Publié le 9 Jan 2024 - 06:02
MAMADOU LAMINE DIALLO, CANDIDAT DE LA COALITION MLD TEKKI 2024

“Il y a une crise entre les Sénégalais et leurs institutions”

Candidat de la coalition MLD TEKKI 2024, le député Mamadou Lamine Diallo est largement revenu, dans cette interview avec EnQuête, sur différents points essentiels de son programme. Le parrainage, la multitude de candidatures, la gestion des ressources naturelles, la dette, la politique industrielle, l’économiste décline sa vision pour sortir définitivement le Sénégal de la pauvreté. PAR MOR AMAR Quel est votre commentaire sur le fait que 95 candidatures ont été déposées au niveau du Conseil constitutionnel, dans le cadre de l’élection présidentielle, un chiffre record ? Je suis choqué. Je pense que le désordre qui s’installe au Sénégal est un désordre institutionnel savamment organisé et planifié par Benno Bokk Yaakaar et le président Macky Sall. Ce désordre se profile, depuis quelques années, à travers la manière dont les institutions sont traitées dans ce pays, ainsi que la façon dont le public interpelle ces institutions. Le respect envers celles-ci diminue de plus en plus. Lors des élections législatives de 2007, nous avions constaté une floraison de candidats, la plupart étant soutenus par Macky Sall lui-même. Cela visait à préparer le terrain pour le parrainage qu'il nous a imposé. Aujourd'hui, il est évident que le parrainage des électeurs n'est pas un obstacle à la multiplication de ces candidatures. À mon avis, c'est extrêmement grave. J'ai toujours considéré que ce sont les institutions qui sont à la base du développement social, économique et environnemental de tout pays, de tout État. C'est par là qu'il faut commencer. C'est là la faiblesse de l’Afrique. Comment diriger et qui dirige ? Les Africains n'ont pas encore répondu à cette question. Tant que nous n'aurons pas répondu à cette question et trouvé une solution acceptable par les populations, le développement sera imposé. Sinon, le chaos s’installera progressivement, comme on peut le constater dans certains États africains qui ont failli. En ce qui nous concerne, nous pensons qu'il faut réconcilier les Sénégalais avec les institutions. Pour ce faire, j'ai mis sur la table un certain nombre de propositions qui vont structurer ma candidature à l'élection présidentielle de 2024. Comment diriger et qui devrait diriger ? Selon vous, il est nécessaire de chercher des réponses à cette question. Dans certains pays, des conditions strictes sont exigées pour ceux qui aspirent à diriger. En France, par exemple, la situation patrimoniale est prise en compte. Ne serait-il pas temps d'intensifier les conditions similaires chez nous ? La déclaration de patrimoine est exigée du président de la République et de ceux qui gèrent plus d'un milliard de budget. Manifestement, cela ne fonctionne pas. Dans le dossier de candidature, il y a une déclaration sur l’honneur affirmant que l’on est exclusivement de nationalité sénégalaise ; une autre déclaration sur l’honneur attestant que l’on sait lire et écrire la langue officielle ; et enfin, une déclaration sur l’honneur stipulant que l’on est en règle avec le fisc au Sénégal. Au-delà de la simple déclaration sur l’honneur, ne faudrait-il pas demander des documents justificatifs pour exposer la situation patrimoniale ? La déclaration de patrimoine dans notre pays est une mascarade. Elle n'est pas contrôlée. Parce que dans ce pays, vous pouvez avoir des prête-noms, des sociétés derrière lesquelles vous pouvez vous cacher. On parle du patrimoine et du passif. Si vous devez de l’argent aux gens, vous pouvez avoir un actif qui est faible. Pourtant, vous avez peut-être des dettes de plusieurs milliards. Il ne faut pas se faire d'illusions avec la déclaration de patrimoine. Je répète que la déclaration sur l’honneur n’est pas contrôlée. Est-ce que le conseiller vérifie que tous les candidats sont exclusivement de nationalité sénégalaise? Non! On considère que la