Publié le 9 Apr 2014 - 17:46
25 ANS APRÈS LES ÉVÉNEMENTS SENEGAL/MAURITANIE

 Le casse-tête des réfugiés mauritaniens

 

Les douloureux événements de 1989 ont eu comme conséquence l'arrivée massive de réfugiés mauritaniens au Sénégal. 25 après, les séquelles de cette tragédie sont toujours visibles, à travers ces 13 700 réfugiés qui peinent à trouver le chemin du retour.

Le 9 avril 1989, Diawara, petite localité du Sénégal oriental, est le théâtre d'un nouvel accrochage entre des bergers mauritaniens et des paysans Soninké sénégalais. La tension monte entre le Sénégal et la Mauritanie dont l'armée serait intervenue.

Le Sénégal demande la mise sur pied d'une commission parlementaire pour enquêter sur les conditions de l'accrochage. Ce climat délétère finit par entraîner de violentes scènes de pillages et de violences des deux côtés. Résultat : Du 21 au 24 avril, "a Dakar et à Nouakchott, les scènes de pillage ont été accompagnées d'actes de sauvagerie inouïe : corps mutilés, têtes coupées, femmes éventrées, enfants égorgés, etc.", rapporte ''Le Soleil'' du 24 avril 1989.

Avec l'aide du Maroc et de l’Algérie, les deux pays procèdent au rapatriement de leurs citoyens avant de rompre leurs relations diplomatiques, le 21 août 1989. La réconciliation officielle entre les Présidents Abdou Diouf et Ould Taya a lieu le 18 juillet 1991, en Guinée-Bissau. Pour montrer sa bonne foi, le Sénégal renonce à réclamer une rectification frontalière.

25 ans après, les séquelles de cette tragédie sont toujours vivaces à travers les centaines de réfugiés mauritaniens établis au Sénégal et qui ne parviennent pas à retourner dans leur pays d'origine. A en croire le responsable du bureau du HCR au Sénégal, Boubacar Bamba, notre pays accueille encore quelque 13 700 réfugiés mauritaniens. Ils étaient 24 000 en 2008.

Année à partir de laquelle le HCR organise des convois de rapatriement des réfugiés mauritaniens du Sénégal dans le cadre d'un accord tripartite entre l'agence des réfugiés et les deux pays frontaliers. Toujours, selon M. Bamba, le HCR, le gouvernement mauritanien et le gouvernement sénégalais achèveront de rapatrier quelque 7500 Mauritaniens en 2014.

''En ce qui concerne la population restante, le HCR facilitera le rapatriement librement consenti, à titre individuel ; dans le même temps, les réfugiés qui ne sont pas prêts à rentrer continueront de bénéficier d'une assistance dans les secteurs de la production vivrière, de l'élevage et de la pêche.

L’organisation aidera également les réfugiés à obtenir des cartes de résident et à accéder à des services juridiques''. Mais la réalité est que entre  le désir de rentrer et l'angoisse des lendemains incertains, beaucoup de réfugiés mauritaniens ont décidé de rester au Sénégal. Surtout qu’après 25 ans d'exil certains estiment avoir tout perdu.

Joint au téléphone par Enquête, Mamadou Ly, un réfugié mauritanien installé à Richard-Toll, dans la vallée du fleuve Sénégal, pense qu'il est aberrant de parler de leur retour en Mauritanie ''après tout ce temps passé au Sénégal''. ''D'ailleurs qu'est-ce qu'on va faire en Mauritanie ?'', se demande t-il.

 

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