A PROPOS DES COOPERATIVES PRODUCTIVES, SOLIDAIRES

Le lancement des coopératives productives, solidaires (CPS) par le pouvoir officiel ne constitue pas en réalité une innovation, en ce sens qu’il se situe dans le sillage du développement communautaire initié par de nombreux pays dans la perspective de l’avènement du socialisme africain. C’est ainsi qu’il y avait plusieurs stratégies formulées par ces pays. Ainsi il y avait en Tanzanie les « Udiama », les « Fokolanas) à Madagascar, les centres polyvalents au Kenya, les communautés rurales au Sénégal. Il faut retenir que c’est avec la mise en place des communautés rurales au Sénégal qu’il avait été créé 2250 coopératives dont l’encadrement (Formation, transport agricole, équipement) a été confié à l’Office National de Coopération et d’Assistance au Développement (ONCAD). En effet, les coopératives avaient une double vocation, d’une part la production et l’amélioration des conditions des paysans tout en conciliant les intérêts des sociétaires ou adhérents et leur mission de service public, d’autre part. En réalité, c’est l’Etat qui mettait en place les programmes agricoles et jouait le rôle d’unité des bases mises en œuvre par ces programmes d’actions rurales. Cependant, il faut reconnaitre que même si des résultats significatifs ont été réalisés par ces coopératives, elles ont été confrontées à de nombreuses difficultés au niveau de leur gestion. Par ailleurs ces coopératives d’origine française étaient inadaptées au contexte en ne prenant pas en considération des conditions socio-historiques des membres de la coopérative. En outre l’encadrement des coopératives était plus préoccupé par l’objectif de production que par les conditions des paysans. Par ailleurs, les projets conçus par l’encadrement étaient imposés aux coopératives en ce qu’ils n’ont pas réussi bouleverser les structures sociales, les mentalités et attitudes. Il faut retenir que l’ONCAD par sa pesanteur bureaucratique a étouffé l’autonomie des coopératives. Contrairement à ces coopératives classiques appelées « Communales », si on se fie au discours officiel « les coopératives productives solidaires couvrirons plusieurs secteurs d’activités et seront réparties par commune avec 04 CPS et une CPS mixte permettant d’intégrer divers corps de métier ». « Mieux les CPS reposent sur 03 dimensions clefs, la production solidaire qui vise à encourager l’initiative locale en renforçant les capacités productives des populations. La mutualisation des ressources pour faciliter l’accès aux financements, aux équipements vers un développement endogène et souverain ». Le développement doit avant tout s’orienter vers l’autosuffisance ou mieux l’auto
indépendance. A la lumière des discours tenus par le pouvoir officiel, on se rend compte que le développement des CPS doit se construire de l’intérieur, à partir des besoins des populations, de leur cadre de vie, à l’échelle de petites unités en s’appuyant sur les forces vives locales pour valoriser les produits locaux. En outre, la solidarité au sein des coopératives aboutira à des effets bénéfiques entre autres la réduction des inégalités et l’acquisition d’un minimum d’autonomie. Enfin, les CPS par la création d’emploi décents, massifs et durables, cibleront particulièrement les jeunes. Telle est succinctement à notre avis la portée et la signification de la CPS. Mais comme le souligne l’éminent économiste Samir Amin : « L’objectif de tout développement doit être un bouleversement des structures sociales et des mentalités. Un processus de développement auquel les intéressés ne sont ni concernés, impliqués, intéressés est voué à l’échec. ». C’est ce que n’ont pas su faire les animateurs, acteurs, les encadreurs des coopératives classiques.
Au regard de tout ce qui précède, il y a lieu d’avoir fortement à l’esprit que l’installation de véritables coopératives quelle que soit leur nature n’aura lieu et de sens que lorsque les populations auront été imbues par les valeurs évoquées par le Professeur Amin.
Enfin, les coopératives doivent être épargnées des hiérarchies politiques, religieuses, clientélistes, claniques, gages de leur réussite.
KOSSORO CISSOKHO
Docteur en Droit
Certifié de l’institut International du Droit de Développement de Rome
Expert Juriste Consultant