déclaration sur l’honneur suffit alors que tout le monde sait que ce n’est pas vrai. Nous sommes dans la tromperie dans ce pays. C’est pour cela que de plus en plus, les gens ne croient plus aux institutions. Ce que je propose, c’est que le président de la République soit justiciable. Il faut que les gens sachent que ce n’est pas un dîner de gala d'être président de la République, qu’on doit rendre des comptes, qu’on doit travailler pour le pays. À mon avis, c’est par là qu’il faut commencer. Ensuite, il faut limiter les pouvoirs du président de la République. Beaucoup de gens veulent être président, parce qu’ils pensent qu’ils vont s’enrichir facilement avec leur famille. C’est pour cela qu’il y a énormément de candidatures. La plupart d'entre eux n’ont aucun projet pour le Sénégal ni pour l’Afrique. Au Sénégal, lorsqu’on est président, on peut s'accaparer les ressources de l’État, on peut s'accaparer le foncier, on fait ce que l’on veut et après on s’en va. C’est cela qu’il faut arrêter. Pour cela, il faut que le président soit justiciable et que ses pouvoirs soient limités. Il faudrait également que l’Assemblée nationale change. Il faut des députés capables de contrôler le gouvernement. La manière dont on élit les députés, le ‘’raw gaddou’’, n’est pas normal. Pour toutes ces propositions, nous avons un ensemble de réformes pour moderniser l'État sénégalais. Au niveau des mairies également, il y a beaucoup de choses à faire : changer le règlement financier. Ensuite, il y a un problème important concernant les partis politiques. Il faut mettre de l’ordre là-dedans. Ces nombreuses candidatures remettent au goût du jour le débat sur la rationalisation des partis politiques… D’abord, il y a une loi sur les partis politiques qui n’est pas appliquée au Sénégal. Il faut moderniser le système politique, le fonctionnement des partis politiques et parvenir à un financement public par l'État. Pour cela, il faut quelqu’un qui ait la volonté de le faire, comme moi. Il ne faut pas créer le désordre, car beaucoup veulent faire passer leur projet funeste pour le Sénégal dans le désordre. Je crois que c’est ainsi que nous pourrons stabiliser notre système démocratique, renforcer la République. Le Sénégal a besoin d’une République solide, d’une démocratie forte, pour pouvoir effectuer les réformes nécessaires, pour favoriser la croissance de l’économie sénégalaise, pour prendre en charge le bien-être des populations et pour résoudre la lancinante question du chômage des jeunes. Seriez-vous prêt à divulguer votre patrimoine aux Sénégalais ? Oui, je n'ai aucun problème à ce sujet. Cependant, ce que je vous dis, c’est que la déclaration de patrimoine est trompeuse. Je suis bien au fait des principes de la comptabilité et de l’économie. Que faudrait-il faire pour que cela soit efficace? Il faudrait d'abord être d’accord sur le fait que je suis opposé à la déclaration sur l’honneur. Même si je la fais, bien évidemment, je connais des gens qui l’ont fait, alors qu’ils ne sont manifestement pas de nationalité sénégalaise. Ils ont fait une déclaration sur l’honneur, alors qu’ils ont peut-être des problèmes avec le fisc. En passant sous silence ces situations, on nous entraîne dans une histoire que personne ne peut contrôler. La déclaration de patrimoine existe dans ce pays. Lorsque vous avez géré un budget de plus d’un milliard, vous devez faire une déclaration de patrimoine devant l’Ofnac, mais elle est mal faite. Lors d’une élection présidentielle, si vous demandez à quelqu’un de faire une déclaration de patrimoine, il la fera, mais cela ne résout pas le problème. Pour ma part, je n'ai rien à cacher. Si vous me demandez ma déclaration de patrimoine, vous risquez d’être très déçu. Pour moi, ce n’est pas là le problème. Il est vrai que nous vivons dans un pays où les gens pensent que l’argent c’est tout. C’est ce que l’on a inculqué dans la tête des Sénégalais, surtout au cours des 20 dernières années. Ils se trompent… Avec