Un bilan économique et social mitigé
Au moment où les gens sont occupés par le référendum du 20 mars prochain, la Fondation Rosa Luxembourg s’intéresse au bilan du Président Macky Sall qui est à sa quatrième année au pouvoir. 4 ans de Yoonu yokkute teinté d’un Plan Sénégal Émergent. Comparé au régime précédent, l’économiste Demba Moussa Dembélé constate ‘’qu’il y a plus de continuité que de ruptures’’. Henriette Faye trouve ‘’louables’’ les initiatives qui ont été apportées en matière de politique sociale.
‘’4 ans après : quel bilan économique et social pour le régime du Président Macky Sall ?’’ C’est à cet exercice que se sont attelés l’économiste Demba Moussa Dembélé et Henriette Faye, lors du dernier ‘’samedi de l’économie’’ organisé ce week-end, à la maison de la Culture Douta Seck. Mais s’il fallait donner une note au bilan de Macky Sall depuis son accession à la magistrature suprême, on pourrait dire qu’il n’aurait pas la moyenne. Car, même si les nouvelles autorités ont toujours chanté la ‘’rupture’’, l’économiste note ‘’qu’il y a plus de continuité que de ruptures’’. Pour M. Dembélé, rien n’a changé dans la relation entre l’État et les institutions internationales. Le train de vie de l’État reste encore élevé, malgré les incantations des nouveaux tenants du pouvoir.
Toujours dans cette continuité avec les pratiques de l’ancien régime et au-delà, l’économiste à la Fondation Rosa Luxembourg note que les politiques économiques et sociales du pays restent toujours influencées par le Fonds monétaire international (Fmi) et la Banque mondiale. Le Sénégal est toujours sous le diktat de ces institutions. La preuve, dit-il, ‘’ce sont les honneurs qui ont entouré la visite de la directrice générale du Fmi Christine Lagarde à Dakar’’. Ces institutions, fait savoir Demba Moussa Dembélé, imposent à l’État des réformes à mener. Le coordonnateur du M23 abonde dans ce sens. Pour Mamadou Mbodj, c’est le Fmi et les autres bailleurs de fonds qui demandent à l’État de geler les recrutements, de faire baisser la masse salariale. Cette nouvelle politique n’est pas sans conséquences, car dans les écoles, le manque criard de professeurs, surtout dans les disciplines scientifiques, reste encore une réalité. ‘’Si on continue avec ce diktat du Fmi, il y aura moins d’écoles, moins de professeurs et d’élèves. Il faut poser des actes pour sauver l’école sénégalaise’’, avertit M. Mbodj.
Financement de l’économie
Toutefois, si Macky Sall obtient quelques points de Demba Moussa Dembélé, c’est surtout dans le financement de l’économie, l’assistance aux entreprises en difficultés tels que la Suneor, Transrail et tout dernièrement la Société de conserverie en Afrique de l’Ouest (Scasa). En 2016, le budget du Sénégal est arrêté à 3022 milliards de F Cfa, ce qui est, aux yeux de l’économiste, ‘’un record important’’. Surtout que, dit-il, il sera financé à hauteur de 82% par des ressources internes. En valeur absolue, les ressources internes sont estimées à 2 490 milliards de F Cfa.
Sur le plan de la politique sociale, le nouveau régime a apporté beaucoup d’initiatives. Parmi ces dernières, Henriette Faye de la Fondation Rosa Luxembourg cite les bourses de sécurité familiale qui visent à soutenir, tous les trois mois, les familles les plus pauvres, la couverture maladie universelle, la baisse de la fiscalité sur les salaires, la baisse du loyer… Autant d’initiatives qu’elle trouve ‘’louables’’. Toutefois, en matière d’emplois, le gouvernement actuel est loin de satisfaire sa promesse de 500 000 emplois. Henriette Faye informe que, selon des données des autorités, seuls 60 000 emplois ont été créés dans le secteur public, même si elle ignore le pourcentage créé dans le privé.
Des caisses noires partout, selon Mamadou Mbodj
Le ‘’samedi de l’économie’’ de ce week-end a également été une tribune d’expression du mal-être que le Sénégal est en train de vivre. ‘’La gouvernance sobre et vertueuse’’, Mamadou Mbodj ne l’a pas sentie. Au contraire, il voit des caisses noires partout, avec des milliards de F Cfa, des agences nombreuses où on donne des salaires faramineux à certains privilégiés. Le contraste entre riches et pauvres devient plus apparent. Là où des professeurs, avec un niveau bac plus 4 ou 5 peinent à joindre les deux bouts, déplore-t-il, des privilégiés sans diplômes roulent avec des 4x4 ; des transhumants politiques sont casés au Conseil économique, social et environnemental(CESE) ; des remises gracieuses sont accordées à des gens qui sont déjà riches en milliards de F Cfa.
ALIOU NGAMBY NDIAYE