Publié le 20 Aug 2024 - 17:11
RENÉGOCIATION DES CONTRATS  

Ousmane Sonko déclare la guerre aux compagnies 

 

Quatre mois après leur arrivée au pouvoir, le régime de Bassirou Diomaye Faye et d’Ousmane Sonko cherche toujours la voie pour renégocier les contrats pétroliers.

 

C’est une commission multidisciplinaire, présidée par l’inspecteur des impôts à la retraite, Ibrahima Diop, qui est chargée d’aller aux trousses des contrats qui ont été signés par le régime du président Macky Sall avec les majors du pétrole et du gaz. Dans une cérémonie d’installation diffusée hier au JT de la RTS1, le Premier ministre a donné ses instructions. ‘’Le premier exercice, souligne-t-il, sera de passer en revue ces conventions à l’aune des différentes bases juridiques qui les fondent, de vérifier scrupuleusement leur conformité à ces textes juridiques…’’

Pour Ousmane Sonko, le travail consistera aussi à revoir le respect des différentes étapes des conventions. ‘’Il y a des conventions qui doivent être signées ; les conventions qui doivent être renouvelées sous condition ; elles peuvent aussi être prorogées sous condition ; ce qui est rarement respecté. Sous ce rapport, il y a beaucoup à revoir et beaucoup à récupérer pour le compte du Sénégal’’, instruit le président de Pastef/Les patriotes.

Par cet acte, c’est un jalon qui vient d’être posé par le leader politique, dont le camp s’est fait un nom grâce à cette rhétorique sur le déséquilibre des contrats liés aux hydrocarbures. Pour lui, il s’agit de matérialiser un engagement qu’ils avaient pris devant le peuple. ‘’Cette commission découle de la volonté de Son Excellence Monsieur le Président de la République de respecter un engagement qui a été le nôtre pendant très longtemps. En tant que parti politique de l’opposition, nous avons eu à regretter et dénoncer vigoureusement la manière dont les accords et les conventions étaient conclus au détriment, la plupart du temps, des intérêts stratégiques du Sénégal. Et nous avions pris l’engagement ferme de revenir sur ces différents accords, de les réexaminer et de travailler à les rééquilibrer dans le sens de l’intérêt national. Nous tenons à respecter cet engagement’’, rappelle le Premier ministre.

À son avis, contrairement à ce que certains ont pu avancer, il n’a jamais été question de tout remettre en cause. ‘’La logique n’a jamais été de venir tout raser, tout remettre à plat, nationaliser même, comme certains le pensent. Ce n’est pas la logique. La logique, c’est de travailler de manière scientifique, de manière rigoureuse, méthodique sur tous les aspects relativement à ces conventions’’.

Ousmane Sonko se dit conscient que la tâche est loin d’être aisée. La finalité, c’est de trouver des éléments solides pour aller en force aux négociations. ‘’C’est un travail fastidieux, extrêmement précis qu’il faudra faire et qui devra permettre à l’État d’avoir les moyens de poser ou d’imposer la discussion avec les partenaires. Sur des bases concrètes, sur des faits établis, on pourra appeler les uns et les autres pour rediscuter et réorienter ces conventions dans le sens de beaucoup plus d’équilibre, de gains partagés pour les deux parties’’, a expliqué le Premier ministre qui assure à la commission tout le soutien des plus hautes autorités. ‘’La commission, dit-il, peut faire recours à toute expertise nationale ou internationale qu’elle juge utile’’.

Pour sa part, le président de la commission, Elh Ibrahima Diop, a salué l’initiative et les expertises mises ensemble. ‘’Vous avez réussi, en mettant en place cette instance, à faire se rencontrer différents cadres de la haute administration, aux parcours et état de service remarquables. Chacun dans son domaine de spécialité technique souhaitait un jour partager, avec l’autre, sur les manquements, les faiblesses et les déséquilibres  constatés dans la mise en œuvre de ces contrats. Nous nous attèlerons donc à développer, avec méthode et efficacité, les synergies et complémentarités nécessaires, pour mettre en évidence l’urgence de réviser ces contrats’’, a déclaré l’ancien directeur de la Législation, des Études et du Contentieux à la Direction générale des Impôts et des Domaines. 

Lors de son face-à-face avec la presse locale à l’occasion de la célébration de ses 100 jours au pouvoir, le président de la République avait déjà levé un coin du voile sur la stratégie de renégociation du Sénégal. Il disait : ‘’Il faut distinguer deux choses : l’audit des couts et l’audit des contrats pour la renégociation des contrats.’’ En ce qui concerne l’audit des couts, il informait que celui de Sangomar était déjà bouclé à l’époque et avait abouti à des anomalies que l’État compte contester. Pour le cas de GTA, il relevait que les audits sont en cours de finalisation et que le même processus serait opéré.

Il faut rappeler que ces audits des couts avaient été annoncés et enclenchés sous le régime de Sall. Le gros dossier sous lequel Diomaye et Sonko sont attendus, c’est donc la renégociation des contrats. ‘’L’objectif de l’audit des contrats, expliquait Diomaye, c’est de savoir d’abord si les procédures d’attribution ont été respectées. Si les procédures n’ont pas été respectées, on va les revoir. Si les procédures sont correctes, il s’agira de voir si la compagnie a respecté sa part du contrat. Si ce n’est pas le cas, elle peut faire l’objet de sanction ou être rappelée à l’ordre’’.

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