près de 100 candidatures, il est très probable qu'il y ait des doublons. En 2019, vous avez déjà été confronté à ce problème. Êtes-vous optimiste cette fois-ci ou pensez-vous que cela soit matériellement très compliqué, surtout si l'on doit passer parmi les derniers pour la vérification ? En 2019, nous n'étions pas préparés au parrainage, ce qui nous a pris par surprise. Cependant, depuis, nous avons appris. Nous avons eu des parrainages en 2022, par exemple, lors des élections législatives. Nous avons mieux compris les pièges et les traquenards qui ont été posés par le régime. Notre parrainage a été beaucoup plus propre qu'en 2019, et nous pensons avoir évité les autres problèmes. En ce qui concerne les doublons externes, lorsque la liste des candidats est nombreuse, être classé dernier augmente les chances d'avoir des doublons externes. (Mais je pense que nous allons réussir notre parrainage). Vous avez montré un grand intérêt pour les questions énergétiques, notamment celles concernant les hydrocarbures. L’ITIE a récemment publié un rapport indiquant que l'État a collecté 275 milliards. À votre avis, est-ce que le Sénégal profite pleinement de ses ressources naturelles ? Qu’est-ce que vous appelez le Sénégal ? L’Etat du Sénégal. Donc, les finances publiques. Parce que si vous parlez du Sénégal, au moins à Saraya, on sait qu’il ne profite pas de cela. C’est l’un des départements les plus pauvres, et donc ne profite pas de la production d’or. Alors, vous avez parlé des recettes que l’État tire des ressources minières. Moi, ce que j'ai toujours demandé, c’est qu'il faut à la fois comparer les recettes que l’État tire aux bénéfices des sociétés minières ou même à ce que les actionnaires gagnent. C’est ainsi que vous pouvez avoir une idée de l’importance de ce que l’État gagne. Sinon, en valeur absolue, cela ne veut rien dire. Pour ma part, je ne peux pas me prononcer là-dessus. L’État a toujours refusé de faire le travail que je leur ai demandé de faire. Je dis qu'il faut avoir une idée exacte du partage des richesses minières entre les différents acteurs. C'est-à-dire l’État, la société minière, les actionnaires, et peut-être même les travailleurs. Vous avez contesté certains contrats que vous estimez mal ficelés. Si les Sénégalais vous font confiance, seriez-vous prêt à réviser ces contrats ? Je vais aller plus loin. Je vais faire une pause dans tout ce qui est exploitation minière d’abord. Les contrats dont vous avez parlé résultent d’un code minier où le Sénégal n'avait pas encore découvert ses mines. À partir de ce moment-là, le Sénégal a mis en place un code minier très favorable à l’investissement direct étranger, cet objectif étant voulu par les libéraux qui étaient au pouvoir. Maintenant que nous avons une idée précise de nos richesses, notamment dans le domaine de l'or, je crois qu'il est temps de faire une pause et de déterminer la direction à prendre. Je considère que dans le domaine des mines et de l’énergie, sans projet industriel, nous perdons notre temps. En ce qui concerne le pétrole et le gaz naturel, c’est là que nous avons eu d'importantes contestations, notamment avec l'affaire Pétrotim et de Frank Timis. Nous avons même porté plainte devant les tribunaux. La question est toujours en suspens. L’affaire Pétrotim, ce contrat, nous envisageons de le revoir. Nous disposons d'éléments juridiques, l’article 8 du code pétrolier ayant été manifestement violé. Nous disposons des éléments nécessaires pour renégocier ce contrat, qui est crucial pour le Sénégal. Voilà comment nous voyons les choses dans le domaine des mines. En résumé, il est essentiel d'avoir un projet industriel, ce que nous avons. Deuxièmement, nous allons exploiter les ressources en fonction de notre projet industriel. Troisièmement, nous aborderons sérieusement la question du partage des valeurs ajoutées. L'esprit scientifique est crucial, si nous voulons nous développer. Vous ne pouvez pas rejeter l'esprit scientifique