Le groupe BBY veut une enquête sur 64 milliards
Une somme de 64 milliards de francs Cfa qui seraient dilapidés entre douze décrets d'avance, la spécialité wadienne pour brûler de l'argent public entre deux tours d'une élection présidentielle ingagnable, soulève le courroux de la majorité parlementaire qui demande au Premier ministre de venir s'en expliquer.
Les cas «d’irrégularités» relevés dans la première loi de finance rectificative (LFR) du régime du 25 mars 2012 n'ont pas l'heur de plaire au groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY), majoritaire à l'Assemblée nationale issue des législatives du 1er juillet. Au cours d'un point de presse tenu hier dans le hall de l'institution, son président Moustapha Diakhaté a ainsi demandé la mise en place d’une commission d'enquête parlementaire pour faire la lumière sur un certain nombre d'actes passés sous le régime d'Abdoulaye Wade. «Plus de 64 milliards ont été logés dans 12 décrets d’avance sans aucune transparence. Ces actes posés par l’ancien président ont eu pour conséquence la modification substantielle de la loi des finances initiale de 2012 votée par l’Assemblée nationale», a déclaré Diakhaté.
Une partie de cette manne financière a été répartie de la manière suivante : 8 milliards de francs Cfa pour les phosphatages de fonds (décret n° 2012-95 du 8 février 2012) qui auraient été décaissés «au profit de l’homme d’affaire Cheikh Amar», soufflent des sources parlementaires. Ensuite, 2,150 milliards de francs Cfa auraient été consacrés à l’acquisition de produits phytosanitaires et pour la prévention des inondations (décret n°2012-376 du 27 mars 2012) ; puis ce sont 6,5 milliards de francs Cfa qui auraient été mobilisés pour la construction et la réhabilitation de l’administration territoriale (décret n°2012-96 du 11 janvier 2012).
En dépit de tous ces constats jugés graves, le groupe Benno Bokk Yaakaar a tout de même décidé de voter ce projet de loi rectificative au nom «de la continuité de l’Etat». Non sans exiger «la diligence dans les audits et des poursuites judiciaires contre toute personne impliquée dans les malversations financières», et «le passage à l’Assemblée nationale du Premier ministre pour s’expliquer sur les décrets d’avance».
DAOUDA GBAYA
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