Le défi de la mise en œuvre et de l'élargissement
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S'appropriant l'accord signé en 2022 entre une faction du MFDC et l'ancien régime, le nouveau régime est surtout attendu sur la mise en œuvre de l'accord et son élargissement aux autres factions du mouvement irrédentiste.
Il convient de rappeler que cet accord qui a été signé n'est qu'une réaffirmation de l'accord de paix signé en août 2022 entre le gouvernement sénégalais et le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC). Dans un article publié sur son site internet, la BBC revient sur le contenu de l'accord de 2022 que le nouveau gouvernement s'engagerait à mettre en œuvre.
Le premier point, selon BBC, c'est la cessation des hostilités. Ensuite viennent la démobilisation et la réinsertion des combattants. Devaient s'ensuivre le retour des réfugiés et des déplacés internes, le développement économique et social de la Casamance, la fourniture d'actes de naissance aux personnes qui n'ont pas pu y accéder en raison de l'instabilité.
Selon de nombreuses sources, il n'y a donc pas de grande nouveauté. Mais le grand défi, c'est la mise en œuvre des engagements pris par l'État du Sénégal, mais surtout l'élargissement de l'accord aux autres factions du MFDC.
Pour Lamine Coly, membre de l’Initiative pour la réunification des ailes politiques du MFDC, qui s’exprimait sur RFI, la présence du Premier ministre à Bissau constitue un signal fort et prouve que ‘’le nouveau régime prend les choses au sérieux’’. Il se veut optimiste, après cette rencontre à Bissau. Monsieur Coly est par ailleurs revenu sur l'historique. “Je vois que c’est ce qui a été fait qui est en train d’être consolidé. En 2022, c’était un accord qui a été signé, mais qui n’avait pas été concrétisé. Donc là, avec la présence du chef du gouvernement du Sénégal, je pense que l’on passera au concret”, a-t-il souligné dans le média français.
Lamine Coly rappelle, toutefois, que l'un des gros problèmes dans la mise en œuvre de cet accord, c'est le déminage, afin de favoriser le retour des déplacés. Et s'il en est ainsi, c'est surtout à cause du manque de financement.
RETOUR SUR LES DIFFÉRENTS ACCORDS AVEC BBC Accords de 2004 Négociés entre le gouvernement et l'aile politique du MFDC dirigée par l'abbé Diamacoune Senghor. L'accord qui mentionnait clairement une "renonciation définitive à la lutte armée" a été suivi d'une accalmie, mais des dissensions internes au MFDC ont empêché une paix durable et sa matérialisation définitive sur le terrain. Accords de 2014 Le processus initié par le Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (GRPC) a abouti à un accord de paix, mais certaines factions, notamment celle de Salif Sadio, ont refusé d'adhérer à l'accord, maintenant des poches de résistance armée. Le texte final de l'accord décrivait les modalités du désarmement et réaffirmait l'engagement des parties à trouver une solution négociée au conflit. Accord de 2020 En 2020, des négociations ont eu lieu entre le gouvernement et la faction de Diakaye. Celles-ci ont abouti à la signature d'un accord de paix le 10 mars 2023 suivie du dépôt des armes à Mongone, en mai de la même année. En décembre 2023, 255 ex-combattants du MFDC de la faction ont officiellement déposé les armes lors d'une cérémonie à Mongone, dans le département de Bignona, contre des garanties de l'État du Sénégal de prise en charge des combattants, de leurs familles et de réparations aux communautés affectées par le conflit. Une cérémonie d'incinération des armes restituées par la faction de Diakaye s'était tenue le 23 décembre 2023 dans la localité de Mamatoro, dans la communauté rurale d'Enampore, dans l'arrondissement de Nyassia. |
Par Mor Amar