et prétendre vous développer. Cette rigueur n’est même pas présente dans la déclaration de patrimoine. Des gens se sont enrichis de façon extraordinaire ici. Les fuites financières illicites représentent trois cents milliards par an dans notre pays. Si vous êtes sérieux et avez un projet patriotique et industriel, vous pouvez profiter des ressources minières pour développer le pays. L’exploitation des hydrocarbures a été annoncée d’abord en 2022, reportée en 2023, aujourd'hui on parle de 2024. Est-ce que vous êtes optimiste ? Vous parlez de l’exploitation du gaz et du pétrole de Sangomar avec l’opérateur Woodside, ainsi que du gaz naturel de Saint-Louis avec BP. Je vous informe que BP s’est retiré de Cayar. Je ne connais pas encore les raisons. J’ai posé la question au gouvernement, mais il n'a pas encore répondu. Ces retards me semblent incompréhensibles. Chaque fois, on nous dit que c’est le bateau, construit à Singapour je crois, qui tarde à arriver. Un bateau en provenance de Singapour vers le Sénégal devrait être facile à suivre. Alors, qu'est-ce qui se passe ? J’ai posé la question au gouvernement. Maintenant, on nous annonce le début de l'exploitation au début du second semestre 2024. Nous attendons de voir ce qui va se passer. Je suppose que BP a investi beaucoup d’argent et a donc intérêt à commencer l’exploitation. Ou peut-être que BP attend tout simplement un nouveau régime pour pouvoir commencer l’exploitation. Cela fait également partie des stratégies des firmes internationales. Pour ceux qui connaissent la géopolitique des ressources minières, c’est une situation tout à fait envisageable. Récemment, une polémique a éclaté au sujet d'une supposée exploitation de diamants. Que vous inspire ce débat ?" En tout cas, d'après mes connaissances en géologie - je suis ingénieur des mines ; je suis le premier Sénégalais sorti de l’École des mines de Paris - il n’y a pas de diamants au nord du Sénégal, du moins pas à terre, sauf si l'on envisage des gisements au fond de la mer, ce qui n'est pas encore d'actualité. Par conséquent, je ne comprends pas pourquoi quelqu'un qui souhaite diriger le Sénégal affirme qu’il y a du diamant au nord. Si l'on souhaite rechercher des diamants, il faut se tourner vers le sud, en direction de Bakel, Tamba, Kédougou, Saraya, etc. Dans cette région où l'on trouve de l'or, du fer, il y a peut-être des chances d'y découvrir des diamants. Je sais également que si l'on se réfère au rapport de l’ITE, il y a des permis de recherche et d’exploitation, ainsi qu'une autorisation d’exploitation de diamants dans la zone de Saraya. Cela remonte à une histoire ancienne. On avait découvert une roche contenant des diamants il y a très longtemps, vers les années 1970. Par conséquent, quelqu’un a demandé une autorisation d’exploitation et cela lui a été accordé. C’est peut-être cela qui donne l’impression qu'au Sénégal il y a des diamants. Quels sont les axes de votre programme dans le domaine de l’exploitation minière? Mon programme est axé autour des institutions et des réformes économiques; c’est lié. C’est le constat que j’ai fait depuis 1996, quand j’ai publié ‘’Les Africains sauveront-ils l’Afrique’’ et c’est le sens de mon combat. Pour moi, par exemple, on ne doit pas faire plus de deux mandats. Parce que si vous laissez un Africain faire plus de deux mandats c’est la dynastie qui s’installe. Vous n’aurez alors plus de développement, parce qu’elle voudra s’accaparer de toutes les ressources publiques, foncières. C’est comme ça que cela se passe ici. On a rompu avec cela historiquement. Aujourd’hui, nous voulons ramener des usines au Sénégal. Celles que nous avons ciblées, nous les connaissons très bien. La filière la plus immédiate est celle qui touche à notre autonomie alimentaire. Ainsi, je pense aux huileries par exemple. Il n’est pas question pour nous de les fermer. Il ne faut pas revenir au Pacte colonial. On ne peut cultiver des graines d’arachide pour les amener