Le Sénégal un modèle dans la sous-région
La problématique de l’absorption des financements du Fonds mondial dans la lutte contre le paludisme, la tuberculose et le VIH, se pose avec acuité en Afrique de l’Ouest et du Centre. Même si le Sénégal est un bon exemple par rapport à d’autres pays de l’Afrique francophone. Actuellement, 444 milliards F Cfa sont encore à prendre pour ces pays.
Une consultation régionale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre sur un meilleur impact des programmes financés par le Fonds Mondial pour la lutte contre le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme, est organisée à Dakar, afin d’analyser la capacité d’absorption de financement de 11 pays francophones, dans la mise en œuvre de leurs programmes. Selon la responsable du portefeuille Fonds Mondial Sénégal, Viviane Lanier, la moyenne globale du taux d’absorption du pays est de 80%. ‘’Il y a un portefeuille actuel actif de 65 millions d’Euros pour les trois maladies, ainsi que le renforcement du système de santé, avec 7 entités de mise en œuvre. Actuellement, la moyenne globale est environ de 80%. Mais, lorsqu’on parle d’absorption, il faut prendre en considération qu’il y a beaucoup de subventions, de programmes qui ont juste démarré. Donc, on doit être très vigilant, s’assurer qu’on peut maintenir ensemble un bon taux d’absorption. Quand on parle de 80%, il y a encore 20% possible d’amélioration’’, souligne-t-elle.
Mme Lanier soutient que le Sénégal est un très bon exemple dans la sous-région, en termes de taux d’absorption, mais aussi programmatique. Toutefois, ajoute-t-elle, il y a des choses à parfaire. Il s’agit surtout de la planification des activités, mais aussi, tout ce qui est passation de marchés, parce que dans les subventions du Fonds mondial, il y a des médicaments, du matériel, des réhabilitations de poste de santé. ‘’Donc il faut s’assurer d’avoir tout cela rapidement, pour que les populations puissent en bénéficier’’, lance-t-elle.
Si pour le Sénégal le taux d’absorption ‘’est bon’’, au niveau global (Afrique de l’Ouest et du centre), le gap à combler est énorme. ‘’Cette conférence est une continuation d’une première qu’on a menée à Abidjan, il y a une année. On a fait une analyse concernant ce que les pays reçoivent comme investissement du Fonds Mondial dans la lutte contre les trois maladies. On a constaté que sur le plan de la mise en œuvre, les résultats atteints, entre l’année dernière et maintenant, ainsi que l’absorption du financement du Fonds mondial, n’ont pas beaucoup avancé’’, a renseigné la responsable régionale Afrique de l’Ouest, Tina Draser.
Près de 444 milliards laissés sur la table
En outre, l’objectif de cet atelier de consultation est d’identifier encore les gaps dans la mise en œuvre, afin d’intensifier le travail pour atteindre de bons résultats à la fin de la période d’investissement (fin 2017 et mi-2018). ‘’Près de 800 millions de dollars (soit 444 milliards) sont laissés sur la table. Le taux d’absorption est entre 37 et 39%, en moyenne’’, a-t-elle soutenu. Cette situation, selon elle, se justifie du fait que les systèmes de santé, dans la plupart des pays, ne sont pas très performantes pour pouvoir absorber cet argent ou pour pouvoir mettre en œuvre les plans de mise en œuvre et les projets de passation à l’échelle, dans un délai assez court.
Le chef d’équipe pour la région Afrique Centrale, Cathy Fall Sow, indique qu’il y a des facteurs exogènes qui sont hors de contrôle des programmes chargés de la mise en œuvre. ‘’Ces deux dernières années, il y a eu énormément de processus électoraux. Le lien avec ça, c’est le changement au niveau des gouvernements, des ministères de la Santé et des équipes de gestion. Cela a un impact sur la mise en œuvre. Il y a également toute la question de la crise Ebola qui a affecté la Guinée, le Liberia et le Mali et qui a eu un impact sur l’absorption des financements’’, explique Mme Sow.
Également, il y a des facteurs internes liés à la préparation des démarrages, des subventions, à l’identification des agents de mise en œuvre, à la contractualisation des agents. ‘’On a des processus de passation des marchés qui sont relativement lourds, dans l’administration publique. Il va falloir trouver des moyens d’aller plus vite. C’est un énorme défi’’, conclut-elle.
VIVIANE DIATTA