Publié le 26 Aug 2024 - 18:11
BAMBA DIÈYE SUR LES RAPPORTS PRESSE-POUVOIR

L’appel de la raison

 

Invité hier de l’émission ‘’Point de vue’’ sur la RTS1, le directeur général de la société nationale AIBD SA, Cheikh Bamba Dièye -ministre chargé de la Communication sous Macky Sall - a prôné le dialogue entre l’État et les entreprises de presse pour trouver des solutions aux problèmes.

 

Contrairement aux pyromanes qui ne cessent de jeter de l’huile sur le feu, Cheikh Bamba Dièye appelle à l’apaisement et à l’esprit de dépassement. Tout en dénonçant les pratiques anormales qui avaient cours sous l’ancien régime, l’ancien maire de Saint-Louis est revenu sur l’importance de la presse dans une démocratie et la nécessité de l’accompagner pour pouvoir accomplir sa mission.

‘’Comme je le disais pour l’Assemblée nationale, les portes étanches ne sont pas de bon augure pour la stabilité de notre pays et pour notre développement. Il faut que les gens apprennent, après que chacun a posé sa vision des choses, que nous apprenions à discuter. Aux impôts ou ailleurs, quand on constate qu’on doit quelque chose à l’État, il y a des moyens  de négocier, de voir comment trouver des facilités de paiement’’, a-t-il soutenu, invitant les patrons de presse à s’engager dans cette dynamique. ‘’C’est cette subtilité qu’il faudrait avoir, parce qu’il est clair qu’on ne peut pas fonctionner sans une presse libre, sans une presse structurée, sans des journalistes autonomes financièrement qui vont aider les Sénégalais à avoir une information de qualité, sûre et non biaisée’’.

Pour avoir dirigé le secteur sous le régime de Macky Sall, M. Dièye a la chance d’avoir une parfaite maitrise de  ce dossier. D’ailleurs, il est souvent cité en exemple, pour avoir été le seul ministre à gérer l’aide à la presse avec beaucoup de transparence, en publiant notamment la liste de l’ensemble des bénéficiaires.

À l’époque, explique celui qui avait beaucoup œuvré à l’augmentation de l’aide, le souci était de donner aux journalistes le moyen de pouvoir être sécurisés du point de vue du salaire. ‘’Ceci est une condition essentielle. Ce dont nous avons besoin, c’est moins ce conflit entre les patrons de presse et l’État, mais plus comment faire en sorte pour que les groupes de presse puissent avoir des équipements de qualité, pour que les salaires soient sécurisés…’’

L’aide, selon lui, devait avoir trois objectifs principaux :  une partie pour les équipements, une autre pour aller directement dans les salaires des travailleurs et une troisième pour voir comment structurer la boite.

L’ancien ministre de constater, pour le déplorer, ‘’l’extrême vulnérabilité de la presse face aux pouvoirs de l’argent’’. Il déclare : ‘’Des gens qui ont de l’argent peuvent mettre en place des groupes de presse et se battre pour leurs propres intérêts. Or, l’information est un service public qui appartient à l’État. C’est l’État qui la délègue à des groupes de presse et qui doit les aider, les soutenir, compte tenu de l’importance de la mission. Cela dit, tout le monde sait qu’il y a des problèmes dans la presse. Comme il y en a dans la justice, dans d’autres secteurs’’.

De l’avis de Bamba Dièye, la presse devrait, elle aussi, se remettre en cause, comprendre la nouvelle dynamique de transparence. ‘’Nous sommes dans une nouvelle dynamique. Les entreprises de presse doivent le comprendre et s’engager dans cette dynamique, dans le seul but de se donner les moyens et la liberté de pouvoir elles aussi contribuer, comme il se doit, au développement de notre pays. Aucun citoyen n’a le droit de refuser de payer l’impôt et il est heureux que les patrons eux-mêmes le reconnaissent’’.

Dans le même sillage, celui qui a été le premier, pour ne pas dire le seul ministre à avoir publié la liste des bénéficiaires de l’aide, invite les uns et les autres à s’engager dans la voie de la transparence. ‘’La transparence est nécessaire, partout. Je crois que les patrons de presse ne doivent pas s’offusquer que ce qui a été donné soit connu de tout le monde. Ça doit être la règle partout. Il faut constater que ce qui a été fait n’était pas bien. Maintenant, mettre en place des mesures pour les corriger et aller de l’avant. L’État et les patrons doivent faire le nécessaire pour se rapprocher’’, a souligné le leader de la FSD/BJ, membre de la coalition DiomayePrésident, non sans revenir sur l’obligation de l’État de veiller à la préservation de l’emploi dans tous les secteurs.

‘’Il faut savoir que le président de la République est le président de tous les 18 millions de Sénégalais. Le gouvernement est le gouvernement de tous les Sénégalais. Partout où il y a de l’emploi, il est du ressort du Premier ministre et du gouvernement de tout faire pour protéger ces emplois, mais aussi d’assoir une culture de transparence, de tout faire pour que tout le monde soit en phase avec les règles de la République. Cela veut dire aussi que les uns et les autres doivent se faire violence et abandonner les habitudes d’hier et épouser la nouvelle doctrine de transparence et d’équité’’.

MOR AMAR

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