en Chine. Il faut arrêter cela. On pense à rouvrir et renforcer nos usines à Ziguinchor, à Diourbel, à Kaolack, pour avoir de l’huile d’arachide. Il y a également des usines qui sont dans les filières de riz, de tomates, etc. C’est ce qu’il faut consolider et ce sont des secteurs pourvoyeurs d’emplois. Il faut orienter notre agriculture de sorte que les produits puissent être transformés par l’industrie. C’est comme ça qu’il faut voir ça. Il y a, à côté, l’industrie des engrais. On a saboté nos engrais. Il faut que les ICS redeviennent la colonne vertébrale de l’économie sénégalaise, comme l’Office chérifien des phosphates au Maroc. Le Maroc a près de 500 millions de réserves, alors que nous nous sommes à un milliard. Je trouve cela antipatriotique de liquider notre filière acide phosphorique et nous allons travailler à ça. Il y a également le secteur textile. On peut créer des milliers d’emplois dans ce secteur avec les tailleurs et autres. Il faut les organiser. On produit du coton, ce n’est pas assez. On peut augmenter la production et aller jusqu’à la filature et la confection. Il y a les filières liées à la pétrochimie, parce que nous avons du pétrole et du gaz. Nous avons un projet de type de voitures que nous allons construire. Voilà dans quelle direction nous voulons aller (...). Voilà le cap à franchir par le Sénégal, si nous voulons avoir l’une des économies les plus puissantes en 2045, c’est la direction à prendre. On n’a pas le choix, sinon on va aller dans le gouffre, parce qu’Amadou Bâ et son gouvernement nous ont montré leurs limites. Leur économie produit 10% d’emplois par an. Depuis 2012, on parle de transformation structurelle de l’économie qui est un axe majeur du PSE et cela semble porter ses fruits, puisque le Sénégal est le dixième pays le plus industrialisé d’Afrique, selon un classement. Qu’est-ce que vous en pensez ? Je ne sais pas ce que cela veut dire. Comment on peut être 10e en matière d’industrialisation, alors que nous n’avons pas d’usine. Après, en Afrique, on n’a pas beaucoup de pays industrialisés. A part l’Afrique du Sud, on a peut-être l’Egypte, l’Ethiopie, le Maroc, l’Algérie, il n’y a rien. Parler du 10e pays le plus industrialisé ne signifie rien. C’est ce que j’appelle le ‘’tapalé’’ et c’est ce qu’il faut sortir du débat politique. C’est une sorte de mensonges d’Etat, de manipulation. Il n’y a pas d’industrialisation ici, cela ne les intéresse même pas. Ce qui intéresse Macky Sall et le PSE c’est d’emprunter de l’argent pour faire des infrastructures. Dans la construction de ces dernières, il y a beaucoup de corruption, mais également en confiant le travail aux compagnies étrangères des pays qui vous prêtent de l’argent. Prenons l’exemple du TER, on a mis mille milliards FCFA pour au finish avoir 500 emplois. Moi, je ne ferai jamais cela. Même si cela facilite le déplacement de la population? Et alors ? C’est l’emploi qui est important, le revenu que les gens ont. Le TER facilite le déplacement de quelques personnes au Sénégal. On y investit mille milliards, alors que des alternatives existent. Toute l’économie est concentrée à Dakar, c’est ce qui crée les problèmes de déplacement. Dakar est tout petit. On rentre dans une chaîne et on n’en sort pas. Il nous fait des pôles régionaux de développement. Il faut d’autres Dakar dans le Sénégal. Tambacounda doit être un pôle de développement régional. C’est évident pour quelqu’un qui connaît l’économie sénégalaise. L’essentiel de nos exportations vont au Mali, l’eau que nous buvons vient de la Guinée. Comment comptez-vous développer ces pôles régionaux? Nous partons des conclusions des assises nationales. C’est une idée que j’avais développée lors de la campagne présidentielle de 2007 et les Assises nationales ont retravaillé la question. On est tombé d’accord sur six pôles régionaux et c’est sur cette base-là que nous allons peut-être travailler et voir comment nous allons réorganiser le Sénégal. Un pôle régional de