Entre loisirs, travail et révisions
Les grandes vacances sont un moment idéal de divertissement et d’amusement pour les élèves. En effet, à Fass Mbao, un quartier de la banlieue dakaroise, la majeure partie des enfants passent les journées à déambuler dans les rues et les terrains de foot. Certains font de petites activités qui leur permettent de gagner de l'argent pour pouvoir préparer la rentrée scolaire. Contrairement à la Médina, un quartier populeux de Dakar, les enfants passent ces moments dans les écoles de foot, de basketball et dans les Daaras.
Pendant les vacances scolaires, dans la banlieue dakaroise, notamment à Fass Mbao et environ, les rues, les terrains de foot, les plages sont occupés par des écoliers et des lycéens qui profitent pleinement, après neuf mois de cours et de concentration, de leurs vacances. Il y a d’incessants va-et-vient. Bref, on aperçoit des enfants partout, dans toutes les artères. Cependant, tout le monde ne musarde pas. Il y a ceux qui profitent de ces moments pour mener de petites activités rentables leur permettant de gagner de l’argent pour pouvoir acheter leurs fournitures scolaires.
Ainsi, ils sont dans la vente de divers articles et produits ou travaillent dans des usines, selon leur âge. Mouhamed Fall, élève en classe de 1re, fait partie de ces jeunes qui préparent leur rentrée scolaire.
Issu d’une famille démunie et conscient de cela, il décide de se prendre en charge. Il travaille du lundi au samedi dans une usine de cheveux artificiels sise à Fass Mbao, depuis un mois et demi. "Une de mes tantes voulait que je vienne passer les vacances chez elle, à Kaolack, mais je préfère rester ici à Dakar et travailler. Ce, dit-il, pour aider sa maman qui est malade ainsi que pour préparer la rentrée, confie ce lycéen plein de courage et d’abnégation.
Idem pour Woury Ba, un autre élève de 16 ans, en classe de 3e, qui a quitté son village natal à Kédougou pour venir passer ses vacances à Dakar. Malgré son jeune âge, il est apprenti carreleur pour gagner un peu d'argent avant la rentrée scolaire. "Je profite également pour apprendre le métier, au cas où l’école ne marche pas, car aujourd’hui, je vois beaucoup de diplômés chômeurs. Par conséquent, je pense que l’école seule ne suffit plus pour réussir sa vie", confie ce garçon.
Plus jeune que les deux premiers cités, Astou Fall, une élève de la 6e, un seau sur la tête, vend de l’eau fraîche en sachet. Une activité qu’elle trouve rentable. "Après avoir fini mon année scolaire, j’ai demandé à ma mère de me prêter 1 500 F CFA pour démarrer mon activité. Le lendemain, je suis allée acheter des sachets d’eau que je mets au congélateur. Je trouve que c’est mieux que de rester à la maison pendant les trois mois sans rien faire”, raconte fièrement cette fillette de 13 ans. Elle se frotte les mains, car, dit-elle, elle peut vendre trois à quatre sacs de sachets par jour. Seulement, à son âge, elle ne devrait pas être dans la rue avec tous les dangers qu’il y a.
À Fass Mbao, en général, pendant l’année scolaire, ce sont les mamans qui font le ménage, la cuisine et les autres tâches ménagères. Consciente des efforts de sa mère lorsqu’elle allait à l’école, Amina Diatta a décidé de passer ses trois mois de vacances dans la cuisine. "Durant toute l’année scolaire, c’est ma mère qui faisait les tâches ménagères. Maintenant, vu que je suis en vacances, je prends le relais pour qu’elle puisse se reposer avant l’ouverture des classes et de se concentrer sur son petit commerce", confie-t-elle. Elle aide aussi sa mère à vendre ses légumes au marché.
Comment gérer les tout-petits pendant les vacances ?
Après une année scolaire bien chargée, les enfants doivent se divertir, pour se libérer du stress et pour pouvoir reprendre en bonne forme les cours. Arame Fall, une mère de famille d’une quarantaine d'années, estime que les élèves doivent profiter pleinement des grandes vacances. "Même une machine a besoin de repos. Quelqu’un qui a étudié pendant neuf mois a le droit de se reposer, de se divertir", dit-elle. Elle a fait savoir que ses enfants sont à l’internat, ils ne rentrent que pendant les vacances. "On part au restaurant, à la plage. Ils ont besoin de se divertir pendant les vacances, car ils n’ont pas assez de temps pendant l’année scolaire”, raconte-t-elle. D’ailleurs, elle ne leur demande pas de lire ou de faire des exercices, car elle estime que cela n’est pas bien pour leur santé.
