Les femmes engagent le combat pour la parité
L’Association des juristes sénégalaises (AJS) et plusieurs organisations de défense des droits de femmes ont organisé un panel dans le but de faire respecter la loi sur la parité, lors des prochaines échéances électorales.
HABIBATOU TRAORE
Les femmes ne doivent pas être laissées en rade, lors des prochaines élections locales. Ainsi, l’Association des juristes sénégalaises (AJS) est déterminée à faire respecter la loi sur la parité. L’objectif est de revoir à la hausse le nombre de 15 femmes maires sur 557 communes que compte le Sénégal. Pour atteindre cet objectif, l’AJS a organisé un panel avec des organisations de défense de droit des femmes pour la mise en place d’une stratégie d’effectivité de la loi sur la parité. Il s’agit, en effet, d’après la présidente de l’association de faire une alerte précoce, en vue de veiller à l’application des lois à la défense et à la promotion des droits des femmes. Le droit de vote, d’être élu et éligible, d’après Aby Diallo, est fondamental.
Cependant, fait-elle remarquer, dans notre pays, nous avons une loi sur la parité, depuis une dizaine d’années, avec des manquements dans l’application. ‘’Nous avons noté des insuffisances dans l’application de cette loi, malgré qu’il s’agisse d’une œuvre humaine et toute œuvre humaine est perfectible. Il est du devoir de l’AJS de rappeler chaque fois que la loi doit être respectée, appliquée et bien appliquée’’, préconise-t-elle. Aux yeux de Mme Diallo, les femmes concernées par cette application sont là et remplissent toutes les conditions requises pour être dans ce rôle de responsables et sont aptes à participer à la prise de décision dans toutes les structures nationales.
‘’Je crois que ce qu’il faut, c’est que les autorités institutionnelles respectent cette loi votée par l’Assemblée nationale. Elles ont également ratifié des conventions internationales qui les y obligent. Les 50% est un idéal qui est fait pour être poursuivi’’, indique-t-elle. La présidente de l’AJS pense, d’ailleurs, que la volonté existe, donc, elle estime qu’il faut la formation et le respect qui doit motiver toutes les autorités chargées de l’application de cette loi.
Zeynab Kane, membre de l’AJS, de souligner que le Sénégal s’achemine vers des échéances pas comme les autres, avec non seulement, les multiples reports, mais également, la constitution de plusieurs coalitions électorales qui, à terme, risquent de poser le problème des investitures. ‘’Dans cette situation, les femmes ne peuvent être sauvées que par la pression autour de la loi sur la parité’’. Pour son application, la juriste estime qu’il faut nécessairement une mobilisation constante de la société civile, l’existence d’une base légale et une volonté politique qui fait défaut à ses yeux.
‘’Il faut mettre la pression aux autorités étatiques’’
Zeynab Kane, qui a animé le sous thème : ‘’Enjeux de l’effectivité de la loi sur la parité aux élections locales de 2022 électives et semi-électives’’, est d’avis qu’a l’heure actuelle la remise en question de cette loi n’est pas à l’ordre du jour. En effet, dit-elle, sa remise en cause entraine, également, la remise en cause d’une disposition constitutionnelle. ‘’Le plaidoyer est qu’il y ait un accès égal aux fonctions nominatives. Il faut mettre la pression aux autorités étatiques pour dire qu’il faut respecter cette disposition constitutionnelle. Les femmes, une fois élues, vont porter des revendications au niveau macro, car, elles ne se limitent pas à l’échelle individuelle’’.
Ainsi, au terme des travaux, l’AJS et les autres organisations similaires souhaitent, non seulement, contribuer à l’effectivité de la loi sur la parité, lors des élections locales de 2022, mais également, attirer l’attention des autorités politiques, des partis et coalitions de parti, des mouvements citoyens, des femmes en politique sur la pertinence de la loi sur la parité et les enjeux liés à son application effective. Elles souhaitent, également, engager un dialogue avec les décideurs politiques sur le respect de la loi, à travers une stratégie d’application de la parité lors des élections locales.
Ces organisations de défense de droit des femmes reconnaissent, toutefois, que la loi a connu plusieurs applications, avec les élections législatives tenues en 2012 et 2017, ainsi que les élections locales de 2014. Des résultats qui ont, se réjouissent-elles, contribué à la présence de plusieurs femmes dans les instances de prise de décisions. Il s’agit de : ‘’43,3% de femmes parlementaires à la dernière législature (2017-2022), 47% de représentation féminine dans les instances de décision locale en 2014’’.
Malgré ces acquis, ces organisations craignent des risques de violation de la loi dans son esprit et dans sa lettre par la classe politique, ce qui laisse entrevoir, avertissent-elles, des soubresauts qui planent sur les prochaines élections.