Publié le 4 Sep 2024 - 13:08
CHEIKH AHMADOU BAMBA FACE AU CONSEIL PRIVÉ DU 5 SEPTEMBRE 1895

Sens d’un événement de haute portée religieuse

 

La prière des deux rakkas que Cheikh Ahmadou Bamba avait effectuée, le 5 septembre 1895, au palais du gouverneur colonial de Saint-Louis, est toujours interprétée diversement par les talibés et même par les historiens sénégalais. Si une frange des mourides reconnaît que Khadim Rassoul a prié pour défier les colons, d’autres soutiennent le contraire. Pour ces derniers, le cheikh avait l’habitude de faire des prières surérogatoires à certaines heures de la journée et avait prié devant les autorités coloniales pour réaffirmer sa foi en Dieu.

 

Le Magal des deux rakkas de Ndar va être célébré cette année comme à l’accoutumée. Selon des observateurs de la vie religieuse et proches des cercles mourides, Mame Bamba avait effectué ces deux rakkas naturellement, en signe d’adoration d’Allah. ‘’Maîtrisant parfaitement comment doivent fonctionner les relations entre voisins, même si on n’est pas de la même religion, le fondateur du mouridisme n’avait pas prié par ostentation, parce que ce n’était nullement pour lui une intention de provoquer les colons’’, a rappelé Serigne Faye, un responsable du Kurel des deux rakkas. Comme le dit l’adage, qui veut noyer son chien l’accuse de la rage.  ‘’La convocation du cheikh et cette prière de deux rakkas n’étaient en vérité qu’un prétexte pour le gouverneur colonial et son cabinet  d’accuser Cheikh Ahmadou Bamba de vouloir mettre en œuvre des plans de contestation de leurs pouvoirs et de préparer une guerre sainte. Après avoir fait capituler certains résistants et tués d’autres, il fallait, aux colons, neutraliser Cheikh Ahmadou Bamba pour lui barrer la route et freiner l’expansion de ses enseignements et la massification des talibés et leur adhésion à ses idées. Pour ce faire, le gouverneur colonial d’alors avait demandé à Serigne Touba de signer un document en guise de reconnaissance du pouvoir colonial. Ce que ce dernier refusa avec une sérénité déconcertante, avant de notifier au conseil privé qu’il ne croit qu’en Dieu le Tout-Puissant, le Clément, le Miséricordieux, le Commandeur des croyants qui, pour lui, est au-dessus de tout. Avant de lui dire que personne sur terre ne peut l’empêcher d’accomplir les recommandations d’Allah’’, a-t-il expliqué.  Un affront que le pouvoir colonial ne pouvait supporter.

‘’Le comportement de Borom Touba face au gouverneur était assimilé à une désobéissance par rapport au pouvoir colonial’’, a soutenu Serigne Faye.

L’intérêt particulier que le cheikh accordait à la prière

Pour le contraindre à suivre leur désir et à ne pas adorer Dieu, il fut isolé dans une étroite  cellule qui servait de débarras à la gouvernance coloniale de Saint-Louis. Malgré toutes les stratégies mises en place par le colon pour le combattre, il ne ratait pas la moindre occasion pour prier et entrer en communion avec Allah.  En dehors de la célèbre prière des deux rakkas au palais colonial de Saint-Louis, le fondateur du mouridisme a montré sous d’autres cieux et dans des endroits hostiles le sens et la portée qu’il réservait à la prière.   

C’est ainsi que le cheikh a prié en pleine mer lors de sa déportation au Gabon pour respecter l’heure prescrite de la prière. Déporté au Gabon, à Wir-Wir, domaine de prédilection de redoutables djinns, lieu mystique où de nombreux saints auraient été abattus par les mauvais esprits, Cheikh Ahmadou Bamba les dompta par la prière.  En Mauritanie et partout où Cheikh Bamba a été déporté par les colons, il a toujours fait face par l’adoration d’Allah. ‘’Il faisait des prières de deux rakaas qui duraient plus de trois-quarts d’heure en récitant souvent les plus longues sourates du Saint Coran que sont Al Bakhara et Ali Imran. D’ailleurs, Khadim Rassoul a écrit dans ses poèmes (‘khassaides’) que rien ne pouvait le perturber ou l’ébranler au moment de ses prières. Ce qui montre l’intérêt particulier que le cheikh accordait à la prière’’, a conclu le responsable au Kurel des deux rakkas.  

 

IBRAHIMA BOCAR SENE (SAINTLOUIS)

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