Le manager de la société Digital Virgo blanchi par le tribunal
Poursuivi pour abus de confiance portant sur 3 700 000 F CFA, Daouda Dème s’est défendu avec hargne. C’est ainsi qu’il a pu échapper à une peine ferme de prison, malgré toutes les preuves qui semblaient l’accabler.
Employé depuis trois ans par la société Digital Virgo, Daouda Dème perd son emploi de façon déplorable. Accusé d’avoir volé une caisse contenant 3 700 000 F CFA, il a été licencié. Pis, il est traduit en justice pour abus de confiance. Manager dans ladite entreprise, il a été appelé par Modibo Diallo qui lui a annoncé la disparition de la somme. Aussitôt, il s’est rendu à l’entreprise, ignorant qu’il était leur principal suspect. Se fondant sur la vidéo de surveillance, ses collègues et son employeur l’ont pointé du doigt.
En effet, le jour des faits, Daouda Dème est arrivé aux environs de 6 h14, une enveloppe à la main et son sac à dos. Il s’est dirigé vers le bureau où est gardée la caisse, avant d’en ressortir quatre minutes plus tard, en dissimulant le sac derrière lui, selon les images de la caméra de surveillance.
Entendu sur ce fait, Daouda a avoué s’être rendu à son lieu de travail plus tôt que d’habitude, parce qu’il devait récupérer sa carte d’assurance qu’il avait oubliée.
En effet, selon lui, ce jour-là, il avait rendez-vous chez son ophtalmologue à Yoff. L’homme âgé de 37 ans est enfoncé par la réquisition faite à la Sonatel, qui démontre qu’il ne se trouvait pas à Yoff comme il le prétend au moment où son collègue Modibo l’a appelé. Accablé, il était sur le point d’être gardé à vue, mais il a versé une caution de deux millions pour ne pas être écroué.
Toutefois, il a comparu devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour que cette affaire soit élucidée. Devant les magistrats, il a contesté le fait d’abus de confiance qui lui est reproché. Il a réitéré ses propos tenus lors de l’enquête. À l’en croire, lui qui perçoit un salaire de 1 300 000 F CFA par mois n’a pas besoin de voler cet argent. De plus, dit-il, il a la possibilité de contracter un prêt auprès de l’entreprise quand il en a besoin. Selon lui, il a été accusé à tort, car il a dénoncé l’activité frauduleuse de l’entreprise qui soutire de l’argent à d’honnêtes gens sans qu’ils s’en rendent compte. Pour asseoir davantage sa défense, il soutient qu’il ne détient pas la clé du bureau où se trouve la caisse et n’a pas le droit d’y accéder sans la présence des caissiers Modibo et de sa collègue.
D’ailleurs, Modibo Diallo, qui a été entendu à titre de simple renseignement, confirme ses dires. ‘’En toute objectivité, je suis surpris qu’il soit accusé d’une telle chose. Quand je suis arrivé, la porte était fermée à clé. Pour moi, la caisse a disparu le jeudi avant la descente. C’est le vendredi que j’ai constaté que la caisse avait disparu’’, a-t-il déclaré. Il précise également que le prévenu doit 12 millions de francs CFA à l’entreprise.
Pour Me Ndiack Ba, avocat de la société Digital Virgo, la culpabilité de Daouda Dème ne souffre d’aucun doute. Il a réclamé la somme de 5 millions de francs CFA pour dédommager l’entreprise.
Le parquet s’étant rapporté, l’avocat de la défense, Me Abdy Nar Ndiaye, a sollicité le renvoi des fins de la poursuite de son client. Selon la robe noire, l’infraction d’abus de confiance est impossible dans ce cas d’espèce. ‘’Mon client ne gère pas la caisse. Selon les déclarations de Modibo, la porte était fermée à clé la veille et le jour de la constatation, la porte était fermée à clé. Il n’y a pas eu d’effraction et Modibo dit aussi que mon client ne détenait pas la clé. Mon client n’a jamais reçu mandat de gérer la caisse, donc l’abus de confiance n’est pas établi dans cette affaire. D’ailleurs, l’infraction n’existe même pas. Le sac que détenait mon client ne peut pas contenir une caisse’’, a indiqué l’avocat.
Maitre Ndiaye de poursuivre : ‘’Il a constaté que la société puisait de manière frauduleuse sur les deniers de la population. Quand il a essayé d’alerter, la société s’en est rendu compte et a créé tout ce problème pour le nuire. C’est deux jours après ce supposé vol qu’il a été licencié. Mon client n’est pas un voleur. Je peux vous le garantir. Je demande le renvoi des fins de la poursuite à titre principal et à titre subsidiaire le relaxer au bénéfice du doute’’, a plaidé Me Ndiaye.
Sa requête a été entendue par le tribunal qui a relaxé son client Daouda Dème.
MAGUETTE NDAO