Les occupants sommés de quitter les lieux par le préfet de Dakar
Une opération de déguerpissement des occupants du Couloir de la mort de l'Université Cheikh Anta Diop est en cours, suite à une demande du Recteur Saliou Ndiaye.
La sommation du préfet de Dakar, faite aux commerçants installées aux abords de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD), est tombée comme un coup de massue chez la plupart des occupants desdits lieux. Abdoulaye Diop, vendeur ambulant de journaux, revit la scène. ''C'est aujourd'hui (hier) même à 12h47 que la Police est venue me donner cette sommation de quitter les lieux sur autorisation du préfet de Dakar. Je suis un vendeur de journaux. Depuis 1989, je vends sur l'Avenue Cheikh Anta Diop. À cette époque-là, j'étais le seul vendeur de journaux. Ce n'était pas comme aujourd'hui ; il y avait la brousse ici. Ils nous demandent de dégager. Mais où aller ?'', s'interroge-t-il.
La sommation signée par Ibrahima Sakho indique, suite au constat de l'occupation irrégulière, sans droits, ni titres de l'Avenue Cheikh Anta Diop et les abords de l'Université : ''À la demande du Recteur (Saliou Ndiaye, NDRL), il sera procédé à la libération des voies d'accès de l'Université.'' Il y est toujours précisé que ''dès réception de la présente sommation'', les occupants sont appelés ''à quitter immédiatement les lieux''.
Les commerçants interrogés ne comprennent pas que cette sommation qui date du 13 juillet 2012 ne leur soit présentée que durant le mois d'octobre. Abdoulaye Diop l'a reçue hier, mercredi, alors que certains sont informés depuis la semaine dernière. C'est notamment le cas du célèbre tenant de la libraire ''par terre'' du Couloir de la mort, Ousmane Diop. La plupart des étudiants qui empruntent le célèbre Couloir de la mort de l'Université Cheikh Anta Diop le connaissent. Après avoir passé 19 ans sur ce couloir devenu pour lui comme une seconde maison, il assiste avec ''impuissance'' à la destruction de ce que d'aucuns pourraient appeler son bureau d'affaires. C'est le cœur déchiré qu'il raconte avoir reçu ''un avis de déguerpissement, comme quoi on devait inaugurer l'hôpital de l'Université''.
Sur ordre du Recteur Saliou Ndiaye
Avec pour intermédiaire le Médiateur de l'université (dont le rôle est de régler les conflits), la victime informe avoir entamé des négociations pour éviter que cela n'arrive. La partie adverse, selon ses termes, leur aurait rétorqué que ''c'étaient des négociations impossibles. Vendredi (12 octobre 2012), poursuit-il, entre 8h30 et 9h, on a vu une cohorte de gens sans tenue et un inspecteur de police qui se sont présentés et qui ne m'ont donné que quelques minutes pour enlever mes livres, avant de tout casser.''
Le médiateur de l'Université, Mamoudou Ndiaye, affirme être au courant de ce dossier. Seulement, il précise que ''c'est de façon officieuse''. Il renseigne qu'entre le mot d'ordre du préavis et l'acte effectif de déguerpissement, il n'avait pas ''eu l'occasion de s'asseoir avec le Recteur pour approfondir la question''. Le bouquiniste précise que l'avis de déguerpissement reçu entrait en vigueur dès réception dudit document. Mais il dit que ''sur les premières négociations, il avait été signifié qu'on les laisserait jusqu'après la Tabaski. Après, ils nous ont dit que les vendeurs de livres n'étaient pas concernés par cette mesure. Cette dernière ne concernait que les vendeurs de chaussures, de sacs... À ma grande surprise, vendredi quand ils sont venus, j'ai été le seul à être déguerpi. Ils ont laissé là-bas les vendeurs de chaussures, de sacs. Je ne sais pas si c'était la Mairie du Point E, mais ils ont dit que c'est le Recteur qui les avait envoyés pour dégager le mur de l'hôpital. Or, nous faisons dos à l'hôpital, donc nous n'avons aucune interférence avec l'hôpital (qui n'est rien d'autre que le nouveau Centre médical de l'Université).
Il précise tout de même ne pas avoir reçu un mot du Recteur, mis à part cet avis qui a été signé par la DAU (Direction de l'Aménagement Urbain), la mairie du Plateau qui n'a rien à faire à l'Université. Mais ils ont dit que c'était sur ordre du Recteur.'' insiste-il.
La suite Dimanche à 9h12
Idelette BISSUU
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