La Senelec sous le spectre des années sombres
Les coupures intempestives d’électricité laissent craindre aux Sénégalais le retour des années noires de la Senelec incapable d’assurer une fourniture électrique fiable aux consommateurs sénégalais. Toutefois, l’entreprise se défend en qualifiant ces délestages de coupures ponctuelles destinées à permettre un meilleur entrain du réseau.
Les Sénégalais sont-ils en train de revivre le cauchemar des délestages de 2011 qui avaient fortement embrasé le pays, précipitant au passage la fin du régime Wade ? Depuis plusieurs semaines, les Dakarois issus de différents quartiers se plaignent du retour des délestages qui entravent fortement leurs activités, notamment dans l’informel.
Ainsi, les tailleurs, gérants de multiservice, d’épicerie et de pressing s’inquiètent de cette recrudescence des coupures de courant. Même des zones considérées comme sensibles, notamment le centre-ville, Dakar-Plateau et la Médina ne semblent pas échapper à cette situation. D’autres quartiers comme Grand-Yoff, Parcelles-Assainies, Pikine et Guédiawaye souffrent des coupures intempestives d’électricité.
Gérante d’une boutique spécialisée dans les transferts d’argent et de vente d’articles téléphoniques à Pikine, au quartier Guinaw-Rails, Astou Dioh ne décolère pas contre la Senelec. ‘’Il faut reconnaître que les coupures ne durent pas longtemps, mais elles nous gênent dans le cadre de notre travail. On est obligé d’interrompre des opérations de transfert d’argent et de transaction de money Bank, car il n’y plus d’électricité. Il arrive qu’on ait trois ou quatre coupures dans la journée. Ce qui, à terme, risque d’impacter notre clientèle’’, affirme-t-elle.
Beaucoup d’usagers s’interrogent sur cette persistance des coupures, d’autant plus que la baisse des températures doit entraîner moins de tension sur le réseau électrique, contrairement aux fortes chaleurs. Des coupures intempestives qui ont aussi des conséquences sur la vie ou la survie des PME-PMI très dépendantes d’une fourniture énergétique fiable. Cette situation peut, à terme, paraître explosive. Les consommateurs, excédés par la cherté des factures d’électricité, pourraient, si la situation persiste, être tentés par des mouvements d’humeur envers la Senelec et ses installations.
Un cocktail explosif qu’a tenté de désamorcer la Commission de régulation du secteur de l’électricité et le médiateur de la République en accueillant l’initiatrice de la pétition contre la hausse abusive des factures d’électricité plébiscitées par 37 402 citoyens sénégalais : la journaliste Oumy Ndour.
Du côté de la Senelec, on réfute toutes informations faisant état de fortes tensions sur le réseau de distribution électrique. Un responsable de la Senelec, qui a voulu garder l’anonymat, nous fait savoir qu’il y a certes des délestages et les perturbations à Dakar, notamment en centre-ville, étaient dues à l’incendie au niveau du poste de Bel-Air le 31 octobre 2023. Toutefois, notre interlocuteur rappelle aussi que la situation était rentrée dans l’ordre et qu’aucune coupure de réseau n’a été notée dans la région de Dakar.
Par ailleurs, le responsable de la Senelec nous indique que des coupures ponctuelles de courte durée sont signalées. Elles permettent aux agents d’effectuer des travaux d’entretien sur le réseau. La Senelec invite aussi les usagers à joindre les agents sur les numéros verts 33 867 66666 ou 30 100 66 66 en cas de longues coupures qui sont la plupart du temps des blessures de câbles causées par des travaux de terrassement et de voirie sur la voie publique entrepris par d’autres entités outre que la Senelec. Ce phénomène a été observé dans les quartiers comme Parcelles-Assainies ou Guédiawaye, entraînant quelques désagréments dans la fourniture électrique dans ces zones.
Mamadou Makhfouse NGOM