Les craintes et propositions des maraîchers
Alors que le Gouvernement met en œuvre une politique pour le développement de l’agriculture et l’autosuffisance alimentaire, les agriculteurs de la zone des Niayes expriment leurs inquiétudes quant à l’avenir de leur secteur.
Regroupés au sein de la Coordination des producteurs et fournisseurs des Niayes (Coprof), les agriculteurs de la zone des Niayes ont tenu, hier, une conférence de presse à Kayar pour discuter des nombreux défis auxquels ils sont confrontés et proposer des solutions concrètes pour favoriser le développement agricole, la création d'emplois et l'autosuffisance alimentaire.
Les maraîchers soulignent, en effet, que le secteur de l’horticulture rencontre d’énormes difficultés liées au foncier. Selon le porte-parole Gora Diène, ils rencontrent des problèmes pour obtenir des titres fonciers en raison de procédures administratives longues, coûteuses et complexes. « Ces obstacles limitent notre accès aux financements bancaires, freinant ainsi nos capacités d'investissement et de développement. Nous appelons l'État à simplifier ces démarches pour permettre une meilleure sécurisation des terres et un accès facilité aux crédits », a déclaré M. Diène.
De plus, les agriculteurs de la zone des Niayes sont préoccupés par la dégradation des terres et les problèmes environnementaux causés par l’implantation industrielle intensive. Ils dénoncent la pollution et la dégradation de leurs terres par certaines industries, et signalent que l’exploitation non durable des carrières menace gravement les terres agricoles. La Coordination des producteurs et fournisseurs des Niayes demande la mise en place de régulations strictes pour la gestion des déchets industriels et l’exploitation des carrières, ainsi que des mesures pour la réhabilitation des sols après exploitation.
L’équation de l’eau
Dans la zone des Niayes, l’accès à l’eau reste un défi majeur dans certaines zones, ce qui, selon Gora Diène, augmente les coûts de production pour les agriculteurs. Il propose le développement de systèmes d’irrigation efficaces, la subvention de l’accès à l’eau et l’adaptation des forages aux spécificités locales pour éviter les nappes salées et garantir un approvisionnement en eau douce.
La conservation et la commercialisation des récoltes constituent également un problème pour les agriculteurs. À cela s’ajoute l’accès limité aux financements, notamment pour les femmes et les petites exploitations. Le coût élevé du matériel agricole est aussi un obstacle majeur pour les agriculteurs. En ce sens, les maraîchers de la zone des Niayes demandent à l’État la défiscalisation de l'importation de matériel agricole par les coopératives et l’accès anticipé aux engrais pour une meilleure planification des cultures.
En plus de ces accompagnements, Gora Diène souligne que les coopératives agricoles ont besoin d’un renforcement des capacités et de formations adaptées aux besoins spécifiques de chaque zone pour améliorer la gestion et augmenter la production. Selon lui, la zone des Niayes regorge d'opportunités qui, si elles sont bien exploitées, peuvent contribuer significativement à la création d'emplois et à l'atteinte de l'autosuffisance alimentaire.
De ce fait, la Coprof appelle les autorités étatiques à collaborer étroitement avec les acteurs locaux pour développer le secteur agricole et valoriser les terres disponibles.
Ndeye Diallo (Thiès)