L’atelier Training a refusé du monde
L’atelier technique sur l’employabilité, organisé hier par le Mouvement des entreprises du Sénégal (Meds), en prélude à la 24e édition du Forum du premier emploi, a vu la participation de nombreux jeunes.
L’atelier Training, en prélude au Forum du 1er emploi, organisé dans un hôtel à Dakar, a attiré un monde fou hier. Trouvé sur les lieux en train de chercher une place assise, vêtu d'un costume africain, Pape Abdou Mbow fait partie des nombreux jeunes qui ne comptent pas rater cet événement. Âgé de 32 ans, il est spécialiste en mécanique automobile. Diplômé depuis sept ans, il n’a jamais eu l'occasion de travailler dans ce secteur, ce qui l'a poussé à vendre des pièces automobiles. Venu de la région de Thiès pour assister à cet atelier, il espère trouver un job qui lui convient grâce au Forum du 1er emploi. ‘’J’ai assisté au forum de l’année dernière. J’ai vu beaucoup d'acteurs professionnels faire des interventions’’, a-t-il déclaré en évoquant l'importance de cette activité.
Pour sa part, restée debout dans la grande salle pour suivre l’atelier training, Adji Bousso a fait des études en ingénierie de conception géométrographe. Elle a soutenu son mémoire en octobre dernier et a fait des dépôts de stage dans quelques entreprises, sans suite. Ainsi, depuis qu’elle a eu son diplôme, elle n’a pas eu de stage. ‘’Ça fait deux mois. Disons, je me reposais un peu parce que c'était un peu dur de faire des études d'ingénierie’’, a-t-elle dit. ‘’Ensuite, j'ai fait des dépôts physiques et en ligne aussi, mais je n'ai pas encore eu de retour’’, a-t-elle ajouté.
Cet atelier Training est donc une opportunité pour eux d'être initiés à l'employabilité et d'être fin prêts le jour J, à savoir les 28 et 29 janvier 2025. Il a pour but de mieux outiller les jeunes diplômés en quête d'une première expérience professionnelle. C'est une occasion pour eux d'apprendre les techniques de rédaction de CV, de lettres de motivation ainsi que de nouvelles techniques de communication. Cela leur permet également de savoir gérer le stress, de réussir un entretien d'embauche et d’avoir confiance en soi, tout en gardant à l'esprit : ‘’Je suis offreur de service et non quémandeur d'un emploi.’’
‘’Avoir un emploi n'est pas chose facile dans le contexte actuel où le nombre de demandeurs d'emploi est fortement supérieur à l'offre disponible’’, selon le président du Mouvement des entreprises du Sénégal, Mbagnick Diop. Ainsi, le Forum du premier emploi s'inscrit dans une volonté de juguler l'épineux problème du chômage des jeunes, en particulier les diplômés et les ouvriers spécialisés. L’atelier Training préparatoire du forum est un événement organisé chaque année dans une stratégie globale afin de permettre aux jeunes d'acquérir certaines connaissances indispensables dans les techniques de recherche d'emploi avant de faire face aux potentiels recruteurs.
‘’Cette rencontre est assurément devenue l'événement phare, le plus grand rassemblement de jeunes diplômés de notre pays, en quête d'un premier emploi, quelle que soit la forme : CDD, CDI, stage ou auto-entrepreneuriat, et cela depuis 24 longues années. La qualité des ressources humaines, le capital humain et l'efficacité dans l'organisation sociale sont devenus des éléments déterminants à la croissance économique’’, a soutenu Mbagnick Diop.
‘’Le Sénégal est confronté au problème de l'emploi des jeunes qui affecte les sociétés. Le chômage, notamment celui des jeunes, est aujourd'hui indéniablement le plus grand défi auquel nos pays sont confrontés’’, a-t-il ajouté. Il souligne que la jeunesse est un grenier de créativité et un silo de ressources humaines, et que l'emploi est pour elle à la fois une aspiration légitime et un droit fondamental. Agir pour lui faire bénéficier de recrutements dans les services privés comme publics et disposer de financements pour les projets novateurs est donc un des objectifs du forum du 1er emploi.
En dépit de tous les efforts des gouvernements successifs avec plusieurs programmes et projets, le niveau du chômage demeure élevé, selon Mbagnick Diop. ‘’Le taux de croissance économique de notre pays ne permet pas encore de dégager assez de postes de travail pour recevoir tous les jeunes diplômés qui, chaque année, aspirent à leur premier emploi. Cette situation est rendue complexe par la jeunesse de notre population et par le manque de qualification de beaucoup de demandeurs d'emploi’’, a-t-il dit.
Pour y faire face, il estime qu’il faut faire preuve d'imagination et de courage, et être armé d'un puissant esprit de créativité. ‘’Nous devons identifier et repérer toutes les niches où gisent des emplois ; nous devons opérer des innovations utiles à tous les niveaux ; nous devons repenser notre environnement économique ; nous devons réformer notre système de formation et l'adapter aux besoins des entreprises’’, a dit Mbagnick Diop, soulignant que le chômage des jeunes, en particulier celui des diplômés, reste criant.
Le contexte actuel de l'exploitation de pétrole et de gaz impose la prise en charge de nouveaux métiers qui émergent et qui offrent d'immenses opportunités de travail. Le Meds magnifie dans cette dynamique la mise en place de l'Institut national de pétrole et de gaz (INPG) et les autres chaînes de valeur créées à cet effet. Il note qu’il faut, en permanence, adapter les filières, le contenu des enseignements et les curriculums pour offrir aux diplômés le maximum de chances d'accéder à une activité professionnelle qui cadre avec leur profil.
En particulier, la nécessité de promouvoir le développement des PME-PMI est aussi évoquée. Ces dernières constituent aujourd'hui les principaux vecteurs de développement et les principaux espaces de création d'emplois, d'après le Meds.
Politiques de promotion de l'emploi
Après avoir rendu hommage à Mbagnick Diop, le ministre de l’Emploi, du Travail et des Relations avec les institutions, Karim Cissé, lui tend la main ainsi qu'à l'ensemble du secteur privé sénégalais pour travailler avec les structures de l'État, dans le cadre de la mise en œuvre des politiques de promotion de l'emploi à travers le pays, afin de vaincre la pauvreté et l'oisiveté dans les quartiers, villages et maisons.
‘’Dans le document référentiel pour 2050, le Sénégal, avec un score IDH (Indice de développement humain) de 0,511 (selon le PNUD) et un rang de 170e au plan mondial, se place derrière la Côte d'Ivoire (159e avec 0,550), le Togo (166e) et le Bénin (166e). Cela ne répond pas aux préoccupations sociales internes, notamment sur les indices du chômage, de la santé et de l'éducation ainsi que de la formation professionnelle et technique’’, a soutenu Karim Cissé.
Ainsi, pour lui, ‘’les défis du gouvernement sénégalais pour l'emploi et la protection sociale sont très élevés, mais sans nul doute pas insurmontables grâce à la volonté commune de tous les acteurs, politiques, économiques et sociaux’’.
Pour sa part, le président du Haut conseil du dialogue social affirme que vaincre le chômage est devenu une obligation sociétale pour l'État et les entreprises. Ainsi, Mamadou Lamine Dianté déclare : ‘’PNDJ 2025-2029, le Programme national de développement de la jeunesse, qui devient ainsi le référentiel de l'État et du secteur privé pour l’employabilité et l'emploi des jeunes, sera l'affaire de tous !’’ Aux jeunes, il les invite à s'approprier des outils pédagogiques que leur offre l'atelier Training.
BABACAR SY SEYE