Les députés persistent dans leurs vieilles habitudes
L'absentéisme des députés ne concerne pas seulement l'hémicycle, il se fait également jour lors de rencontres organisées à leur intention. Dernier exemple en date : l'important séminaire sur les réformes envisagées du code de la nationalité, lundi...
Les députés de la 12e législature ont-ils réellement la volonté d’amorcer la rupture tant attendue ? On ne peut présager de rien pour le moment, mais certains de leurs comportements posent problème. Lundi, avec la journée de réflexion sur la réforme du code de la nationalité que le Ministère de la Justice a organisée à leur profit, l'on a pu se rendre compte du niveau d'intérêt que les parlementaires qui étaient invités à cette occasion, portent à une question d'une importance capitale.
En effet, sur les 20 députés dûment conviés, seuls environ 10 d'entre eux avaient jugé utile de répondre présent. Et dès après le discours d'ouverture du ministre de la Justice, suivi d'une suspension de séance pause-café, certains ont pris la tangente, presque sur la pointe des pieds. Dans la salle, seul un mini bataillon est resté dont Mamadou Lamine Diallo, président du Mouvement Tekki, Hélène Tine, membre du Mouvement Bés Du Niak...
«Je ne peux pas être présent à toutes les manifestations. Je prépare la session budgétaire depuis quelques jours.» (Me Djibril War)
Vers 13 heures, à l’heure de la pause déjeuner, le député Thierno Bocoum (Rewmi) débarque à l’hôtel Radisson où avait lieu le séminaire. Il s’explique : «Je reviens d’un séminaire à Saly (Portudal)». Il restera jusqu’à la fin des travaux. Mais l’absence la plus remarquée, c’est celle du président de la commission des Lois de l’Assemblée nationale, Me Djibril War (APR), et de son adjoint Oumar Sarr (Rewmi). Nous n'avons pu joindre ce dernier. Contacté par téléphone, Me War s'est défendu. «Je ne peux pas être présent à toutes les manifestations. Je prépare la session budgétaire depuis quelques jours.» Saluant l’initiative prise par le Ministère de la Justice, ce responsable du parti présidentiel a de la compréhension pour ses collègues. «J’avais envoyé une liste de 15 parlementaires sur les 30 que compte ma commission pour qu’ils assistent au séminaire. Mais il faut savoir qu’il y avait quatre rencontres ce jour-là», explique Me War. En outre, ajoute-t-il, «beaucoup de députés n’habitent pas Dakar. S’ils doivent venir, ils ont des problèmes d’hébergement car l’hôtel des députés n’est pas entièrement fonctionnel. Ils n’ont pas aussi de voiture pour se déplacer et ils ne cessent de se plaindre à cet effet».
«Il faut tenir ces séminaires hors de Dakar, loin de nos familles. Comme ça, nous sommes obligés de suivre les séminaires de formation jusqu’au bout.» (Mously Diakhaté)
Ces raisons peuvent-elles justifier leur absence ? En tout cas, avec un salaire d’un million de francs Cfa et d'autres avantages qui leur sont accordés, ces élus du peuple auront du mal à convaincre par rapport à un comportement qui a toujours été décrié dans l'opinion publique. Déjà, lors d'un autre séminaire organisé la semaine dernière par l’Association des juristes du Sénégal (AJS) à l’intention des femmes parlementaires, plusieurs absences avaient été notées, en particulier le troisième jour, avec la formation relative à la lecture du budget. Même si certains sujets techniques peuvent constituer un élément démotivant pour les députés «analphabètes». Pour la députée Mously Diakhaté, la solution à ce problème est toute simple : «Il faut tenir ces séminaires hors de Dakar, loin de nos familles. Comme ça, nous sommes obligés de suivre les séminaires de formation jusqu’au bout.» «Mais tant qu’on est à Dakar, les gens ne prennent pas les choses au sérieux», ajoute l’ex-membre du Jëf-Jël qui en est à son deuxième mandat. Vicieux, un confrère s'est demandé si, au fond, les députés ne choisissaient pas de ne pas perdre leur temps dans des rencontres où il n'y avait pas de perdiem.
DAOUDA GBAYA
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