Aliou Ndao, un élève en classe de seconde est en phase avec Arame Fall. Selon lui, il n’a touché à rien qui soit en rapport avec l’école depuis qu’il est en vacances et ne compte pas le faire. "Je profite bien des vacances. Je mange bien, je dors et je joue au foot. Ce n’est pas facile d’étudier pendant neuf mois et vouloir aussi suivre la même routine pendant les vacances. Les vacances sont faites pour bien s’amuser, se divertir et se reposer", pense-t-il.
Cependant, si certains se reposent, d’autres n’ont même plus droit à une sieste tranquille. Ce sont des parents des tout-petits. Des élèves de la maternelle ou encore à la garderie. Ils sont ‘’ingérables’’. Ils passent leurs vacances à regarder des dessins animés, à perturber et à gâcher le sommeil des ainés. "J’ai hâte que l’école rouvre ses portes. Mes enfants vont me rendre folle. J’ai deux filles ; l’une a 7 ans et l’autre en a 5, mais on dirait qu’il y a dix enfants qui se réveillent dans ma maison. Depuis qu’elles sont en vacances, je ne dors pas assez. Quand elles se réveillent le matin, toute la maisonnée va aussi se réveiller. Elles sont terribles”, confie cette mère de famille, Amy Faye.
Révision pendant les vacances
Contrairement à Fass Mbao, à la Médina, pendant les grandes vacances, certains parents préfèrent envoyer leurs enfants dans les Daaras de vacances, des écoles de foot ou de basket. Ceux qui sont dans les Daaras apprennent cinq jours dans la semaine, de 8 h à 18 h, avec une heure de pause. Trouvé en train de jouer au foot avec ses camarades, Khadim Sall, élève en classe de CM2, confie que sa mère l’a inscrite au Daara depuis fin juin. Les jeudis et les vendredis, il profite de la pause semaine pour jouer au foot avec ses camarades. Abdou Aziz Mbaye, un élève en classe de 5e est inscrit à l’école Promo Sport de la Médina pour jouer au football. Pour une somme de 10 000 F CFA, il passe de belles vacances. Cette école ainsi que celle du basketball sont remplies d’enfants, des filles et des garçons. Sachant qu’un élève de la terminale n’a pas de temps, Rose Badji, une lycéenne de 17 ans, commence déjà à apprendre les leçons de la terminale et à lire ses œuvres au programme. "Je prépare mon bac dès à présent. Je suis en vacances depuis mi-juin. Mais j’ai commencé à faire des exercices, à lire les cours de terminale et les œuvres au programme. Je fais aussi des recherches", raconte cette jeune fille retrouvée accrochée à ses cahiers. Sourire aux lèvres, elle estime qu’un élève de terminale ne doit pas avoir de vacances.
Elle n’est pas la seule à penser cela. En effet, certains parents estiment qu’on peut avoir des activités à la fois ludiques et instructives. Un enfant doit être occupé, mais il doit l’être de manière utile. "On est en vacances certes, mais je ne laisse pas mes enfants traîner. Un enfant, on l’occupe. Il ne doit pas avoir beaucoup de temps et de liberté. Je pense que s’il a trop de temps, il peut faire n’importe quoi”, soutient Mme Mbaye, une mère de famille d’une quarantaine d’années. Consciente des dangers de la rue et des avantages de l’école, elle impose à ses enfants de lire des ouvrages, de suivre des documentaires. "Personne ne sort. Je leur ai trouvé un instituteur depuis fin juillet, pour qu’ils puissent faire des cours de vacances”, dit-elle avec fermeté.
Embouchant la même trompette, Zeïnab Diamanka, mère de deux filles et d’un garçon, raconte que ses enfants vont au Daara tous les matins, une occasion pour eux d’apprendre le Coran, car pendant l’année scolaire, ils n’ont pas assez de temps pour le faire. Il y a une grande complicité entre elle et ses filles. Zeïnab ne veut pas seulement que ses filles soient intellectuelles et mémorisent le livre saint, elle leur apprend aussi à faire la cuisine et comment se comporter en société. Elle est d’avis que même si on est en vacances, les parents ne doivent pas laisser leurs enfants traîner dans les rues avec tous les dangers de Dakar.
FATIMA ZAHRA DIALLO