LE REDRESSEMENT BUDGETAIRE, UNE URGENCE NATIONALE EN 2025

Les rapports d’exécution budgétaire du quatrième trimestre 2024 et du premier trimestre 2025 révèlent une situation préoccupante des finances publiques sénégalaises. Si les recettes fiscales sont bien orientées, le niveau élevé du déficit budgétaire, la faible exécution des investissements publics et le poids croissant de la dette soulignent l’urgence d’un redressement budgétaire. À défaut, le pays s’expose à un surendettement aux conséquences graves sur la croissance, l’emploi et la réalisation de la Vision 2050.
Voici les cinq faits saillants de cette situation budgétaire :
1. Les recettes fiscales ont augmenté de 11, 6 % au T1 2025, confirmant une bonne dynamique interne.
2. Les ressources extérieures (dons) sont quasi inexistantes, limitant les marges de financement.
3. Les charges d’intérêts sur la dette ont bondi de 24 % par rapport à début 2024.
4. Les investissements publics sont en net recul : seulement 0,86 % des crédits internes exécutés.
5. Le déficit budgétaire 2024 a atteint 12,6 % du PIB, bien au-dessus des prévisions.
L'essentiel
Le besoin de financement prévu pour 2025 s’élève à 4 573 milliards FCFA. Le recours au marché UEMOA reste gérable, mais le retour inévitable aux marchés extérieurs, à des taux supérieurs à 10 %, rend la trajectoire de la dette de plus en plus préoccupante. Le Sénégal devra engager, avec ou sans le FMI, un plan rigoureux de redressement budgétaire.
Ce redressement exige un réel courage politique, car il impliquera nécessairement des décisions difficiles et parfois sensibles sur le plan social. Mais il demeure incontournable. La stabilité budgétaire constitue le socle d’un développement endogène et durable.
Pr Amath NDiaye
FASEG UCAD