‘’Le président Macky Sall n’est pas préoccupé par sa réélection mais…’’
Le président de la République est plus préoccupé par l’émergence du pays que par sa propre réélection à la prochaine présidentielle. L’affirmation est du porte-parole adjoint de l’Alliance pour la République. Selon Abdou Mbow, seuls des résultats concrets peuvent aujourd’hui permettre à Macky Sall de rempiler à la tête du pays. Dans cet entretien avec EnQuête, le 4ème vice-président de l’Assemblée nationale revient sur le septième anniversaire du parti présidentiel qui va être, selon lui, célébré dans la sobriété.
Votre parti, l’Alliance pour la république, célèbre son septième anniversaire. Comment comptez-vous célébrer cet évènement ?
Je voudrais d’abord rendre grâce à Dieu qui nous a permis de célébrer la septième année de notre parti, l’Alliance pour la république (l’Apr). Mais nous ne sommes pas dans le folklore, ni dans le populisme encore moins dans les festivités. Ce qui nous intéresse, c’est de travailler pour l’émergence du pays.
En termes de bilan, que pouvons-nous retenir du cheminement du parti, de sa structuration et de sa massification ?
Le parti a un bilan positif. Il a, avec la coalition Macky 2012, amené le président de la République à la magistrature suprême et gagné les élections législatives de 2012 et locales de 2014. Donc nous ne pouvons dire autre chose que : nous avons un bilan positif.
Est-ce qu’aujourd’hui l’Apr, en tant que parti politique qui gère le pouvoir, est bien ancré à l’intérieur du pays ?
Notre ancrage n’est plus à démontrer parce qu’on est parti aux élections législatives et locales et on a gagné. Nous sommes aujourd’hui la première force politique au Sénégal. Cela s’est démontré sur le plan des résultats que nous avons réalisés lors des dernières élections législatives et locales. Je pense que cela est un bilan positif. Maintenant cela n’enlève en rien que nous devons travailler davantage à massifier le parti, à organiser davantage les structures au niveau des localités pour que le parti puisse continuer à être la première force politique au Sénégal. Notre objectif est de travailler à ce que le président de la République puisse être élu au premier tour de la prochaine élection présidentielle.
Pensez-vous que l’Apr est suffisamment fort pour conserver le pouvoir comme le veut le Président du parti ?
Le président de la République est plus préoccupé par l’émergence du pays que par sa propre réélection à la prochaine présidentielle. Mais cela ne doit pas nous empêcher de travailler davantage à la massification du parti. Le président de la République est un homme de terrain qui croit aux structures et à la base du parti. C’est vrai qu’il y a des efforts qui restent à être faits. Il ne faut pas le nier, il y a encore des choses qui ne marchent pas et je pense que les responsables sont assez conscients pour savoir que pour gagner des élections, il faut aller à la base pour rencontrer les militants et massifier davantage le parti. C’est pourquoi nous devons travailler davantage à soigner cette image, pour que les Sénégalais puissent épouser la logique que le président de la République a toujours prônée : c’est-à-dire gouverner de manière sobre et vertueuse.
Le leader de Rewmi, Idrissa Seck, a récemment peint un tableau sombre de la situation économique et sociale du pays. Que pensez-vous de cette sortie ?
Idrissa Seck est victime de ses propres turpitudes. Depuis 2007, il ne cesse de dégringoler sur le plan des suffrages. Il faut aller vérifier ses résultats à Thiès et au niveau national. Il avait 14 ou 15% de suffrages en 2007 ; il est descendu à 7% en 2012. A Thiès, il gagnait toute la région, aujourd’hui il n’a gagné que la commune. Donc Idrissa Seck n’a qu’à s’en prendre à lui-même. Il ne peut pas dire du bien du président Macky Sall. C’est quelqu’un qui se contredit. Je me rappelle entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2012, on était parti le voir dans le cadre des consultations avec les autres candidats, il avait dit à Macky Sall : ‘’Je devrais apprendre de ton humilité.’’ A Touba, il dit totalement le contraire de ses déclarations. Quand on parle d’énervement, de quelqu’un qui crie sur ses collaborateurs, de quelqu’un d’arrogant, Idrissa Seck ne peut pas être épargné. Je pense que ses déclarations sont un procès d’intention. Il n’a pas de leçon de morale à donner au président Macky Sall.
