Publié le 9 Sep 2024 - 17:28
ÉMIGRATION CLANDESTINE - CHAVIREMENT D'UNE PIROGUE

4 morts et des dizaines de disparus

 

La page de l'émigration clandestine ne s'est pas encore refermée au Sénégal. Malgré toutes les victimes et toute la communication faite pour décourager les candidats, les jeunes continuent de braver l'océan. Hier, une embarcation contenant près de 80 personnes s'est renversée au large de Mbour.

 

Malgré le changement de régime et l'arrivée du nouveau gouvernement, les jeunes ne sont toujours pas convaincus de rester au pays. L'émigration clandestine reste une problématique à résoudre. Hier, à Mbour, une pirogue contenant plusieurs dizaines de candidats à l'émigration clandestine s'est renversée, quelques kilomètres après son départ, vers 17 h. Le bilan est déjà lourd. Les équipes de sauvetage ont repêché quatre corps sans vie, dont une femme. Les restes mortels sont à la morgue de l'hôpital Thierno Mansour Barro de Grand-Mbour. Ces victimes avaient pris le large dans l'objectif de rallier les eaux méditerranéennes afin de poser pied en Espagne. Un rêve qui va vite se transformer en véritable cauchemar pour les survivants.

Quatre d'entre eux sont hospitalisés à l'hôpital de Grand-Mbour. Rencontré à l'hôpital vêtu d'un pantalon noir et d'un tee-shirt de même couleur, ce rescapé, qui ressemble plus à un étranger et qui a payé trois cent mille francs CFA pour faire partie de l'aventure, a souhaité garder l'anonymat. Encore mouillé, avec du sable visible sur ses habits qui gardent encore l'eau de l'océan Atlantique, il révèle : "Nous avons quitté Mbour Tefess. Mais après notre départ, même pas quinze minutes plus tard, la pirogue a commencé à prendre de l'eau. Les gens s'entassaient d'un côté et, du coup, la pirogue s'inclinait. On était très nombreux. Je ne peux pas donner un chiffre exact, mais on était nombreux. Et finalement, la pirogue s'est renversée."

Sur cette lancée, le quadragénaire, qui porte une plaie au coude droit, poursuit : "Il y avait quelques femmes. J'en ai vu cinq. Mais il n'y avait pas d'enfant, d'après ce que j'ai vu. Ceux que j'ai vus étaient déjà assez âgés."

Par ailleurs, il estime que la pirogue était de bonne qualité, même s'il admet "ne pas maîtriser la bonne qualité d'une embarcation maritime". Beaucoup de corps sont restés dans les eaux et les recherches continuent pour les retrouver. Cependant, "beaucoup de temps est passé entre le chavirement et l'arrivée des secours. Ce sont les pêcheurs qui nous ont trouvés et qui ont lancé l’alerte. Mais les sauveteurs sont arrivés tard, vers 18 h ", a expliqué le rescapé.

IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)

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