Publié le 11 Feb 2025 - 12:21
FOIRE DE L’EMPLOI VERT À KOLDA

Une occasion de relever les défis de l’emploi, de l’émigration et du climat

 

À l’initiative de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), la deuxième édition de la Foire de l’emploi vert se déroule du 10 au 11 février à Kolda. Les questions de la souveraineté alimentaire liées à l’employabilité, mais aussi de la migration et du changement climatique sont, entre autres, au cœur de cet événement de grande envergure.

 

Après Tamba, la région de Kolda a accueilli la deuxième édition de la Foire de l’emploi vert, ouverte ce lundi. Cet événement, qui se tient sur deux jours, a pour thème ‘’La promotion de la diversification des productions agricoles et de la consommation locale et durable dans la réalisation de la souveraineté alimentaire face au changement climatique au Sénégal’’.

Il est ainsi dédié au secteur agricole et à l'agroéconomie. Ces secteurs jouent un rôle essentiel pour fournir des opportunités d'emplois à la jeunesse de cette région.

Ainsi, pour la cheffe de mission de l’OIM Sénégal avec fonctions de coordination pour le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau et la Sierra Leone, il faut revaloriser les produits du terroir tout en assurant la sécurité alimentaire des populations et contribuer au développement économique et social de la région à travers des microentreprises portées par les jeunes, la diaspora et les migrants qui ont choisi le retour dans leur pays. ‘’Face à la vulnérabilité croissante de ce secteur aux changements climatiques, il est essentiel de promouvoir une agriculture durable et diversifiée, intégrant des pratiques agroécologiques afin de favoriser l'emploi vert, ouvrir des voies et des opportunités d’investissements pour ceux qui veulent contribuer au relèvement de leur région et de leur pays et d'une manière plus durable, supporter les mesures d'atténuation et d'adaptation aux effets du changement climatique sur les communautés’’, a déclaré Aissata Kane.

C’est ce qui explique le choix du thème de cette foire qui, selon elle,  vise à se concentrer sur le rôle clé de la diversification des productions agricoles et de la promotion d'une consommation, transformation et commercialisation locale pour s'adapter aux défis liés aux changements climatiques dans cette région de Casamance. ‘’Dans ce contexte, la foire constitue une plateforme stratégique pour valoriser les opportunités socioéconomiques et reconnaître la migration comme un levier essentiel de transformation, d'innovation et d'échange favorisant un développement durable et une inclusion sociale équitable, notamment des migrant(e)s potentiel(e)s ou de retour’’, a soutenu la cheffe de mission de l’OIM Sénégal.

La jeunesse outillée

L’OIM Sénégal a commencé à appuyer 20 jeunes entrepreneurs et 100 jeunes en formation sur toute la chaîne de l'agroalimentaire à Saint-Louis et 20 entrepreneurs de Kolda en leur offrant un soutien en gestion de projet et un programme d'incubation pour une connaissance pratique essentielle pour le succès de leurs futures microentreprises, d'après Aissata Kane.

Par ailleurs, 220 jeunes, migrants de retour et migrants de pays voisins, dans la région de Kolda, bénéficient d'une formation technique en agroalimentaire et en entrepreneuriat, et participent aux stages pratiques au sein de fermes locales et de groupements d'intérêt économique du secteur privé. ‘’Le tout, souligne-t-elle, en valorisant et en promouvant l'ensemble de la chaîne de production agroalimentaire, de la transformation à la vente et à la consommation’’.

Cent quinze exposants ont pris part à la foire (migrants de retour de Kolda, Saint-Louis, Tambacounda, jeunes de la communauté de ces régions et 12 migrants originaires des pays voisins). Donc, dans la continuité de la première édition tenue en 2022 à Tambacounda avec 2 683 participants, selon l’OIM, cette foire offre une occasion de mettre en avant ses actions conjointes en faveur de l'entrepreneuriat vert, de l'emploi durable des jeunes, de leur mobilité dans le cadre d'une intégration économique sous-régionale ou régionale, en offrant une plateforme essentielle aux microentreprises.

Pour les 20 entreprises ayant participé à cet événement  grâce au projet, il  s'agit d'entreprises attentives à l'économie verte comme réponse à la migration irrégulière. Elles s’activent dans la gestion des transports de déchets, la pisciculture, la commercialisation, la riziculture, la transformation des produits halieutiques et maraîchers, la transformation du sel et la transformation agroalimentaire. ‘’Conformément aux lignes directrices de l'Agence italienne pour la coopération et le développement sur les liens entre migration et développement, le projet valorise l'approche développement avec une attention à l'employabilité des jeunes pour soutenir la création d'emplois pour les personnes migrantes de retour ou non et leur communauté et contribuer à la mobilité sûre des jeunes’’, a déclaré la cheffe de mission adjointe de l’Union européenne au Sénégal, Harmonie Koutsivitis. Elle indique que le projet MDP a une attention particulière aux emplois verts. ‘’La question environnementale est un thème très important au noyau de la stratégie d'intervention du Sénégal, mais aussi de la coopération italienne. Dans les programmes de partenariat Sénégal-Italie 2024-2026 signés au début de l’année 2024, la question environnementale est considérée comme fondamentale’’, soutient Mme Koutsivitis.