Le lieu où il a fait la déclaration montre qu’il n’est plus écouté dans ce pays. C’est pourquoi il profite de l’audience des cérémonies religieuses comme le Gamou, le Magal, la Tabaski ou la Korité pour essayer de critiquer le président de la République. Il n’a pas un problème avec le président Macky Sall ou avec les Sénégalais, il a un problème avec la fonction présidentielle. Pour lui, il n’y a que lui qui est né pour être président alors que le Président Macky Sall l’a dépassé de très loin. Aujourd’hui, il devrait plutôt travailler à mieux gérer le Conseil départemental de Thiès parce que celui qui ne peut gérer une telle institution ne peut pas gérer un pays. Je parle en connaissance de cause parce que je suis conseiller départemental à Thiès. Idrissa Seck avait dit au vu et au su de tout le monde qu’il ne resterait plus jamais plus de dix jours à l’étranger. Depuis des mois il ne vient pas au Conseil départemental, il ne gère absolument rien et ne vient même plus à Thiès. Je pense que cette personne doit plutôt se taire.
L’Assemblée nationale a été récemment secouée par une crise née de la bataille pour le contrôle du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates. La situation est-elle aujourd’hui revenue à la normale ?
Vous-mêmes vous avez vu que nous sommes en train de travailler calmement. L’Assemblée nationale n’a pas été en crise. C’est un parti qui, de crise en crise, a eu encore une crise qu’il a essayé de déplacer à l’Assemblée. La crise, c’est au niveau du Parti démocratique sénégalais dès lors que c’étaient des responsables de ce parti qui se disputaient le groupe parlementaire libéral. Ils ont voulu transposer leur problème au sein de l’hémicycle. Ce que nous n’avons pas accepté. C’est pourquoi nous avons pris toutes les dispositions pour que le travail parlementaire puisse se dérouler calmement et normalement. Parce que personne ne peut aujourd’hui bloquer le travail parlementaire.
Donc on peut dire que la situation est redevenue à la normale ?
Le travail est en train de se faire convenablement. Présentement (NDLR : hier), il y a le ministre de la justice qui passe et s’il plaît à Dieu, d’ici au 11 décembre prochain, on va terminer le vote du budget. On a déjà terminé les commissions techniques, les commissions de finance et là, on est au niveau des plénières. Certains membres de l’opposition viennent et ceux qui ne veulent pas ne viennent pas. Et cela montre qu’ils ne sont pas là pour l’intérêt des populations mais pour des intérêts personnels. Ceci est déplorable. Il y a aujourd’hui des personnes qui travaillent pour que le calme revienne au sein de cette formation politique, je ne dirais pas l’Assemblée nationale. Je prie pour que la raison revienne au sein de ce parti pour qu’on puisse travailler calmement dans ce pays. Certes on a besoin d’un pouvoir qui gouverne mais aussi d’une opposition pour crédibiliser davantage la démocratie sénégalaise.
Le président Moustapha Niasse s’est récemment insurgé contre l’absentéisme des députés et a même promis de sévir si cela continuait. Qu’en pensez-vous ?
C’est son rôle en tant que président de l’Assemblée nationale de s’insurger contre cela. Ma position par rapport à cette situation est très claire. Toute personne qui est investie d’un mandat, qu’elle soit député ou président de la République, doit assumer pleinement son rôle. Parce que même le fonctionnaire qui est dans une administration doit pleinement jouer son rôle à plus forte raison un député qui est élu par les populations. Les députés doivent davantage travailler et venir à l’Assemblée nationale pour assumer leur rôle. Le président Moustapha Niasse a parlé de sanction mais je pense qu’on n’en est pas encore là.
Moustapha Niasse a-t-il un pouvoir de sanction sur un député absentéiste ?
C’est le bureau de l’Assemblée nationale qui a un pouvoir de sanction sur un député. Mais on n’en est pas encore là.
Est-ce que les députés viennent comme le souhaite le président Niasse ?
Ils viennent. Si on n’avait pas le quorum, on n’allait pas continuer à travailler. Depuis le début de la législature, on n’a jamais bloqué le fonctionnement de l’Assemblée nationale à cause de l’absentéisme des députés.
PAR ASSANE MBAYE ET HABIBATOU TRAORE (STAGIAIRE)