« J’ai mis en place un plan triennal pour rééquiper l’orchestre »
Le 59ème anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale a été fêtée à Diourbel avec un cachet populaire. Outre le défilé, le public a eu droit à une prestation de l’orchestre national qui a animé la soirée de gala organisée dans les locaux de la gouvernance. Auparavant, les futurs membres de l’orchestre communal de Diourbel ont bénéficié, pendant trois jours, d’une formation pratique sur la chanson, le maniement de la guitare, entre autres. Dans cet entretien le chef de l’orchestre national revient sur les projets qu’il compte mettre en place ainsi que les orchestres communaux.
Qu’est-ce-qui explique les raisons de ce déplacement à Diourbel ?
On démarre une 1ère expérience. C’est la mise en place prochaine d’un orchestre communal dans la commune de Diourbel. Dans les missions de l’orchestre national, il est institué d’accompagner les jeunes talents dans tout le territoire national. A Diourbel, il y avait déjà une première expérience avec l’achat d’un matériel. En partageant avec la directrice du centre culturel, j’ai dit : il faut démarrer par ici, notamment avec la présence de Alioune Ndiaye (qui est un grand prix du chef de l’état pour les arts). Il est sociétaire de l’orchestre national et avait remporté en 1999 le grand prix du chef de l’Etat pour la musique traditionnelle. C’est aussi pour donner une occasion à ces jeunes talents de bénéficier d’expériences de grands musiciens au niveau de la guitare, de la batterie et du piano.
Deux jours de formation est-ce suffisant ?
C’est une première étape et cela peut continuer et durer quatre jours, avant demain le 05. Mais, dans six mois, nous allons revenir pour renforcer, de nouveau, les capacités des personnes déjà formées.
L’orchestre national, on ne l’entend pas ni ne le sent dans les régions. Pourquoi ?
C’est un orchestre qui appartient à l’Etat du Sénégal. Il a connu son histoire, parce qu’il est là depuis 1982. Il avait une mission de vulgariser les patrimoines, d’animer les soirées de gala autour du chef de l’Etat et de toutes les autorités qui visitaient le Sénégal. Mais comme toute structure, l’orchestre national a connu ses hauts et ses bas. Je suis là depuis moins d’un an. C’est pourquoi, je me déploie pour aider les jeunes talents, avec les besoins de formation. Au lieu de les déplacer jusqu’à Dakar, je viens avec les pensionnaires de l’orchestre vers eux.
Justement durant ces soirées de gala, les autorités font appel à des privés. N’est-ce-pas frustrant ?
Il n’y a pas que l’Etat. Nous, on n’est pas un orchestre commercial, on n’est pas dans la concurrence, on est plus dans la valorisation du patrimoine culturel, l’accès à la culture pour les plus démunis. Je viens de Hamady Ounaré, dans la région de Matam. Nous, on fait des concerts de musique gratuits. On n’est pas dans cette démarche privée. L’Etat aussi, pour aider les groupes privés, leur offre une occasion de contrat beaucoup plus important, du point de vue financier. Eux, ils ont des charges, alors que l’orchestre national est composé de fonctionnaires et de contractuels payés par l’Etat du Sénégal.
Quelles sont les difficultés que vous avez notées au niveau de l’orchestre national ?
J’ai mis en place un projet de relance de l’orchestre qui a connu son apogée. Il y a eu une période de baisse. Moi, j’ai mis en place un plan triennal pour rééquiper l’orchestre, pour construire un espace approprié, pour acheter du matériel et essayer de mettre en place ce projet d’orchestre communal dans toutes les communes du Sénégal. A mon avis, c’est le territoire communal qui est plus pertinent, mais cela va se faire à la demande des autorités locales.
Boucar Aliou Diallo (diourbel)