Oumar Sarr indexé
C’est un marché de 5 milliards pour la fourniture de produits phytosanitaires commandés par le ministère de l’Habitat, de la Construction et de l’Hydraulique, dirigé à l’époque par Oumar Sarr, qui intéresse les nouvelles autorités.
D’ailleurs, le Parquet qui enquête sur ce sujet après la saisine du ministère de la Justice, doit éclairer plusieurs zones d’ombre notamment la quantité livrée nettement inférieure à la commande établie par la société adjudicataire.
C’est un marché de produits phytosanitaires… sulfureux hérité par le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement. Au-delà du principe, bien sûr de la continuité de l’Etat, ce ministère devra éclairer les conditions d’attribution du marché de fournitures de produits phytosanitaires d’une valeur… de 5 milliards de francs Cfa commandées par le ministre de l’Habitat, de la Construction et de l’Hydraulique, Oumar Sarr à l’époque, pour le Projet de construction de logements sociaux et de lutte contre les inondations et les bidonvilles.
Passé par Appel d’offres restreint en 2011, le marché a été souscrit le 27 février 2012, avant d’être approuvé le 30 mars 2012. Dans la tête de nos sources, ces deux dates restent assez énigmatiques et même assez suspicieuses à cause de leur proximité avec les premier et second tours de la Présidentielle 2012. Car, le marché a été souscrit au lendemain du premier tour de la Présidentielle du 26 février. Avant d’être approuvé après la défaite de l’ex-chef de l’Etat, Abdoulaye Wade.
Simple coïncidence ou pratique liée au fonctionnement normal d’un gouvernement qui doit poursuivre sa mission même s’il est à quelques heures de son départ ? C’est au Parquet de Dakar de creuser le mystère pour fournir aux nouvelles autorités un début de réponses à ces interrogations. Depuis la semaine dernière, le bureau du procureur de la République est en train d’enquêter pour savoir les clauses de ce marché de 5 milliards de francs Cfa.
En détails, la commande de ces produits phytosanitaires est assez balèze.
Selon la facture de l’Entreprise générale de fournitures et entretiens divers (Egfed), adjudicataire du marché, les 600 tonnes de propoxur 3% ont coûté 2 700 000 francs Cfa, les 5000 litres d’Agrisect delta concentré ont atteint la bagatelle de 375 millions, le prix du baytex granulé se culmine à 390 millions, le dusban concentré est de l’ordre de 297 millions. Si on y ajoute d’autres produits comme l’eau de javel concentrée (90 millions), le grésyl concentré (150 millions), l’agrigerme concentré (525 millions), la facture établie le 3 avril 2012 (le jour de la prestation de serment et de passation de pouvoirs de Macky Sall) montre que la gestion des inondations est un lourd fardeau pour les finances publiques.
Commandés par le Projet de construction des logements sociaux et de lutte contre les inondations et les bidonvilles, les produits phytosanitaires ont été mis à la disposition du Service national de l’hygiène qui les «utilisera conformément aux missions qui lui sont dévolues». Cette mise à disposition, signée le 3 avril, comporte aussi d’autres zones d’ombre qui nécessiteront aussi des éclairages de la part des autorités.
Car, la quantité livrée est nettement inférieure à la commande répertoriée dans la facture de l’Entreprise générale de fournitures et entretiens divers. Par exemple, on a mis à la disposition du Service d’hygiène 120 tonnes de propoxur 3%, 600 kg de baytex granulé, 1200 litres de grésyl, 1000 kg de savon industriel, 200 paires de gants en cuir entre autres. Alors que les autorités du ministère de l’Habitat, de la Construction et de l’Hydraulique ont commandé 600 tonnes de propoxur 3%, 3000 kg de baytex granulé, 6000 litres de grésyl, 5000 kg de savon industriel, 1000 paires de gants en cuir. Aujourd’hui, le flou reste total sur cette question qui sera vidée incessamment par la Justice qui croule sous les urgences.
REACTION Oumar Sarr, ex-ministre de l’Habitat, de la Construction et de l’Hydraulique : «Le marché est régulier»
«C’est un marché régulier parce qu’il y a eu un Appel d’offres légal qui a été lancé en septembre 2011. Il y a l’approbation du ministre de l’Economie et des Finances après que la Direction centrale des marchés publics (Dcmp) a jugé que la procédure est régulière. Je ne vois pas où se trouve le problème même si on veut chercher la petite bête. Il est totalement régulier. Personne ne peut me reprocher quoi que ce soit. Il faut être fou pour signer un marché de 5 milliards à la veille de la prestation de serment d’un nouveau chef de l’Etat. Le marché n’avait pas été payé parce qu’il n’y avait pas de crédits. Plusieurs entreprises se plaignent justement des lenteurs liées au paiement des factures.
Je ne sais pas comment le nouveau régime procède. Mais, ces produits sont un complément de travail et sont indispensables pour lutter contre le paludisme. Effectivement, la commande a été livrée. Mais, je ne sais pas si la commande est supérieure à la quantité livrée. Même si on peut rectifier ou réajuster une commande. Sur ce point, je ne sais pas.»
Entreprise générale de fournitures et entretien divers : Une société sans adresse
Dans ce dossier, l’Entreprise générale de fournitures et entretien divers (Egfed) reste un cas à expliciter. Adjudicataire du marché, elle n’a aucune adresse physique à Dakar encore moins de coordonnées téléphoniques. Dans la facture définitive, il y est juste mentionné l’adresse de son compte bancaire domicilié à Hann Plage et aussi son Ninea. Un cas aussi à explorer.
Le Quotidien