Les interrogations d’Ousmane Kane
Sans aucun doute, le Sénégal va vers une élection présidentielle sans précédent. Des candidatures fusent de partout. Parmi ces derniers, il y a de nombreux fonctionnaires exerçant dans les régies financières. Cette ruée de ces fonctionnaires vers la magistrature suprême interroge Ousmane Kane, candidat à la candidature pour la présidentielle de 2024.
Plus d’une centaine de candidatures officielles ont déjà été enregistrées en vue de l’élection présidentielle de février 2024. Cependant, parmi toutes ces candidatures, certaines sont source d’inquiétude, si on en croit le candidat Ousmane qui s’est prononcé à travers une déclaration adressée à la presse. Dans ce cadre, rappelle M. Kane, « il ne vous a pas échappé que parmi les candidats à l’élection présidentielle, nous comptons au moins cinq inspecteurs des impôts et domaines, de même qu’un inspecteur du trésor ». Sur cette lancée, s’interroge-t-il, « devant une telle avalanche de candidatures venant de fonctionnaires dont certains sont réputés ou connus milliardaires, ne pensez-vous pas que les citoyens que nous sommes sont à droit de se demander ce qui les fait courir, ces gens-là ? ».
Pour lui, cette situation que « nous vivons avec des fonctionnaires de régies financières qui veulent exercer la magistrature suprême est inédite et unique au monde. Vous ne verrez pas cette situation ni en Côte d’Ivoire, ni au Mali, ni au Burkina Faso. Cela n’existe pas ailleurs dans l’espace UEMOA ». C’est pour cette raison qu’Ousmane Kane qui a occupé une fonction d'expert judiciaire auprès d'agences gouvernementales des États-Unis, dans le cadre de l'Inspection annuelle du gouvernement fédéral sur les réformes de l'administration de la justice, estime que « nous nous illustrons, malheureusement de façon dangereuse dans ce domaine au Sénégal ». De ce fait, s’inquiète M. Kane, « sommes dans une république des inspecteurs des impôts et domaines au Sénégal ? ».
Toujours en verve, martèle Ousmane Kane, « il est inadmissible que le landerneau politique devienne l’aire de jeu de ceux qui détiennent la bourse et très souvent des fortunes mal acquises et très souvent ceux-là même qui ont privé le contribuable, c’est à dire le Sénégalais, de moyens, d’opportunités de développement, de travail, de couverture sociale, d’accès à l’éducation et à la santé ; ceux-là même qui en raison du traitement hautement préférentiel qui leur est accordé, perpétue la pauvreté au Sénégal. Ceux-là même qui, toute honte bue, et sans vergogne, viennent solliciter le suffrage universel et la magistrature suprême. »
À l’en croire, les sénégalais devraient se poser la question : « A quoi devrons nous nous attendre une fois qu’ils seront au pouvoir ? ».
Et le candidat Kane de revenir sur sa vision politique et les réformes qu’il entrevoie une fois au palais de la république. « En ce qui concerne les réformes que j’apporterai une fois élu président de la République, il faut de l’équité et de la transparence dans le traitement des fonctionnaires. C’est pourquoi, l’une des premières mesures que je prendrai, sera de procéder à un audit complet des régies financières : impôts, domaines, douane, pour examiner sur quelle base sont distribués les fameux fonds communs. Est-il normal au Sénégal, qu’un fonctionnaire des impôts et domaines gagne tous les trois mois entre quinze millions et trente millions de francs CFA, selon les fonctions et le grade occupé ? Rien ne justifie une telle disparité des revenus entre fonctionnaires et le traitement préférentiel de ceux qui travaillent déjà dans le domaine sensible des recettes de l’Etat », déclare Ousmane Kane.
Ainsi, il promet de veiller à ce que la loi qui impose la déclaration annuelle de patrimoine soit appliquée pour ceux qui sont concernés avec des rapports publics transparents et réguliers et que chaque contribuable pourra consulter. Il poursuit : « Je mettrai en place un système de surveillance et de vérification efficace et rigoureux. J’impliquerai aussi la société civile pour assurer un contrôle indépendant et une meilleure participation du citoyen sénégalais dans le contrôle de l’utilisation des moyens publics. »
Dans la foulée, Ousmane Kane lance un appel « à ceux qui veulent devenir milliardaire : je n’ai rien contre eux, mais de grâce, qu’ils quittent la fonction publique et qu’ils aillent utiliser leur expertise dans le secteur privé et qu’ils laissent donc le domaine public à ceux qui veulent servir le pays noblement en toute intégrité, sans influence de nature financière et au service exclusif du peuple sénégalais ».
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)