Publié le 2 May 2025 - 20:56
CRASH AVION SÉNÉGALAIR - HOMICIDE INVOLONTAIRE

Quatre responsables de l’aviation civile devant le tribunal

 

Neuf ans après le drame, le tribunal a enfin ouvert les débats sur le crash de l’avion de Sénégalair qui avait coûté la vie à sept personnes. À la barre, quatre responsables de l’aviation civile, pointés du doigt pour leur rôle supposé dans cette tragédie évitable, se sont présentés, ce mercredi.

 

C’est une vieille plaie que la justice tente de refermer. Mercredi dernier, le tribunal correctionnel de Dakar a tenu l’audience spéciale du crash de l’avion de Sénégalair survenu le 5 septembre 2015. Ce jour-là, un avion sanitaire de la compagnie, parti de Ouagadougou, avait disparu des radars, alors qu’il s’approchait de Dakar. À son bord se trouvaient deux pilotes, un mécanicien, trois soignants sénégalais et une patiente française. Aucun n’a survécu.

L’audience, plusieurs fois reportée, a permis de revisiter les faits, mais aussi de passer au crible les responsabilités. L’enquête conjointe de la police et de la gendarmerie a mis en lumière des failles techniques en cascade.

À la barre, quatre hauts cadres du secteur aérien : Maguèye Marame Ndao, ancien DG de l’Anacim, Mohamed Mansour Sy, ex-directeur des Transports aériens, El Hadj Mactar Daff, inspecteur de la navigabilité, et Mamadou Sy, inspecteur de la sécurité de l’aviation civile. Ils comparaissent pour homicide involontaire.

Tous ont plaidé non coupables, préférant tourner les projecteurs vers Sénégalair et l’Asecna. Selon eux, la compagnie leur aurait dissimulé des éléments critiques concernant la maintenance de l’avion et l’Asecna aurait tardé à donner l’alerte. L’un des points de discorde demeure le niveau de vol de l’appareil jugé irrégulier.

Les déclarations les plus accablantes sont venues d’un ancien de la maison. Al Hassane Hanne, expert aéronautique et ex-chef de maintenance de Sénégalair, a affirmé avoir alerté les autorités via un rapport circonstancié, recommandant la suspension immédiate des avions de la compagnie. Pourtant, deux mois avant le crash, Sénégalair avait obtenu un certificat de navigabilité dans des conditions qu’il juge ‘’étrangement rapides’’. Il rappelle aussi que deux incidents avaient déjà précédé le drame. Malgré tout, les vols ont continué.

Les prévenus, eux, contestent la légitimité de ce rapport, mettant en doute la compétence de M. Hanne à travailler sur l’appareil incriminé.

Le parquet charge, la défense minimise

Pour le parquet, il n’est pas question de chercher des boucs émissaires ailleurs. Le représentant du ministère public a pointé du doigt un ‘’laxisme coupable’’, une incapacité à prendre des décisions fermes malgré les signaux d’alerte. Il a rappelé qu’au moment de l’accident, la compagnie n’avait même plus de locaux fonctionnels. Le ministère public a requis deux ans de prison ferme contre les quatre prévenus, assortis d’un mandat de dépôt et de 12 millions de francs CFA d’amende.

La défense, quant à elle, a plaidé la relaxe. Seul Me Youssoupha Camara a formulé une demande de dommages et intérêts, chiffrée à 650 millions de francs CFA pour le compte du copilote décédé. Les autres parties civiles ont demandé que leurs intérêts soient réservés.

Le verdict sera prononcé le 24 juillet.

MAGUETTE NDAO

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