Publié le 14 Sep 2023 - 16:30
‘’BRUTALITÉ MEURTRIÈRE’’ A KHOSSANTO

La coalition PCQVP réclame la libération des manifestants 

 

La répression contre les populations de Khossanto insupporte la coalition nationale Publiez ce que vous payez (PCQVP) qui réclame la libération des personnes arrêtées en marge des manifestations et la prise en charge des blessés.

 

La coalition nationale Publiez ce que vous payez (PCQVP) dénonce ‘’la répression brutale administrée aux populations de Khossanto’’, ayant occasionné deux morts, une quinzaine de blessés, dont sept dans un état assez grave, et 37 personnes interpelées et placées en garde à vue.

En effet, PCQVP ne comprend pas ‘’cette brutalité meurtrière à l’endroit de manifestants désarmés dont le seul tort a été de défendre leurs droits économiques, sociaux et environnementaux’’. ‘’La coalition PCQVP déplore le traitement inhumain que les forces de défense et de sécurité auraient imposé aux personnes arrêtées lors des manifestations. Ces dernières seraient privées de toute assistance de leurs familles. Et nous saisissons cette occasion pour exiger leur libération immédiate et sans condition. Dans un État de droit où la Constitution garantit et encadre la liberté de manifester, nous ne saurons tolérer la restriction systématique de l’espace civique accompagnée de répression sanglante avec des motifs aussi légers que le rétablissement de l’ordre public. L’ordre public ne saurait être plus important et plus sacré que la vie humaine’’, indique la coalition.

Ainsi, Dr Papa Fara Diallo, Président de la section sénégalaise de la coalition Publiez ce que vous payez, indique, dans la note parvenue à ‘’EnQuête’’, que ‘’cette attitude répressive des autorités est une violation manifeste des droits humains’’. Et ce n’est pas faute d’avoir alerté sur ‘’le caractère illégitime et impopulaire de l’arrêté préfectoral dans le département de Saraya (région de Kédougou) relatif au recrutement de la main-d’œuvre locale non qualifiée pour le compte des entreprises minières opérant dans la zone’’. Il souligne que ‘’les autorités étatiques du Sénégal n’avaient prêté aucune attention aux réserves motivées des populations locales sur la décision du préfet’’.

En effet, selon le président de la coalition PCQVP, ‘’la gestion des opportunités sociales offertes par les compagnies minières ne saurait revenir aux autorités administratives, alors que les communautés bénéficiaires disposent de mécanismes locaux acceptés de tous dans la gestion de leurs relations avec les compagnies minières’’.

L’organisation souligne, à ce propos, que le souci de l’apaisement des relations entre les différents acteurs de la gouvernance des ressources naturelles, dont l’État, les compagnies extractives et les communautés impactées, est la raison pour laquelle elle a créé des cadres locaux de concertation entre les acteurs dans toutes les zones d’extraction de la région de Kédougou. Leur objectif est de permettre ‘’de gérer dans une approche pacifique et consensuelle tous les contentieux qui ont découlé des activités des compagnies exploitant les ressources aurifères’’.

Docteur Papa Fara Diallo d’ajouter : ‘’Rien que la semaine dernière, avant les manifestations, sentant les signes avant-coureurs d’une probable confrontation, notre antenne régionale de Kédougou avait informé le préfet de sa volonté d’initier une médiation avec les acteurs communautaires (chefs de village, organisations de jeunes et de femmes) et les maires des localités concernées qui avaient déjà exprimé leur disponibilité. Malheureusement, le préfet a persisté dans sa logique autoritaire et a formellement déconseillé aux collègues de l’antenne régionale PCQVP d’initier la médiation, au prétexte que ‘’la situation était sous contrôle’’.

Le président de la coalition est, en effet, convaincu qu’une médiation ‘’aurait pu désamorcer la conflictualité latente relativement à l’arrêté préfectoral et éventuellement prévenir les événements malheureux observés aujourd’hui’’.

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Souhaitant que les tensions s’apaisent, la coalition PCQVP se félicite de la tenue du comité régional de développement (CRD) spécial conduit par le ministre de l’Intérieur et le ministre des Mines et de la Géologie. Elle espère que cela ouvrira un dialogue fécond pour une sortie de crise.

‘’Nous nous réjouissons aussi de la déclaration du ministre de l’Intérieur à l’issue dudit CRD, affirmant ‘avoir donné des instructions au gouverneur pour le recrutement de la main-d’œuvre locale non qualifiée, avec une démarche inclusive et participative’’, conformément aux revendications des communautés locales qui subissent les externalités négatives de l’industrie minière, sans réellement bénéficier des retombées positives’’, ajoute Dr Diallo.

Mais pour réellement apaiser les tensions, la coalition PCQVP demande aux autorités judiciaires d’ordonner la libération de toutes les personnes arrêtées en marge de ces manifestations. ‘’Le procureur doit ordonner l’ouverture d’une enquête libre et transparente pour élucider les circonstances de décès des deux manifestants et apporter les sanctions requises aux personnes incriminées. L’autorité administrative (le préfet) doit veiller à la prise en charge médicale correcte de l’ensemble des blessés. Le préfet doit limiter son rôle à la supervision des commissions de recrutement sans y occuper une responsabilité de direction’’, recommande l’organisation.

En outre, elle souhaite que l’État du Sénégal, à travers le ministère des Finances et le ministère des Mines et de la Géologie, s’acquitte de son obligation de rendre effectif le versement du Fonds d’appui et de péréquation instauré par le Code minier aux collectivités territoriales impactées par les opérations minières. Mais surtout, qu’il veille à ce que les compagnies rendent effectif le Fonds d’appui au développement local, conformément à l’article 115 du Code minier en vigueur.

AMADOU FALL

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