Les femmes cassent la baraque
60 % des artistes devant prester à la 27e édition du Festival international de jazz de Saint-Louis sont des femmes. Les organisateurs ont décidé de les célébrer, au cours de cette session ouverte, vendredi soir et qui se poursuit jusqu’au mercredi 1er mai.
Qu’on le dise ou non, les femmes, comme dans bien d’autres secteurs, sont stigmatisées dans le milieu musical. Les organisateurs de la 27e édition du Festival international de jazz de Saint-Louis, qui s’est ouverte vendredi soir à la place Faidherbe et court jusqu’au 1er mai, ont décidé de les célébrer. ‘’Les femmes seront présentes dans tous les groupes musicaux attendus à ce festival. Il y en aura d’autres essentiellement constitués de femmes’’, renseigne le président de l’association Saint-Louis Jazz, Me Ibrahima Diop, organisateur de cet évènement. Il s’agit ici de 60 % des artistes invités. Lors de l’ouverture officielle, le guitariste, arrangeur et compositeur luxembourgeois, David Laborier, a été le premier à se produire sur la scène. Malgré le froid qui régnait à la place Faidherbe, le public est resté jusqu’à la fin de son spectacle.
Après son succulent passage, la Suissesse Veronika Stalder a assuré le spectacle. Dans sa tenue patchwork, elle a livré un show de haute facture, servant au public une musique plus que rythmée. Elle a fait danser l’assistance qui l’a chaleureusement applaudie, après chaque morceau et n’a pas manqué d’en redemander quand elle a annoncé la fin. Le titre ‘’Thiaroye’’ qu’elle a joué constitue l’apothéose de cette soirée. Les notes ressemblent beaucoup à celles du mbalax. C’est donc peu de dire qu’elles étaient très entrainantes.
Hommage au défunt bassiste sénégalais Habib Faye
Samedi, deuxième jour du festival, c’est une grande dame qui a donné le la de la soirée. Epoustouflant ! C’est le peu qu’on puisse dire sur son spectacle. Manu Gallo, cette bassiste ivoirienne de talent, a tenu en haleine le public de Saint-Louis. Elle a tenu à rendre hommage au défunt bassiste sénégalais Habib Faye. Il y a un an, disparaissait, en effet, cet artiste de talent. C’était à la veille du festival de jazz. Naturellement, beaucoup d’hommages lui ont été rendus l’année dernière, lui qui était toujours à ce rendez-vous culturel et qui participait même au plateau Off de l’Institut français qui reçoit, depuis quelques années, l’initiative ‘’Autour de minuit’’. C’est un plateau qui réunissait Habib Faye et le joueur de Kora Ablaye Cissoko.
Cette année, la bassiste ivoirienne a été celle qui l’a célébré sur la scène In. Ce n’est pas fortuit. Ses premières leçons, c’est Habib Faye qui les lui a données. ‘’Habib Faye était un grand musicien. Il me conseillait et m’a donné l’amour de cet instrument. Humainement, il était quelqu’un de formidable. L’Afrique a perdu un très grand musicien. Il m’a expliqué, à mes débuts, c’était quoi les notes musicales et comment travailler la basse. Donc, je me dis qu’on aurait pu faire des projets ensemble’’, a partagé la guitariste.
Après l’avoir vu sur scène, l’on ne peut douter que si Habib Faye était, ils auraient pu faire quelque chose ensemble, parce qu’elle est juste majestueuse. Ce qui ne découle pas du hasard. Elle a travaillé dur pour être à ce niveau. Elle est restée en hibernation pendant huit ans. ‘’C’est grâce à cela que j’ai pu faire ce que j’ai fait ce soir’’, a-t-elle souri. Il est rare de voir des femmes jouer un instrument aussi ‘’lourd’’ que la basse. Mais il y en a qui, comme Manou Gallo ou encore Mah Keita avec laquelle la première cité a fait un beau duo sur scène, arrive à dompter cet instrument. ‘’Il y a beaucoup de divas en Afrique. Il y a de très grandes chanteuses, de très grandes danseuses, mais il faut des women power, des musiciennes. On ne vient pas pour jouer des notes. Il nous faut maitriser les instruments et les jouer. C’était mon rêve depuis toute petite’’, a-t-elle indiqué.
Aujourd’hui, elle a de quoi être fière d’elle. Elle avait déjà sorti trois albums et un quatrième est disponible sur le marché depuis 6 mois. C’est d’ailleurs grâce à ce dernier qu’elle a pu participer au 27e Saint-Louis Jazz. Elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. ‘’Je suis sur les routes’’, a-t-elle chantonné. Elle n’y est pas seulement pour faire découvrir sa musique, mais aussi pour porter le message de l’Afrique positive. ‘’On va défendre et continuer à parler de l’Afrique, de montrer notre image, celle des femmes courageuses et des hommes courageux. Il faut arrêter de montrer cette image de l’Afrique qui pleure tous les jours’’, a-t-elle lancé sur un ton optimiste.
A la suite de l’Ivoirienne, l’Espagnole Nancy Ruth est montée sur scène. Elle a maintenu le niveau et a su faire plaisir aux festivaliers.
B. BOB (Envoyée spéciale à Saint-Louis)