L’art urbain au service du questionnement identitaire noir
Le ‘’Doxadem Squad’’ repeint, cette année encore, la ville aux couleurs bariolées de son art engagé avec la tenue, du 10 au 19 avril, de la 6e édition du Festival international de Graff en Afrique/Sénégal (FESTIGRAFF). Art et militantisme vont donc faire plus en se mettant au service du questionnement identitaire, sous le parrainage ‘’spirituel’’ de Cheikh Anta Diop.
Le Festigraff, qui en est actuellement à sa sixième édition, cherche à sensibiliser et promouvoir l’art urbain et particulièrement le graffiti auprès du public africain. Pour ce faire, le ‘’Doxandem Squad’’, association derrière cet évènement, réalise notamment d’immenses fresques en graffiti chaque année, lesdites installations pouvant être admirées un peu partout à travers la capitale, à l’exemple de celle ornant le mur d’enceinte du stade Demba Diop.
Célébrant cette année l’atteinte d’un certain degré de maturité, le Festigraff a choisi de s’articuler pour la présente édition autour du thème du questionnement identitaire en Afrique noire. À cette occasion, Cheikh Anta Diop, le célèbre anthropologue sénégalais, a été choisi par les organisateurs pour parrainer ‘’en esprit’’ les réjouissances. Plusieurs activités sont ainsi prévues à travers 6 sites dont, bien sûr, un village du festival installé à la Maison de la Culture Douta Seck jusqu’au 19 avril. En tout, ce sont 50 artistes internationaux et une pléthore de locaux qui vont contribuer à faire de Dakar la capitale mondiale de graff pendant 10 jours, attirant plus de 1 200 visiteurs par jour.
Au programme du graffiti, mais aussi de la dance, du Slam (un concert est prévu le 17 à l’Institut français), des expositions, de la promotion de streetwear*, des conférences, des workshops et bien d’autres activités culminant en une grande soirée de gala intitulée ‘’nuit du graff’’ et organisée à la Biscuiterie de la Médina le 18 avril.
Outre son côté festif, le Festigraff souhaite attirer l’attention des autorités, à travers l’art du graffiti, sur la nécessité de protéger l’environnement des villes du Sénégal par la réalisation de fresques ayant lien avec l’histoire locale, l’idée étant de revaloriser le cadre urbain par le nettoyage et l’embellissement des lieux les plus insalubres de la ville. Il pose ainsi le débat sur les problèmes liés à l’environnement et à la santé, ce qui fait du Festigraff l’un des évènements culturels les plus « engagés » du pays.
*Streetwear : vêtements urbains.
Sophiane Bengeloun