Migration

Il faut dire que la présente édition s’inscrit dans le cadre du projet ‘’Consolidation des acquis en matière de réintégration des personnes migrantes de retour au Sénégal à travers un appui intégré aux micros et petites entreprises – Phase II’’, financé par la République tchèque.

Ainsi, par rapport à la question migratoire, la cheffe de mission adjointe de l’UE au Sénégal soutient que ‘’la migration ne devrait jamais être un acte de désespoir, mais plutôt un choix libre et éclairé’’.

Ainsi, c'est ce qui explique les offres d’alternative qui se veulent viables, en soutenant l'insertion socioéconomique des jeunes et des migrants de retour, en encourageant des initiatives innovantes et durables. ‘’Depuis de nombreuses années, nous investissons dans la gouvernance de la migration, en mettant l'accent sur l'accompagnement des migrants de retour, leur réintégration durable et leur autonomisation.  Ces actions ne sont pas de simples initiatives isolées, mais bien des engagements concrets qui s'inscrivent dans une vision globale du développement’’, a-t-elle estimé.

Aux yeux d’Harmonie Koutsivitis, la transition vers une économie verte et durable est une opportunité unique pour bâtir un modèle de croissance inclusif. ‘’La diversification des productions agricoles et la promotion de la consommation locale, qui sont au cœur de cette foire, ne sont pas seulement des stratégies pour atteindre la souveraineté alimentaire. Elles sont aussi une réponse à la crise climatique, à la précarité économique et à l'exode rural.  En investissant dans l'agriculture durable, nous investissons dans l'avenir du Sénégal, dans sa jeunesse et dans sa capacité à être un moteur de changement pour toute la région.

Parmi les participants à la foire, elle a souligné la présence de bénéficiaires du projet ‘’Promotion de la migration intrarégionale de main-d’œuvre pour le développement locale dans les pays d'Afrique de l'Ouest’’ financé par les ministères des Affaires étrangères et de la Coopération internationale d’Italie, à travers l'Agence italienne pour la coopération au développement et réalisée par l'OIM.

Ce projet, souligne la cheffe de mission adjointe de l’Union européenne au Sénégal, vise à améliorer le développement socioéconomique et la mobilité intrarégionale des zones rurales des quatre pays, le Sénégal, la Guinée, la Guinée-Bissau et la Gambie.

Pour ce qui concerne le Sénégal, ‘’la zone d'intervention identifiée est la région de Saint-Louis, avec l'objectif de diversifier les opportunités d'emplois, de stimuler l'employabilité des jeunes et de contribuer au développement socioéconomique durable de la région de Saint-Louis’’.  

Harmonie Koutsivitis note que l'initiative propose d'améliorer le développement socioéconomique et la mobilité intrarégionale des zones rurales dans ces quatre pays (Sénégal, la Guinée, la Guinée-Bissau et la Gambie).

De plus,  le projet entend contribuer à soutenir les gouvernements des pays concernés au renforcement des politiques et des stratégies de migration irrégulière qui exposent à de nombreux risques, d'après Mme Koutsivitis.

Ouverture prochaine d'un bureau spécialement dédié aux migrants

Deuxième adjoint au maire de Kolda, Fabouly Gaye soutient qu’il est impératif de créer des partenariats solides entre les acteurs de la diaspora, les entreprises locales et les institutions publiques.

Selon lui, ce réseau de collaborations permettra de maximiser l'impact des actions et d'assurer une inclusion socioéconomique de toutes les couches de notre société. ‘’Le développement durable ne peut être atteint sans une démarche inclusive qui valorise chaque talent, chaque compétence et chaque contribution’’, a-t-il indiqué.

À l’en croire, l'Agenda national de transformation Sénégal 2050 offre une feuille de route ‘’ambitieuse’’. Fabouly Gaye a annoncé la décision du maire Mame Boye Diao d’ouvrir un bureau spécialement dédié aux migrants. Cette initiative a pour objectif de renforcer le lien entre les Sénégalais de l'extérieur et leur pays d'origine, tout en facilitant leur contribution au développement de la nation. ‘’Ce bureau sera un espace d'accueil, de conseil et de soutien pour accompagner les initiatives et les projets des membres de la diaspora’’, renseigne M. Gaye.

Une zone de convergence des efforts de développement

Pour sa part  la coordinatrice résidente du système des Nations Unies au Sénégal, Aminata Maiga, a salué ‘’l'engagement du Sénégal à promouvoir un développement durable et à combattre le changement climatique tout en garantissant une croissance économique inclusive et durable, et le plein emploi pour cette jeunesse porteuse d'espoir’’.

Dans la région de Kolda,  le système des Nations Unies s'engage à soutenir le développement durable et la cohésion sociale. ‘’Dans le cadre de son plan-cadre de coopération pour le développement durable du Sénégal, les agences, fonds et programmes des Nations Unies travaillent ensemble pour faire de cette région une zone de convergence des efforts de développement et nous avons une initiative particulière que nous appelons l'’Initiative de Casamance’’’, a-t-elle soutenu.

Aminata Maiga renseigne que trois jours de planification conjointe ont déjà été organisés dans les régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor pour identifier les interventions prioritaires et élaborer un plan d'action. Celui-ci vise à améliorer les conditions de vie des habitants, à promouvoir la paix et la stabilité, et à soutenir un développement économique et social harmonieux en accord avec le principe de l'Agenda 2030 de ne laisser personne de côté.

BABACAR SY SEYE

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