développement, dans notre entendement, doit être un endroit où il faut avoir une université, un CHU, etc. Il faut autour des pôles régionaux avoir des Conseils économiques et environnementaux. Nous allons donc réformer le Conseil que nous avons. Au lieu de faire un Conseil de 100 personnes nommées par le Président et qui font des rapports que personne ne lit, nous allons installer les Conseils au niveau des pôles régionaux pour qu’il les aide à faire les investissements structurants qu’il faut. On a 80% du PIB à Dakar, c’est intenable. Il faut qu’on en prenne conscience et qu’on en sorte, dès maintenant. Que pensez-vous de la politique d’endettement de l’Etat du Sénégal? Elle est catastrophique. Macky a emprunté au moins 15 mille milliards FCFA depuis 2012 et a au moins mille milliards d’arriérés intérieurs, c’est-à-dire que l’Etat doit de l’argent à des entreprises sénégalaises. Je dis toujours au Gouvernement qu’une bonne gestion de nos finances publiques au Sénégal c’est quand les arriérés intérieurs sont égal à zéro; lorsque l’Etat arrive à temps à payer ses fournisseurs. Mais ce n’est pas la taille du budget qui le détermine. A mon avis, la politique d’endettement de Macky Sall n’est pas une bonne politique. Si on doit s'endetter, on doit le faire pour s’industrialiser. C’est là où on peut avoir la valeur ajoutée qui permettra de rembourser la dette. Si on continue dans des schémas compliqués, on tombe en faillite et c’est là qu’intervient le Fonds monétaire international qui vient prendre en charge l’économie, comme c’est le cas aujourd’hui. Le 15 décembre, le FMI a donné au Sénégal 15 milliards. On court derrière la France pour augmenter ce montant. On est revenu à l’ajustement structurel. Pourtant, on a une Assemblée nationale qui est plus ou moins équilibrée. Quel est votre travail? Est ce que les députés n'ont pas failli à leur mission qui consiste entre autres à contrôler l'action du gouvernement ? En tout cas moi, je fais de mon mieux. Le contrôle et l'action du gouvernement n'est pas bien organisé, parce que techniquement, ce sont les questions orales, les questions d'actualité. Tout cela s'est fermé à l'Assemblée nationale.... C'est parce que l'opposition n'a pas la majorité. La majorité est toujours du côté de Benno Bokk Yaakaar avec ces non-inscrits qui sont du côté de BBY. C'est cela la réalité du terrain. On ne peut pas beaucoup avancer dans le contrôle. Ensuite, il faut des mécanismes. Il faut qu'on accepte. Moi, si j'étais dans une administration, pour contrôler, il faut qu'on me permette de le faire. Je me souviens d'une année, je suis parti avec des députés pour voir ce qui se passait au port de Dakar avec l'affaire Necotrans, mais ce sont les gendarmes qui sont venus nous accueillir. Ils voulaient nous brutaliser. Voilà un peu la situation, mais tout cela il faut des réformes sérieuses avec des textes très clairs. A partir de ce moment, les députés pourront contrôler l'action du gouvernement en ce moment. Mais pour l'instant, on n'y est pas. En ce qui concerne toujours la politique économique et financière, beaucoup de spécialistes pensent qu'on ne peut pas se développer dans la souveraineté monétaire. Certains en arrivent même à proposer une sortie du F CFA, vous, êtes-vous d'accord avec cette proposition ? Que feriez-vous à la place ? En tout cas, nous, notre proposition au niveau de notre coalition MLD-Teki 2024, c'est de dire qu'il faut pousser avec plus d'énergie et d'arguments pour aller vers une monnaie de la CEDEAO. C'est cela notre position. Parce que c'est ça qui fait sens. C'est le Sénégal dans l'Afrique de l'ouest. Moi je ne suis pas favorable à la balkanisation monétaire. Maintenant, s'il y en qui veulent adapter le dalasi, Gambien, ils n'ont qu'à y aller. Ce n'est pas sûr que c'est dans l'avantage du Sénégal et de la Gambie. Partagez-vous l'avis qu'il y a une crise de confiance entre les Sénégalais et les institutions particulièrement l'institution judiciaire? Si