutes les dispositions seront prises pour gérer les inondations à Touba", souligne Issakha Diop.
Emigration irrégulière
Le ministre porte-parole du Gouvernement, Abdou Karim Fofana a, lui, fait le point sur l'émigration irrégulière qui a fait beaucoup de morts ces derniers jours. Au moins 18 personnes sont décédées et 3 autres secourus, suite au chavirement d’une pirogue au large de Ouakam. Hier, Abdou Karim Fofana a souligné que le bilan s'est alourdi, avec le "repêchage d'un nouveau corps ce mardi 25 juillet’’.
S'agissant de l'origine de l'accident, Abdou Karim Fofana a démenti l'information selon laquelle la marine nationale a heurté la pirogue. Le tragique accident de pirogue au large de Ouakam a eu lieu dans la nuit du dimanche 23 au lundi 24 juillet 2023. Lundi soir, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, s’est rendu sur les lieux en mer, en compagnie du Gouverneur de la région de Dakar, du Préfet du département de Dakar, et du Secrétaire permanent du Comité interministériel de lutte contre l’émigration clandestine (CILEC).
Selon le Porte-parole du Gouvernement, sur instruction du président de la République, Macky Sall, une délégation composée d'agents du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur, du ministère de la Santé et de l'action sociale et du ministère de l’Intérieur conduite par Annette Seck, ministre chargée des Sénégalais de l'extérieur a effectué hier une visite à Dahla au Maroc dans le but d'évaluer la situation des migrants qui s'y trouvent présentement. "Le gouvernement tient à rassurer les migrants de retour que toutes les dispositions seront prises pour leur accueil et leur accompagnement jusqu'à leurs domiciles respectifs", a souligné le ministre.
Il y a eu depuis quelques jours beaucoup d'informations erronées autour de ce phénomène de l'immigration irrégulière, estime le ministre. "On a entendu parler d'une pirogue qui aurait chaviré avec 309 morts, annoncé par certains médias locaux et internationaux et même une ONG étrangère, alors que ce qui a été constaté ce sont des migrants sénégalais pris en charge au Maroc et en Mauritanie, mais aucun chavirement n'a fait 300 morts", a déclaré Abdou Karim Fofana.
Il a aussi précisé que 478 est le nombre de migrants en provenance du Sénégal dont les embarcations ont été arraisonnées par les autorités marocaines et qui vont être acheminés au Sénégal par l'État depuis le Maroc et la Mauritanie. "Ce qu'il faut noter c'est que le ministre Annette Seck est au Maroc avec un avion de l'armée de l'air où 50 migrants vont être reconduits au Sénégal à cause de leur état de santé un peu préoccupant. Par contre, 428 autres migrants vont revenir par la voie terrestre et seront rapatriés dans le respect strict des conditions et formes en vigueur sans aucune forme de répression", indique-t-il.
D'après le ministre, les forces de défense et sécurité sont engagées pour sécuriser les frontières. "On note une baisse des départs et des pirogues qui sont mobilisées pour cela. Au plan juridique, les textes ont été renforcés. Au plan stratégique, il y a une coordination assurée entre les différents services de l'Etat’’.
‘’La division nationale contre le trafic illicite de migrants et pratiques assimilées a, depuis le début de l'année, interpellé 530 personnes, déféré 47 convoyeurs et saisi 9 pirogues et 5 moteurs. La gendarmerie nationale, quant à elle, a interpellé au cours de ce premier semestre 195 candidats à l'émigration irrégulière dont 173 sénégalais, 22 étrangers et 37 convoyeurs entre Soumbédioune, Yoff, Warang, Joal, Mbour Saly, point sarene, Pikine", a fait savoir le porte-parole du Gouvernement.
LEVÉE DU BLOCUS CHEZ SONKO Le gouvernement explique Finalement, la police a décidé lundi de lever les barrières installées chez Ousmane Sonko sans qu'aucune notification administrative soit notifiée à l'intéressé. Interrogé sur ce rétropédalage, le ministre Abdou Karim Fofana, porte-parole du gouvernement, a donné, hier, les raisons de la levée du blocus. Face à la presse, il a indiqué "qu'il n'y a plus de risque de maintenir le blocus", avant de rappeler la mission de l'État dans le maintien de l'ordre. "L'État a une mission de la gestion de l'ordre public. Vous avez constaté, avant le mois de juin, il y a eu beaucoup d'appels à manifester et à l'insurrection et tous les déplacements de Sonko se sont soldés par des casses, des morts, des scènes de violence et des pillages. Alors pour éviter tout cela, la police a décidé d'appliquer la prévention. Aujourd'hui, il n'y a plus de risque, plus d'appel à l'insurrection, donc, il n'y a plus lieu de maintenir le blocus", a déclaré le porte-parole du gouvernement. A la question à savoir si nous allons vers l'arrestation de Ousmane Sonko avec la décision de justice disponible, Abdou Karim Fofana a dit en laisser le soin au procureur. "Ce sont des questions judiciaires. Même si le ministre de la Justice a évoqué la disponibilité de la décision de la justice après il a d'autres procédures à suivre. Alors ça dépend du Procureur de la République, malheureusement, je ne le suis pas", a-t-il fait savoir. |
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)