les Sénégalais vous font confiance, que feriez-vous justement pour restaurer cette confiance ? Il y a une crise entre les Sénégalais et leurs institutions, notamment la plus importante qu'est le président de la République. Je vais commencer par ça. C'est cela qui explique cette floraison de candidatures à la présidentielle. Mais aussi parce qu'on va avoir du gaz et du pétrole. Chacun se dit : 'moi je vais aller m'enrichir facilement. C’est pourquoi, on note cette ruée vers le gaz qui traduit en fait, ce qui cache la ruée vers la présidentielle, l'or blanc ou l'or noir, le gaz ou le pétrole. Donc, il faut comme je vous ai dit réconcilier les Sénégalais et leurs institutions y compris la justice. Pour moi, le point de départ, c'est le président qui doit être justiciable. Je vous ferai remarquer que je suis le seul candidat qui le dit et qui est prêt à se l'appliquer. Personne ne le dit. Je ne comprends pas pourquoi ils ont peur que le président soit justiciable ? Est-ce qu'ils n'ont pas l'intention de bien travailler pour le Sénégal ! De respecter les lois et règlements de ce pays! Est-ce qu'ils n’ont pas l'intention de défendre l'intérêt du Sénégal! D'appliquer le serment qu'on lit et qui est dans la constitution, quand on est président de la République ! Est-ce parce que leurs déclarations sur l'honneur sont fausses! Voilà autant de questions que je vais poser dans le débat public dans les prochaines semaines dans ce pays. " Alors la justice déjà, moi je pense que le président de la République ne doit d'abord plus être chef de parti politique. Cela va beaucoup aider. Ce n'est pas la peine de recevoir les gens de sa formation politique. Moi je ne vais pas recevoir les gens de Tekki au palais, à la salle des banquets. Je trouve cela irrespectueux par rapport aux Sénégalais. Deuxièmement, le président ne doit plus présider le conseil supérieur de la magistrature. Il faut un vrai parquet financier avec des magistrats formés à la finance internationale, aux rouages de la finance internationale. Il faut s'assurer et mettre les conditions pour l'indépendance de la justice. Et de l'autre côté aussi, trouver un moyen de surveiller la justice, parce que la justice est au nom du peuple. Donc, il doit y avoir un moyen de contrôle peut-être lié à l'Assemblée nationale. Il y a plusieurs formules sur la table qu'on étudiera. Voilà le paquet de réformes que nous voulons faire dans le domaine de la justice. Il y a évidemment trop de prisonniers. Là aussi, il y a des choses à faire. Je crois qu'il faut qu'on soit courageux et qu'on en parle avec nos amis de Jamra. La question aujourd'hui du chanvre indien qui fait que pour un rien on met les enfants en prison, manifestement cela ne va pas diminuer la consommation de chanvre indien dans ce pays. Il faut être courageux pour discuter avec eux pour voir qu'elle est la meilleure formule aujourd'hui. Vous voulez parler de la réforme de la loi sur la criminalisation du chanvre indien précisément? En tout cas, il faut qu'on discute avec nos amis de Jamra. C'est ce que j'ai dit. Il faut regarder les choses en face. Moi j'ai tellement de cas qu'on me signale. Donc trop de jeunes en prison, lorsque des cornets de chanvre indien sont découverts par devers eux. Il faut qu'on voit comment avancer dans ce dossier. Je pense que le bilan, il faut le faire avec Jamra. Ce sont nos amis. On est dans beaucoup de combats ensemble. Tout cela va faire qu'effectivement, nous allons avoir des prisons qui ne soient pas des .... Quand vous visitez les prisons au Sénégal, les conditions sont inhumaines. Il faut le dire, on ne peut pas continuer comme ça, surtout avec nos jeunes qu'il faut préparer dans l'avenir. Il y en a beaucoup qu'on peut récupérer. Voilà moi ce que je pense dans ce domaine. Dans la justice, il y a beaucoup de travail à faire. Il faut reprendre la question de l'état civil. Un réel problème dans ce pays qu'il faut régler.

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